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on - Tue at 11:45 AM -
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Le Sénégal fait face à une raréfaction alarmante de sa ressource halieutique, un phénomène aux conséquences écologiques, économiques et sociales dramatiques.
La dégradation des écosystèmes marins, combinée à des pratiques de pêche destructrices et à une surexploitation chronique, plonge le secteur dans une crise. Au cœur du problème se trouve la dégradation de l’environnement marin. La pollution, notamment les déchets plastiques et les eaux usées non traitées, étouffe les écosystèmes côtiers, réduisant la qualité de l’eau.
L’érosion accélérée des littoraux, aggravée par le réchauffement climatique et l’extraction de sable, détruit les habitats naturels indispensables à la vie marine. Un des écosystèmes les plus touchés est la mangrove. Véritable maternité pour de nombreuses espèces, elle accueille juvéniles poissons, crevettes et mollusques, leur offrant protection et nourriture.
Or, la déforestation des mangroves pour le bois ou l’urbanisation anéantit ce refuge vital, compromettant durablement le renouvellement des stocks. Les pratiques destructrices continuent et jouent un rôle néfaste. Malgré leur interdiction, des méthodes telles que la pêche à la dynamite persistent. Ces explosions tuent massivement poissons adultes et juvéniles, détruisent les récifs coralliens et réduisent à néant des zones entières d’habitat marin. Le gaspillage qui s’ensuit aggrave encore la crise.
Par ailleurs, le non-respect du repos biologique, période d’interdiction temporaire de pêche destinée à protéger la reproduction, fragilise davantage les populations de poissons. La pression économique, le manque de contrôle et la pêche illégale et clandestine empêchent souvent l’application de cette mesure essentielle.
UNE SUREXPLOITATION QUI EPUISE LA MER ET CONTRIBUE A LA PERTE D’EMPOIS
La flotte de pêche artisanale sénégalaise subit la concurrence des flottes industrielles, locales et étrangères. La surcapacité de cette flotte dépasse largement la capacité naturelle de reconstitution des stocks. La pêche Illicite, Non déclarée et Non réglementée (INN) accentue ce phénomène.
Par ailleurs, la demande internationale pousse à l’exportation accrue des espèces à haute valeur, privant les marchés locaux. Les pêcheurs rapportent de moins en moins de captures, s’aventurant toujours plus loin en mer et supportant des coûts accrus. La biodiversité locale s’appauvrit et certaines espèces disparaissent progressivement.
Sur le plan socio-économique, cette situation menace des milliers d’emplois, fragilise la sécurité alimentaire et alimente les tensions, notamment entre pêcheurs artisanaux et industriels. Des solutions urgentes sont à mettre en œuvre pour la survie de la ressource et de la pêche.
Pour briser ce cercle vicieux, il est impératif de renforcer les contrôles et sanctions contre la pêche illégale et les méthodes destructrices. La gestion communautaire, à travers les Aires Marines Protégées (Amp) gérées localement, doit être valorisée. Le développement de l’aquaculture durable peut réduire la pression sur les pêcheries en mer.
Enfin, une sensibilisation accrue à l’importance du repos biologique et de la protection des habitats naturels, ainsi qu’une coopération régionale renforcée, sont des leviers indispensables pour préserver cet héritage vital. Le Sénégal se trouve à un tournant décisif : préserver sa ressource halieutique nécessite une action ferme, concertée et urgente, afin d’assurer un futur durable pour ses pêcheurs, son économie et sa biodiversité marine.
Samba Niébé BA
L’article Crise de la pêche au Sénégal : un cercle vicieux menace la ressource halieutique est apparu en premier sur Sud Quotidien.