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Mbour, ancienne bourgade de pêcheurs devenue pôle urbain en pleine expansion, est aujourd’hui confrontée à l’un des fléaux caractéristiques des villes en croissance rapide : les embouteillages chroniques. Chaque matin et chaque soir, les artères de la ville, de la sortie de Saly au carrefour de Warang, du rond-point de Thiocé à l’axe Mbour–Ngaparou, se retrouvent saturées. Le phénomène n’épargne plus aucun quartier. Résultat : des heures perdues dans les bouchons, une pollution atmosphérique en hausse, des tensions nerveuses palpables et une économie locale ralentie.
Une urbanisation galopante, une planification à la traîne
L’agglomération mbouroise a connu, ces deux dernières décennies, une croissance démographique impressionnante. Entre les communes de Mbour, Saly, Nianing, Ngaparou, Somone et leurs extensions rurales, la population dépasse largement les prévisions initiales des schémas d’aménagement. Les constructions ont envahi les axes, les ronds-points ont proliféré sans coordination, et les infrastructures routières n’ont pas suivi le rythme.
À cela s’ajoute la forte attractivité touristique de la Petite Côte, la montée en puissance de nouveaux pôles économiques (zones industrielles, complexes hôteliers, marchés modernes), mais aussi le développement de l’habitat périurbain, obligeant des milliers de travailleurs, élèves, commerçants à converger chaque jour vers les centres d’activités de Mbour ou Saly.
La mobilité urbaine est ainsi prise en étau entre croissance anarchique, absence d’alternatives de transport de masse, et dépendance quasi-totale à la voiture individuelle, aux taxis urbains ou aux bus parfois vétustes.
Des axes saturés et des goulots d’étranglement
Aux heures de pointe, le diagnostic est sans appel : les mêmes points de blocage se répètent, aggravés par des comportements imprudents ou des travaux mal coordonnés. Le rond-point de Thiocé, le carrefour de la gendarmerie, l’entrée de Saly, la voie menant au marché central et le carrefour Canada figurent parmi les plus redoutés par les automobilistes.
Les principales causes des bouchons identifiées par les acteurs du transport et les services techniques sont : l’étroitesse de certaines voies principales, qui ne peuvent absorber le volume de trafic ; l’absence de voies de contournement fonctionnelles ; des parkings sauvages qui obstruent les voies, notamment autour des marchés et établissements scolaires ; l’insuffisance des transports publics structurés : les cars rapides, “Ndiaga Ndiaye” et autres “clandos” ne répondent plus aux exigences de flux.
Une mobilité paralysée aux conséquences multiples
L’impact des embouteillages ne se limite pas à l’agacement quotidien des conducteurs ou à la perte de temps. Il s’agit aussi d’un frein économique majeur. Le transport de marchandises et de produits halieutiques ou agricoles est ralenti, les livraisons prennent du retard, les trajets domicile-travail deviennent pénibles. La pollution atmosphérique s’aggrave du fait des moteurs laissés en marche à l’arrêt, et la qualité de vie urbaine s’en ressent.
Dans les écoles, les élèves arrivent essoufflés, en retard, parfois déjà déconcentrés. Les patients manquent des rendez-vous médicaux. Les touristes, censés profiter du charme côtier de Saly ou Nianing, restent coincés dans la circulation, déçus de leur expérience.
Des tentatives d’amélioration… encore insuffisantes
Conscients de la situation, les élus locaux et les services techniques départementaux ont engagé ces dernières années quelques initiatives. La réhabilitation de certaines routes (notamment l’axe Mbour-Saly), la construction de ronds-points mieux balisés, ou encore l’introduction de feux tricolores à certains carrefours stratégiques témoignent d’une volonté d’agir.
Mais ces efforts restent encore incohérents et ponctuels, souvent rattrapés par la vitesse de l’urbanisation non maîtrisée. Des projets comme celui de la boucle de désengorgement Mbour–Ngaparou via Warang, ou le prolongement de la VDN de Saly jusqu’à l’autoroute à péage sont annoncés, mais accusent des retards. Les mobilités douces (piétons, vélos) restent peu prises en compte dans les plans de circulation, alors que les trottoirs manquent cruellement ou sont occupés par des marchands ambulants.
Quelles pistes pour fluidifier le trafic ?
Les spécialistes en urbanisme recommandent une approche systémique. Pour désengorger efficacement l’agglomération mbouroise, il faut penser la mobilité à l’échelle territoriale, intégrer les communes voisines et anticiper les besoins futurs. Parmi les solutions envisagées, il est avancé la mise en place d’un réseau de transport collectif moderne, avec des minibus ou bus articulés, gérés par une autorité de transport commune, la construction d’axes de contournement rapides pour délester les centres-villes ; le réaménagement des carrefours stratégiques avec des giratoires intelligents ou des passages dénivelés ; la numérisation de la gestion du trafic avec des capteurs, caméras et panneaux de signalisation électronique. Dans la même optique, on retient la promotion des heures décalées de travail ou de scolarité, pour lisser les flux et tout autant le renforcement des sanctions contre les stationnements anarchiques et les occupations illicites des voies.
Un enjeu d’équité et de développement durable
Plus que jamais, la question de la mobilité urbaine à Mbour pose un défi d’équité sociale : les plus pauvres, qui n’ont pas de véhicule personnel, subissent de plein fouet les retards, les longues marches et les hausses de tarif des taxis collectifs. Une politique de transport public efficace serait aussi un moyen d’améliorer l’accès aux services de base : santé, éducation, emploi.
En perspective, les autorités régionales envisagent d’intégrer Mbour à une grande vision de transport interurbain : celle de la zone aéroportuaire (AIBD), de la Petite Côte et du pôle touristique intégré. Cela suppose des infrastructures, mais aussi une gouvernance coordonnée entre État, collectivités locales et secteur privé.
À l’image d’autres villes secondaires du Sénégal, Mbour est à un tournant de son histoire urbaine. Soit elle continue de subir les bouchons comme un mal inévitable, soit elle investit dans des solutions audacieuses, durables et inclusives. La fluidité de la circulation n’est pas qu’un confort : c’est une condition du développement économique, du vivre-ensemble, et de l’attractivité de tout un territoire.
SAMBA NIEBE BA
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