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on - Fri at 11:30 AM -
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Alors que la paralysie du service public de la justice se prolonge depuis plus de 36 jours, des voix s’élèvent pour interpeller le Premier ministre Ousmane Sonko. C’est le cas d’Alioune Tine, président fondateur du think tank AfrikaJom Center, et de Babacar Ba, président du Forum du Justiciable. Tous deux appellent le chef du gouvernement à s’impliquer personnellement pour désamorcer une crise qui menace gravement les droits des citoyens et l’image de l’institution judiciaire.
À l’origine du bras de fer, la grève conjointe du Syndicat des Travailleurs de la Justice (Sytjust) et de l’Union nationale des Travailleurs de la Justice (Untj), deux organisations historiquement rivales qui ont décidé de faire front commun au sein d’une entente syndicale. Leur mot d’ordre, largement suivi, a provoqué une paralysie quasi totale des services administratifs et juridictionnels.
Face à cette situation tendue, les réquisitions ordonnées par le ministre de la Justice aux chefs de parquet et de juridiction pour assurer la continuité du service public risquent d’envenimer les choses. Loin de calmer les tensions, ces mesures pourraient conduire à un durcissement des positions. C’est dans ce contexte que ces membres de la société civile invitent le Premier ministre à reprendre ce dossier en main.
Dans un message publié sur le réseau social X, Alioune Tine appelle au dialogue : « Il faut trouver les meilleures solutions par le dialogue pour éviter une paralysie de la justice qui porte préjudice aux justiciables. Il est temps pour le PM Sonko de prendre les choses en main pour trouver une solution. C’est lui qui peut faire aboutir à une issue juste en dialoguant avec les grévistes », écrit-il.
Même constat du côté de Babacar Ba, président du Forum du Justiciable, qui s’est exprimé dans les colonnes de Sud Quotidien. Pour lui, cette grève a un impact direct sur les citoyens. « Aujourd’hui, les citoyens sont privés de casiers judiciaires, d’extraits de décisions de justice nécessaires pour faire appel ou exécuter un jugement, mais aussi de certificats de nationalité », alerte-t-il. Il ajoute qu’au plan juridictionnel, « les délibérés sont systématiquement renvoyés, et des prévenus en attente de jugement voient leur situation prolongée, uniquement parce que les greffiers sont en grève ».
Le juriste déplore que dans un État de droit, une telle situation puisse perdurer sans réaction forte des autorités. « Il est inadmissible, dans un État de droit, que les justiciables voient leurs délibérés sans cesse reportés, ou que des prévenus attendent indéfiniment d’être jugés à cause d’un conflit social », estime-t-il. Pour lui, l’État a le devoir de garantir à la fois le droit de grève des travailleurs et le droit des citoyens à être jugés dans des délais raisonnables. « Les greffiers exercent un droit fondamental, celui de faire grève. Mais nous, justiciables, avons aussi le droit d’être jugés, le droit à un procès dans des délais raisonnables. L’État doit exercer sa prérogative de garant du bon fonctionnement du service public de la justice. Les autorités doivent réagir », martèle-t-il.
Il en appelle donc, à son tour, à l’intervention du chef du gouvernement. « Après 36 jours de grève, sans solution ni avancée, le Premier ministre doit impérativement s’emparer de ce dossier. Il en va de la crédibilité de la justice, mais aussi de celle de la République », avertit-il.
Pour appuyer sa requête, Babacar Ba rappelle que par le passé, les présidents Abdoulaye Wade et Macky Sall avaient personnellement reçu les travailleurs de la justice après plusieurs jours de grève. « Aujourd’hui, puisque rien n’évolue ni du côté du ministère de la Justice, ni de celui de la Fonction publique, je pense que le Premier ministre, en tant que chef du gouvernement, doit reprendre ce dossier en main pour une résolution définitive. »
Enfin, il souligne que si la circulaire portant réquisition des greffiers peut se justifier sur le plan légal, elle ne saurait être la réponse à une crise structurelle. « Même si la circulaire visant à réquisitionner des greffiers est légale, elle ne permet que de régler les affaires courantes. Elle ne saurait constituer une solution durable et définitive à cette crise. »
Dans un climat déjà tendu, ces appels à une médiation au plus haut niveau visent à éviter l’enlisement et à préserver la confiance des citoyens envers l’institution judiciaire
Nando Cabral Gomis
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