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Par sa retenue, André Sonko détonne dans un pays où la parole politique se donne souvent en spectacle. Ancien haut fonctionnaire, ministre à plusieurs reprises sous Abdou Diouf, il a préféré le silence des salles de classe aux éclats des tribunes. Aujourd’hui directeur des Cours Sainte-Marie de Hann à Dakar, il incarne une forme d’humilité rare dans les sphères du pouvoir.
André Sonko est administrateur civil, diplômé en sciences économiques et en administration publique. Son parcours dans l’appareil d’État débute en 1983, lorsqu’il devient ministre de la Fonction publique, de l’Emploi et du Travail dans le gouvernement de Moustapha Niasse. Cinq ans plus tard, en 1988, il est ministre de l’Intérieur, un poste hautement stratégique qu’il occupe dans un contexte politique sous tension. Puis en 1990, il est nommé secrétaire général de la Présidence, bras droit administratif du chef de l’État, avant de terminer sa carrière ministérielle comme ministre de l’Éducation nationale en 1993, au moment où l’ajustement structurel entre dans sa phase la plus technique. Il est chargé de mettre en œuvre les réformes structurelles exigées par les bailleurs, notamment la décentralisation de la gestion scolaire, la responsabilisation des comités de parents d’élèves et la promotion de l’enseignement privé. C’est le temps où l’État accentue son retrait, laissant les familles et les communautés locales combler les vides laissés par les coupes budgétaires. Son passage y laissera l’image d’un réformateur méthodique, respecté pour sa rigueur et son sens de l’État.
Mais au-delà des fonctions occupées, c’est le style qui marque. Peu loquace, fuyant les projecteurs, André Sonko s’est toujours illustré par une sobriété assumée. Ce « taiseux » n’a jamais fait de sa parole un instrument de pouvoir. Au contraire, il a cultivé l’idée que servir l’État ne nécessite pas d’embrasser la lumière. Ce trait de caractère, loin d’être un handicap, lui a valu le respect.
C’est dans cette logique de service qu’il accepte, en 2016, de prendre la direction des Cours Sainte-Marie de Hann, l’un des établissements scolaires les plus réputés du Sénégal. L’homme qui fut ministre de l’Intérieur ou de l’Éducation nationale devient ainsi directeur d’école. Une transition qui pourrait paraître paradoxale, mais qui illustre au contraire une fidélité à ses convictions profondes : l’éducation n’est pas un ministère, c’est une mission. André Sonko le démontre au quotidien dans cette école aux milliers d’élèves, loin des honneurs ministériels, mais toujours au service du savoir et de la jeunesse.
Son choix de s’ancrer dans l’action éducative concrète plutôt que de capitaliser sur son passé gouvernemental témoigne d’une grandeur silencieuse. Et quand, en 2025, l’État décide de le désigner comme parrain du Concours général, c’est moins pour célébrer une carrière que pour honorer une cohérence de vie : celle d’un homme qui, de l’État aux salles de classe, n’a jamais cessé de croire que le service public est une œuvre de rigueur et de discrétion, tout en laissant la trace durable de ceux qui servent sans bruit.
Henriette Niang Kandé
L’article Parrain de l’édition 2025 du Concours général : André Sonko, la discrétion d’un grand serviteur de l’État est apparu en premier sur Sud Quotidien.