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on - Sat at 12:15 PM -
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Sur les côtes de Mbour, Nianing, Popongine-Ndayanne, Warang ou Joal-Fadiouth, des centaines de pots en argile sont immergés chaque année au fond de l’océan. Ce geste, devenu presque rituel, est au cœur d’une pratique millénaire remise au goût du jour : la pêche au poulpe par piège passif, une technique artisanale, discrète et durable qui suscite aujourd’hui un intérêt croissant.
Autour de la pêche du poulpe, on est à même de voir renaître une pratique artisanale traditionnelle. À la croisée de l’économie solidaire et de la régénération écologique, ces “pots à poulpe” ouvrent de nouvelles perspectives dans un contexte de raréfaction de produits halieutiques. L’expérience mérite une évaluation, après plusieurs opérations d’immersion de pots à poulpe dans la Petite Côte.
UNE PECHE DOUCE, UN IMPACT FORT
À la différence des méthodes intensives, les pots à poulpe n’endommagent ni les fonds marins ni les espèces juvéniles. Installés par les pêcheurs artisans, ils offrent un abri aux céphalopodes, favorisant leur reproduction et leur concentration. Résultat : des captures sont mieux maîtrisées, avec une qualité de produit améliorée, et surtout, une reconstitution/régénération progressive de la ressource.
REVENUS ET REGENERATION
Les pêcheurs y voient un double gain. D’abord, les poulpes sont bien côtés sur le marché local comme à l’export. Ensuite, la technique exige peu de carburant, donc moins de dépenses. De plus, les communautés qui s’organisent en groupements d’intérêt économique (GIE) ou en coopératives peuvent mieux gérer les zones d’immersion, éviter la surexploitation et planifier les campagnes de pêche.
UN OUTIL DE GESTION LOCALE
L’immersion des pots à poulpe s’inscrit aussi dans une logique de cogestion entre pêcheurs, autorités locales et ONG. Certaines zones marines sont balisées et fermées temporairement pour permettre aux poulpes de croître. L’approche, inspirée des “Aires marines protégées (APM)”, réconcilie conservation et productivité. À Joal-Fadiouth, l’expérience a déjà montré des signes encourageants de régénération des habitats marins.
DEFIS ET VIGILANCE
Mais, l’initiative reste fragile. Il faut éviter le piège de la course à la production : trop de pots mal répartis, pas assez de suivi scientifique, ou encore des pillages non sanctionnés peuvent ruiner les efforts. De plus, la pression sur les poulpes risque de croître avec l’essor du marché international. Le problème de la maturation se pose aussi. Le repos biologique de cette espèce céphalopode interpelle et nécessite de la recherche. Car avec cette pause (à programmer) de jeunes poulpes pourraient être épargnés d’une surexploitation.
Au quai de pêche de Mbour, le poulpe est imbibé d’eau, une pratique pour avoir un poids supplémentaire. Ce entraine une dénaturation de la qualité du produit. D’où des interpellations de plus en plus sur l’efficacité des Comités Locaux de Gestion de la Pêche Artisanale (CLGPA) et l’administration du secteur. Pis, sans encadrement rigoureux, le remède pourrait devenir poison.
UNE ALTERNATIVE A FORT POTENTIEL
Dans un contexte de crise de la pêche artisanale, les pots à poulpe ne sont pas une solution miracle, mais ils ouvrent une voie prometteuse. Plus qu’une technique, c’est une philosophie : produire moins, mais mieux, tout en réparant la mer. La Petite Côte, longtemps victime de la surexploitation, pourrait ainsi redevenir un laboratoire d’équilibre entre économie locale et écologie.
Samba Niébé BA
L’article Petite Côte – pêche au poulpe : quand l’artisanat devient écologie est apparu en premier sur Sud Quotidien.