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L’Université Gaston Berger de Saint-Louis a abrité avant-hier, samedi 19 juillet, la cérémonie de dédicace du livre « Le Consensus Politique Sénégalais : Une arlésienne ? », publié par Papa Fara Diallo, Docteur d’État en Science politique et Maître de Conférences à l’UFR des Sciences Juridiques et Politiques de l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis. L’auteur estime que le Sénégal a une démocratie fragile, à construire et à consolider car chaque régime qui vient organise un dialogue pour pouvoir redéfinir le système politique. Ce qui, selon lui, montre que le consensus n’est pas solide et le dialogue politique est plus instrumentalisé que réellement vécu. Il s’exprimait ce week-end, à l’occasion de la cérémonie de dédicace de son livre.
« Ce livre est le fruit d’une recherche que j’ai menée depuis quelques années. Déjà, la question du consensus politique est une question qui occupe l’espace public depuis toujours. On a l’habitude de dire que le Sénégal, c’est un pays de dialogue, mais en réalité, cet objet que constitue le dialogue est impensé », a fait savoir Dr Papa Fara Diallo, auteur du livre « Le Consensus Politique Sénégalais : Une arlésienne ? ». Il constate qu’il y a peu de travaux scientifiques sur la question du dialogue, et pourtant, le dialogue est partout dans les discours politiques. « Le dialogue est partout dans les discours des médiateurs sociaux, le dialogue est partout dans les médias, mais nulle part dans les travaux scientifiques. Il était important pour nous de penser cette question du dialogue politique et du consensus que ce dialogue est censé produire. Et on se rend compte que le Sénégal est caractérisé par un consensus précaire sur les règles du jeu politique, un consensus, oui, mais un consensus qui est à redéfinir constamment, et c’est là le vrai problème de la démocratie sénégalaise.
C’est une démocratie qui passe son temps à définir, à redéfinir les règles du jeu, alors que dans les démocraties majeures avancées, la question de la définition des règles du jeu ne fait pas débat. Donc, on a l’impression que c’est une démocratie qui est insurrectionnelle, mais qui ne se stabilise pas par des consensus forts sur les règles du jeu, sur les institutions de la démocratie », a expliqué le Maître de Conférences. Et c’est ce qui, selon lui, fait d’elle une démocratie fragile. « C’est une démocratie à construire, qui est sur le chemin de la consolidation, mais la consolidation véritable ne passe que par l’acceptation routinisée des règles du jeu politique.
Et ce sont ces règles du jeu-là qui, malheureusement, dans notre démocratie, font l’objet d’une remise en cause constante. En témoignent les événements récents que nous avons connus au Sénégal, notamment le contexte préélectoral, marqué par une volonté unilatérale d’une majorité au pouvoir, de vouloir confisquer la démocratie et de vouloir rester au pouvoir. Cela témoigne d’un déficit de consensus sur les règles du jeu », a-t-il déclaré. Et pour étayer ses propos, il a évoqué le récent dialogue national sur notre système politique. « Parce qu’effectivement, il était question de revoir le système politique sénégalais. Et ce qui est frappant, c’est que chaque régime qui vient, organise un dialogue pour vouloir redéfinir le système politique.
Cela montre quelque chose de très clair, c’est que le consensus n’est pas solide », a-t-il dit tout en précisant que le dialogue politique est plus instrumentalisé que réellement vécu. Et que c’est la raison pour laquelle il a considéré qu’à travers cette recherche qu’il a publiée dans cet ouvrage-là, il fallait faire une réflexion en profondeur sur le dialogue politique et le consensus qu’il est censé produire, et adopter une perspective d’analyse critique qui permet de voir dans quelle mesure on va construire le système consensuel sénégalais pour routiniser les règles du jeu et stabiliser définitivement notre système démocratique.
Selon toujours l’auteur, c’est là la question de la politisation du dialogue ou de l’instrumentalisation du dialogue. « Chaque régime qui vient, cherche à utiliser le dialogue pour se légitimer, et légitimer aussi les réformes qu’il veut mettre en place. Mais si ces dialogues-là ne produisent pas de vrai consensus, il est clair qu’un autre régime qui va venir va vouloir lui aussi redéfinir les règles du jeu, redéfinir le design institutionnel, pour pouvoir être à l’aise et pouvoir gouverner. Et c’est là le problème véritablement de la démocratie sénégalaise.
Une démocratie consolidée, c’est une démocratie qui réussit à stabiliser ses règles du jeu, à les faire accepter par l’ensemble des parties prenantes de la vie politique, et à mettre sur pied des institutions qui certes ne sont pas figées, mais des institutions qui quand même produisent des normes et arrivent à stabiliser définitivement le système démocratique. Voilà véritablement ce à quoi cet ouvrage-là invite les lecteurs à vouloir réfléchir sur ça, pour pouvoir penser le dialogue politique au lieu de le subir », a-t-il conclu avant de prôner des consensus intégrateurs et dynamiques qui nous permettent de stabiliser définitivement les règles du jeu politique et le système démocratique sénégalais. Pour rappel, Dr Papa Fara Diallo a dirigé le Département de Science Politique de l’UGB de 2021 à 2024. Ses recherches portent sur la sécurité au Sahel, la sociologie de la démocratie, la gouvernance globale et les gender studies, qu’il explore à la fois académiquement et de manière militante. Il est aussi directeur scientifique du programme Local democracy au LASPAD, chercheur senior au LARESPO de l’UGB, et coordonne depuis 2021 le Master Human Rights and Democratization in Africa en partenariat avec l’Université de Pretoria, où il siège également au Conseil d’administration.
YVES TENDENG
L’article Saint-Louis -Dr Papa Fara Diallo, enseignant-chercheur en science politique à l’Ugb : « Le Sénégal a une démocratie fragile car chaque régime qui vient, organise un dialogue pour pouvoir redéfinir le système politique… » est apparu en premier sur Sud Quotidien.