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Trente ans après l’embuscade meurtrière de Babonda, familles, rescapés et proches des victimes se sont réunis ce 25 juillet à Ziguinchor, au cimetière mixte de Santhiaba, pour honorer la mémoire des 23 soldats sénégalais tués par des éléments rebelles du MFDC. Dans une atmosphère de recueillement et de douleur contenue, cette commémoration a également été l’occasion d’interpeller les autorités sur l’absence d’accompagnement des victimes et de leurs familles.
Le 25 juillet 1995 reste inscrit dans les annales sanglantes du conflit casamançais. Ce jour-là, à Babonda, un village proche de Ziguinchor, 23 soldats sénégalais tombaient sous les balles du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC) qui leur avait tendu une embuscade. Le carnage fut d’une rare violence, marquant la perte la plus lourde pour l’armée sénégalaise depuis le début de la crise armée, en 1982. Ce mardi-là, la localité de Babonda, transformée en champ de bataille, a vu périr ces militaires, tandis que 11 rescapés, traumatisés à jamais, en réchappaient.
Ce 25 juillet 2025, les familles endeuillées ont convergé vers Ziguinchor. Devant les tombes silencieuses, les visages ont parlé davantage que les mots. Une tente dressée à l’entrée du cimetière accueillait rescapés, parents, frères d’armes et proches. Tous venus pour une cérémonie sobre, empreinte d’émotion et de prières. Joséphine Tendeng, mère du soldat Ibrahima tombé à Babonda, confie avec pudeur ses souvenirs les plus douloureux : « La veille, il était à la maison. Son père l’a appelé quatre fois pour lui recommander d’être prudent. Ibrahima lui avait répondu : « Papa, je pars pour défendre ma patrie. Je vais comme arbitre, tout est possible. Il n’est jamais revenu. Mais c’était la volonté divine, je prie pour lui. »
Parmi les survivants, Khadim Mbaye, légionnaire au 3e bataillon d’infanterie, se tient droit mais les mots qu’il prononce pèsent lourd : « Je suis un blessé de Babonda. Cette année, nous avons pris l’initiative de venir ici avec les familles pour nous recueillir. C’est dur, c’est inoubliable. La plupart de ceux qui sont morts étaient derrière moi, j’étais en position avancée. » Puis, la voix chargée d’amertume, il déplore l’oubli : « Certains parents n’avaient jamais mis les pieds ici. Ils ignoraient jusqu’à l’emplacement de la tombe de leur fils. C’est inadmissible. Chaque année, l’État devrait mobiliser les familles pour commémorer cet événement tragique. »
Au-delà de l’hommage, les rescapés en appellent à la reconnaissance et au soutien de la Nation. Khadim Mbaye, tout en observant un devoir de réserve sur les circonstances exactes de l’embuscade, insiste : « Nous savions qu’il y avait des rebelles à Babonda. Notre mission était de les déloger, car ils y semaient la terreur. Nous étions sur le front à cette même heure. C’était difficile. Il y a des choses que, en tant que soldat, je ne peux pas dire. »
Le souvenir de Babonda est une plaie encore ouverte dans la mémoire collective des Casamançais. Le village, vidé de ses habitants et meurtri par l’histoire, peine encore à retrouver son âme. Ce 25 juillet 1995, Babonda a été le théâtre d’un des épisodes les plus tragiques du conflit. Et deux ans plus tard, en 1997, Mandina Mancagne connaissait à son tour des violences similaires.
En Casamance, les cicatrices restent vives. Et l’hommage aux soldats de Babonda est une manière de rappeler que derrière les chiffres froids des bilans, il y a des familles, des vies brisées, des douleurs qui ne s’effacent pas
Ignace NDEYE
L’article Trente ans après Babonda : l’hommage douloureux aux soldats tombés est apparu en premier sur Sud Quotidien.