Posted by - Senbookpro KAAYXOL -
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Dans le kaléidoscope des célébrations qui ponctuent le calendrier musulman, Achoura se dresse, majestueuse et énigmatique. Plus qu’une simple date, elle est un carrefour où se croisent l’histoire, la spiritualité et des traditions séculaires. Au Maroc, cette journée revêt une dimension particulière, un mélange subtil de joie enfantine, de partage familial et, parfois, d’une insouciance qui, tel un feu follet, peut mener à des dérives inattendues. Car, comme le dit si bien l’adage populaire, « trop de miel gâte la sauce ».
Achoura, dont le nom dérive de l’arabe « achara » signifiant « dix », est célébrée le dixième jour du mois de Muharram, le premier mois du calendrier hégirien. Son origine plonge ses racines dans des récits religieux profonds et des interprétations diverses. Pour les musulmans sunnites, cette journée est avant tout un jour de gratitude et de commémoration. Elle marque, selon la tradition, le jour où le prophète Moïse (Moussa) fut sauvé du Pharaon et de ses armées, traversant miraculeusement la mer Rouge. Un événement d’une portée symbolique immense, rappelant la victoire de la foi sur l’oppression, et qui, pour beaucoup, justifie un jeûne surérogatoire, une manière de remercier le Tout-Puissant pour Sa miséricorde. C’est un jour où l’on se souvient que « la patience est une clé qui ouvre toutes les portes ».
Cependant, pour les musulmans chiites, Achoura est empreinte d’une tout autre signification, celle du deuil et du recueillement. Elle commémore le martyre de l’Imam Hussein, petit-fils du prophète Mahomet, tombé en martyr lors de la bataille de Kerbala. Cette divergence d’interprétation souligne la richesse et la complexité des courants de pensée au sein de l’Islam, où une même date peut évoquer des émotions et des rituels diamétralement opposés. C’est la preuve que « chaque pot a son couvercle », et chaque communauté sa propre lecture de l’histoire.
Au Maroc, Achoura est synonyme de festivités, particulièrement pour les enfants. C’est une journée où la générosité est de mise, où les familles se réunissent et où les rires fusent. Les marchés s’animent, débordant de jouets, de fruits secs (la fameuse fakia) et de friandises. Les enfants, rois de cette journée, reçoivent cadeaux et argent de poche, qu’ils s’empressent de dépenser en pétards et autres amusements.
C’est le jour où « les petits oiseaux ont le bec doré ». Une des traditions les plus emblématiques est la «Chaâla », un grand feu de joie allumé la veille d’Achoura. Autour de ce brasier purificateur, jeunes et moins jeunes se rassemblent, chantent et dansent, chassant les mauvais esprits et accueillant la nouvelle année sous de bons auspices. L’eau joue également un rôle central, avec le rituel du « Zem-Zem », où l’on s’asperge mutuellement, symbole de purification et de bénédiction. Dans certaines régions, on prépare le couscous aux sept légumes, un plat convivial qui rassemble les familles autour d’une table généreuse. C’est une journée où l’union fait la force et où les liens familiaux sont renforcés.
Cependant, derrière ce tableau idyllique se cache parfois une réalité moins reluisante. L’enthousiasme débordant des festivités peut, hélas, se transformer en démesure, voire en danger. L’utilisation incontrôlée de pétards et de feux d’artifice, notamment par les enfants, est devenue une source de préoccupation majeure. Chaque année, les hôpitaux enregistrent des cas de brûlures graves, de traumatismes oculaires, et parfois même, de drames irréparables. Ce qui devait être un moment de joie se mue alors en cauchemar, rappelant que « le jeu en vaut la chandelle, mais pas la vie ».
Au-delà des accidents physiques, Achoura est aussi le théâtre de certaines dérives sociales. La mendicité, déjà présente, s’intensifie, et certains profitent de la générosité ambiante pour s’adonner à des pratiques peu scrupuleuses. Les bousculades dans les marchés, les vols à la tire, et parfois même des affrontements entre jeunes, ternissent l’esprit de partage et de convivialité. Achoura, dans son essence, est une fête de la joie, du partage et du renouveau. La sensibilisation aux dangers des pétards, la promotion de jeux plus sûrs et la réaffirmation des valeurs de solidarité et de respect sont autant de pistes à explorer. Il s’agit de retrouver l’équilibre, de célébrer avec ferveur mais aussi avec sagesse, pour que le bonheur d’Achoura ne se transforme jamais en malheur. Car, après tout, la plus belle des fêtes est celle qui se passe sans encombre .
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