À Marrakech, où se sont ouverts les travaux de la 93ème Assemblée générale d’Interpol, le Maroc a livré un message d’ambition, de méthode et de partenariat. Dans une allocution dense, le Directeur général de la Direction générale de la sûreté nationale et de la Direction générale de la surveillance du territoire, Abdellatif Hammouchi, a détaillé la vision sécuritaire que prône le Royaume, fondée à la fois sur la coopération internationale, la modernisation institutionnelle et l’intégration systémique des droits humains.
Dès ses premiers mots, Hammouchi a inscrit ce rendez-vous mondial dans une perspective stratégique, rappelant la portée symbolique du retour d’Interpol à Marrakech 18 ans après la session de 2007. Accueillir de nouveau la plus grande instance décisionnelle de l’Organisation, souligne-t-il, traduit la confiance dont jouit le Maroc au sein de la communauté internationale, mais aussi la crédibilité des institutions sécuritaires nationales, engagées depuis près de deux décennies dans une transformation profonde. Ce choix, insiste le haut responsable sécuritaire marocain, reflète l’image du Royaume sur la scène mondiale et l’efficacité reconnue de ses services dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé.
Hammouchi a ancré cette lecture dans une vision royale claire : la sécurité est un bien collectif et une responsabilité partagée, qui ne peut être préservée que par la coopération institutionnelle et l’action multilatérale. Il rappelle que le Maroc a engagé une stratégie sécuritaire intégrée où la préservation de l’ordre public se conjugue avec la protection des libertés individuelles, et où l’action policière s’inscrit dans une logique de proximité, de transparence et de service public.
Dans ce cadre, la participation du Maroc à la coopération internationale ne relève pas du protocole, mais d’un choix stratégique. Les menaces contemporaines ( criminalité organisée transnationale, réseaux virtuels, terrorisme régional, fraude cybernétique ) dépassent désormais les frontières nationales, rendant nécessaire la construction « de dispositifs sécuritaires communs, robustes et indissociables ». Cette architecture doit réunir services nationaux, organisations régionales et structures multilatérales comme Interpol.
Interpol face aux mutations des menaces : un appel marocain à un multilatéralisme opérationnel
Le DG de la DGSN et de la DGST a insisté sur la mutation rapide des risques mondiaux : interconnexion des réseaux criminels, exploitation des nouvelles technologies, sophistication des modes opératoires, émergence d’« hybrides sécuritaires » mêlant cyberattaques, manipulation numérique et opérations transfrontalières. Face à ces défis, Interpol et les services nationaux se trouvent confrontés, selon lui, à « des responsabilités accrues et des charges considérables ».
L’une des priorités qu’il identifie est la synchronisation des réponses policières. Cela suppose de renforcer la rapidité des échanges, d’améliorer la fiabilité des informations partagées et de multiplier les opérations conjointes mobilisant plusieurs continents. Pour Hammouchi, la seule manière d’endiguer les flux criminels contemporains est de bâtir une chaîne sécuritaire mondiale cohérente, réactive et solidaire.
Abdellatif Hammouchi a mis également en avant les chantiers clés de cette 93e Assemblée générale : l’extension des capacités policières globales, la consolidation de la présence régionale d’Interpol, la montée en puissance de la « Notice d’argent », ou encore la promotion de la ratification de la Convention des Nations Unies contre la cybercriminalité. Autant de dossiers qui, selon lui, structureront l’avenir de l’Organisation et de la coopération internationale.
Un temps significatif de son allocution a été par ailleurs consacré à la place des femmes dans la fonction policière. Hammouchi salue une transformation majeure et plaide pour l’approfondissement du leadership féminin au sein des institutions de sécurité, notant les résultats marquants obtenus par les policières marocaines dans des environnements opérationnels parfois complexes et sensibles. Cette orientation, affirme-t-il, participe de la modernisation globale des systèmes policiers et de la consolidation d’une culture institutionnelle inclusive.
Le Maroc s’affirme comme une plateforme d’action et de réflexion sécuritaire
En accueillant cette Assemblée générale, le Maroc se positionne non seulement comme hôte, mais comme acteur moteur d’un système sécuritaire mondial en recomposition. Hammouchi a rappelé dans ce sens la volonté du Royaume de renforcer son engagement avec le Secrétariat général d’Interpol et l’ensemble des pays membres, dans une logique de continuité et de partenariat stratégique. Il défend une conviction forte : la sécurité est un investissement partagé et un avantage commun, dont la pérennité dépend de l’implication de tous.
L’allocution du responsable sécuritaire marocain marque ainsi la volonté d’inscrire Marrakech comme un espace d’impulsion pour de nouvelles politiques sécuritaires, fondées sur l’anticipation, la coopération et la modernisation. En rassemblant cette année les dirigeants de 196 pays, Interpol trouve au Maroc un terrain propice à la réflexion, mais aussi à l’action.
