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Même après toutes les réformes et cris d’alarme des associations défendant les droits des mères célibataires et leurs enfants, ces dernières semblent souvent reléguées à l’arrière-plan des priorités gouvernementales. Le premier rapport sur les violences subies par les mères célibataires, dont les données ont été collectées par sept associations formant la la première coalition associative nationale pour la défense des droits des mères célibataires et de leurs enfants, a révélé diverses formes de violence auxquelles cette catégorie est confrontée au Maroc.
Parmi celles-ci figure une nouvelle forme de violence liée à la « frustration » provoquée par l’impossibilité de bénéficier du soutien social direct, lorsque le gouvernement a commencé à verser ces aides à partir de la fin décembre 2023. Selon le rapport, reçu par Hespress FR, parmi les 1.425 mères célibataires concernées par l’étude, réalisée entre mai 2023 et avril 2024, aucune n’a bénéficié de ces aides gouvernementales, dont le montant initial était fixé à 500 dirhams.
Cette situation s’explique par des « dysfonctionnements » lors du lancement de ce programme, basé essentiellement sur une plateforme informatique. Ces dérapages ont alimenté des interrogations sur la pertinence de la catégorie Autre dans les formulaires, une rubrique qui ne définit pas clairement cette population et limite leur accès aux informations nécessaires pour s’inscrire.
Présenté lors d’une rencontre organisée il y a quelques jours à Tanger par l’association 100% Mamans et la coalition, le rapport met en avant que « cette ambiguïté empêche également de déterminer le critère d’éligibilité de cette catégorie pour accéder aux aides publiques« . Il a mis en lumière une situation confuse, partagée par les ayants droit, les responsables des programmes et les associations soutenant les mères célibataires.
Toutefois, la documentation indique qu’à partir de juin dernier, certaines mères célibataires ont commencé à recevoir le soutien dans certaines régions, selon une association basée à Ouarzazate, membre de la coalition précitée. Elles ont également perçu des arriérés remontant à la date de leur premier enregistrement. Le rapport précise que des vérifications effectuées à Tanger, Casablanca, Khénifra, Béni Mellal et Agadir ont confirmé que ces femmes ont commencé à recevoir les aides sociales directes.
La coalition a précisé dans son premier rapport que ces données actualisées et issues d’une période postérieure à l’enquête (mai 2023-avril 2024) feront l’objet d’une analyse approfondie dans un second rapport. Cependant, elle a souligné que, globalement, l’exclusion des mères célibataires des registres nationaux et leur classification dans la catégorie Autre constitue une forme de violence et de discrimination qui les prive de leurs droits et compromet leur reconnaissance en tant que citoyennes ou familles monoparentales.
Sur le plan économique, le rapport révèle que parmi les 1.359 mères célibataires prises en charge par les associations 100% Mamans, Solidarité Féminine et Insaf, seules 66 ont réussi à obtenir un emploi formel leur permettant de bénéficier des services de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Les autres ont trouvé des emplois précaires dans des secteurs non structurés tels que le ménage, les cafés, la couture et les salons de coiffure.
Ledit rapport signale également les difficultés d’accès à la couverture médicale pour ces femmes, notant que « le taux d’activité des femmes est faible, structurellement, au Maroc« . Il indique que la faible participation des femmes au marché du travail limite leur accès à la protection sociale et à l’assurance maladie obligatoire, ainsi qu’aux aides sociales directes destinées aux populations vulnérables, conformément au programme royal.
En plus de la violence socio-économique, la coalition a dénoncé la violence légale, notamment l’article 453 du Code pénal criminalisant l’avortement, ainsi que l’article 490, qui punit les relations sexuelles hors mariage. Les auteurs du rapport estiment que cet article représente une véritable « phobie » pour les mères célibataires, car il les empêche de porter plainte pour dénoncer les violences qu’elles subissent, par crainte d’être poursuivies pour délit de mœurs au lieu d’être reconnues comme victimes.
Le document souligne, en outre, le caractère discriminatoire de cet article, qui permet souvent au père biologique d’échapper à toute sanction. Dans de nombreux cas, ce dernier utilise l’article 490 comme moyen de chantage pour dissuader les victimes d’engager des procédures, les menaçant elles aussi d’emprisonnement. Cela constitue un mécanisme supplémentaire pour contraindre les femmes à supporter la violence le plus longtemps possible.
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