Le citoyen espagnol enlevé en Algérie la semaine dernière a été libéré mardi et remis aux autorités de son pays mercredi après une cérémonie organisée au ministère algérien des Affaires étrangères. La réputation de l’armée algérienne a été bafouée suite à cet enlèvement mais le régime a tenté de s’attribuer le mérite de la libération de l’otage.

L’Espagnol kidnappé dans la zone d’Assekrem, près de Tamanrasset, répondant au nom de Navarro Canada Joachim, a été libéré par ses ravisseurs, un groupe de 5 hommes qui avaient relâché les accompagnateurs algériens du touriste.

Sa libération n’est nullement le fruit du « professionnalisme » des services de renseignements et de sécurité algériens comme a tenté de le faire croire le ministère de la Défense nationale dans un communiqué.

En réalité, sa libération n’a pu être faite que grâce à la médiation d’un groupe séparatiste malien, les Azawad, un groupe Touareg qui aurait des « entrées » en Algérie. En effet, le « Front de libération de l’Azawad » (FLA), mouvement séparatiste opérant du nord du Mali, a publié un communiqué sans équivoque qui montre que c’est lui qui a été au coeur de la libération du citoyen espagnol.

Il a livré des détails sur ses négociations avec les kidnappeurs de Navaro Canada Joaquim, ce qui prouve qu’en réalité, ce sont ces Touaregs maliens qui ont permis sa libération et non pas les services de sécurité algériens qui ont été sollicités à la fin du processus.

Les spéculations autour des ravisseurs du touriste espagnol, en l’absence d’une revendication, se sont portées vers le groupe terroriste «État islamique dans le grand Sahara» (EIGS). D’ailleurs, les autorités espagnoles ont directement dirigé leurs soupçons vers ce groupe opérant dans le nord du Mali.

Aussi, faut-il noter que plusieurs groupes extrémistes se trouvent dans cette région, notamment le le Jnim (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, lié à Al-Qaïda) qui avait aussitôt nié son implication dans l’enlèvement de l’Espagnol.

Le transfert de l’otage vers la ville de Ménaka, un bastion du groupe terroriste EIGS, a été l’une des indications phares des ravisseurs. Il avait été conduit dès le lendemain de son enlèvement sur le sol algérien par des ravisseurs maliens, vers la frontière malienne près d’Inguijal, à environ 100 kilomètres au nord de Ménaka.

Cela démontre non seulement la faiblesse des services de sécurité algériens vers les frontières au sud, mais aussi semble confirmer les dires des autorités maliennes qui accusent Alger de couvrir et d’aider les groupes djihadistes dans le nord du pays.

L’enlèvement du ressortissant espagnol par des Maliens en Algérie signe l’échec total de l’institution sécuritaire algérienne qui semble être incapable de contenir la menace djihadiste venant d’autres pays.

Ces groupes terroristes maliens se sentent tellement en confiance qu’ils se sont permis de commettre un enlèvement en territoire algérien, d’y entrer et d’en sortir impunément. L’incapacité des services de sécurité algériens peut se lire aussi dans le communiqué du ministère de la Défense qui a indiqué que « les services de sécurité de l’Armée nationale populaire, ont procédé ce mardi 21 janvier 2025, à la réception du ressortissant espagnol Navaro Canada Joaquim ».

Le mot est dit, ils ont simplement procédé à la « réception » de l’otage espagnol. Ce dernier a indiqué être en « état de choc » depuis son enlèvement qui aura duré le temps d’une semaine. « J’aurais besoin de quelques jours pour récupérer un état de calme », a-t-il avoué.

Face à cette humiliation de taille, le département de Said Chengriha a tenté de récolter les mérites de la libération de l’otage espagnol. « Cette opération témoigne, une nouvelle fois, du haut professionnalisme des services de sécurité de l’Armée nationale populaire (ANP), notamment dans la lutte contre la criminalité organisée à travers tout le territoire national », a indiqué le même communiqué du ministère algérien, même si en réalité tout le mérite revient aux Touaregs maliens qui ont été les premiers à annoncer sa libération.

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