Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a brusquement limogé ce jeudi 28 juillet le Premier ministre Nadir El Arbaoui, le remplaçant à titre intérimaire par Sifi Ghrieb, ministre de l’Industrie et de la production pharmaceutique depuis novembre 2024. Un changement qui, bien que prévisible, soulève de nouvelles interrogations sur la capacité du chef de l’État à restaurer la confiance dans un exécutif fragilisé.
Cette décision intervient quelques semaines après un grave accident de bus survenu le 16 août près d’Alger. Le véhicule, transportant une cinquantaine de passagers, est tombé d’un pont dans l’oued El Harrach, faisant 18 morts et 23 blessés. Ce drame, qui a suscité une vive émotion dans le pays, a mis en lumière les carences de la gestion publique et a relancé la colère des citoyens, qui n’hésitent plus à exprimer leur indignation malgré la répression.
Le drame a également révélé les absences prolongées du président Tebboune, qui se rend régulièrement à l’étranger pour des soins. Pendant son absence, le chef d’état-major de l’armée, Saïd Chengriha, a pris une place centrale, visitant les blessés et assurant la communication officielle. L’apparition tardive du Premier ministre El Arbaoui, 48 heures après le drame, a renforcé l’impression d’un pouvoir fragmenté et d’une armée omniprésente dans la gestion de crise.
Le limogeage de Nadir El Arbaoui et la nomination de Sifi Ghrieb, le quatrième Premier ministre depuis le début du mandat de Tebboune, semblent davantage symboliques qu’une véritable réforme. Comme le note Le Matin d’Algérie : « Ce limogeage et l’inexplicable nomination de Ghrieb ne sont ni un coup de théâtre, ni une réforme – juste un nouvel épisode dans la longue série d’un pouvoir qui se regarde dans le miroir de son propre échec ».
Les critiques pointent directement la responsabilité du président, notamment pour sa politique d’interdiction des importations de pièces détachées, pneus et véhicules neufs, censée préserver les devises issues des hydrocarbures mais qui contribue à la dégradation de la sécurité routière. L’importation annoncée de 10.000 bus et de pneus, présentée par les médias officiels comme «historique», ne suffira probablement pas à redorer l’image du régime.
Sifi Ghrieb pourrait rapidement être remplacé par Saïd Sayoud, ministre des Transports et proche du président, réputé pour ses liens avec le clan présidentiel. Mais dans un climat de contestation et d’indignation populaire, ce remaniement apparaît avant tout comme un coup de communication. Depuis le drame de l’Oued El Harrach, de nombreux observateurs et internautes dénoncent le blocage des importations comme une cause majeure des accidents de la route. Les semaines à venir seront décisives pour Tebboune, dont le mandat pourrait être sérieusement mis à l’épreuve.
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