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L’Algérie se livre à une course aux armements de plus en plus coûteuse, au détriment d’une gestion efficace de ses impératifs internes. L’analyse du chroniqueur et chercheur français spécialiste du monde arabe, Pierre Boussel, publiée sur Gis Reports, met en évidence le délire de militarisation que le régime algérien entretient à travers un budget de défense colossal, tandis que les questions économiques cruciales sont mises à l’écart, exacerbant le fossé entre les aspirations populaires et les intérêts de l’élite dirigeante.
L’Algérie, sous la présidence d’Abdelmadjid Tebboune, a accéléré son processus de militarisation, consacrant une part importante de son budget à l’acquisition d’armements. Le pays est désormais l’un des plus grands importateurs mondiaux, notamment en Afrique. Cette politique est en partie alimentée par une volonté de renforcer sa position géopolitique, notamment vis-à-vis du Maroc et de ses autres voisins, mais elle reflète surtout une stratégie interne visant à maintenir l’ordre et la stabilité politique. En parallèle, l’Algérie se trouve confrontée à des défis économiques majeurs, avec une population en quête de solutions à ses problèmes sociaux et économiques. Ce décalage entre les dépenses militaires et les besoins économiques soulève des interrogations sur les priorités du régime algérien.
L’Algérie fait face à des défis économiques majeurs, dont un taux de chômage élevé et une dépendance excessive aux exportations d’hydrocarbures. Cependant, comme l’explique Pierre Boussel, le gouvernement préfère investir des sommes colossales dans l’acquisition de nouveaux équipements militaires en avançant le prétexte de prétendues menaces extérieures, principalement en provenance du Maroc. Le budget de la défense, s’élevant à 25 milliards de dollars pour 2025, place l’Algérie parmi les plus grands importateurs d’armements au monde, avec une priorité accordée aux radars et systèmes aériens. Cette politique, qui s’appuie sur l’alignement stratégique avec la Russie et la Chine, paraît avant tout un message politique interne. L’armée, véritable pilier du pouvoir, ne cesse de rappeler sa capacité à maintenir l’ordre, mais au prix d’un développement économique en stagnation.
Le pouvoir algérien, selon l’analyse de Boussel, a bien compris que sa survie passe par la projection d’une force militaire. L’armée est perçue comme le garant de la stabilité, mais cette même stabilité repose sur une répression latente des revendications populaires. Le Hirak, mouvement de contestation populaire qui a secoué le pays entre 2019 et 2020, a mis en lumière la fracture entre la classe dirigeante et la population. L’intensification des dépenses militaires, tout en laissant des questions économiques sans réponses, ne fait qu’aggraver cette fracture. Le gouvernement se sert de la militarisation pour dissuader toute remise en question de son autorité, en préservant une image de pouvoir fort et centralisé.
Au cœur de cette politique militariste, les véritables priorités internes de l’Algérie sont reléguées au second plan. Selon Boussel, les Algériens se préoccupent avant tout d’accès à l’emploi, à une énergie fiable, et à des services de base comme l’eau potable. Mais l’investissement dans ces secteurs vitaux reste largement insuffisant, faute de volonté politique. Au lieu de répondre aux besoins fondamentaux de sa population, le régime met en avant des projets de défense exagérés. Une telle dynamique, selon le chercheur, est risquée car elle crée un déséquilibre qui pourrait bien s’avérer fatal pour le long terme.
À l’heure actuelle, l’Algérie semble prise au piège de son propre jeu. La militarisation à outrance ne répond pas aux besoins économiques et sociaux urgents du pays, et les ressources financières continuent d’être investies dans un secteur militaire qui ne représente qu’un pan du pouvoir. Pierre Boussel met en garde contre cette logique autodestructrice, qui pourrait empêcher l’Algérie de sortir de la crise et d’adopter un modèle de développement durable, fondé sur la satisfaction des besoins internes de sa population.
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