Après deux baisses du taux directeur en 2024, Bank Al-Maghrib a favorisé un recul généralisé des taux d’intérêt. Cependant, l’encours du crédit au secteur non financier n’a progressé que de 2,6%, malgré un taux directeur ramené à 2,50% et des taux débiteurs en recul à 5,08% en moyenne au quatrième trimestre, selon le rapport annuel 2024 de la Banque centrale.
Après un cycle de resserrement monétaire entamé en septembre 2022 face à de fortes pressions inflationnistes, Bank Al-Maghrib a opéré en 2024 un virage significatif. Selon son rapport annuel au titre de l’exercice 2024, l’institution a abaissé son taux directeur à deux reprises, en juin et en décembre, pour un total de 50 points de base (pb), le ramenant à 2,50%.
Cette orientation accommodante a rapidement influencé l’ensemble des marchés. Les taux des bons du Trésor ont reculé sur toutes les maturités, avec des replis allant de 34 points de base pour les titres à 13 semaines à 90 points pour ceux à 20 ans sur le marché secondaire. Sur le compartiment primaire, la baisse a varié de 41 pb pour les 13 semaines à 92 pb pour les bons à 15 ans. Parallèlement, le taux moyen pondéré sur le marché interbancaire, quasi stable à 3% au premier semestre, a reculé à 2,50% en moyenne dans les deux dernières semaines de l’année.
Cette détente monétaire s’est reflétée sur les taux bancaires. D’après Bank Al-Maghrib, les taux débiteurs ont reculé de 35 points de base sur le second semestre, pour s’établir à 5,08 en moyenne au quatrième trimestre, en baisse annuelle de 28 pb. Les entreprises non financières ont bénéficié d’un recul de 30 pb, contre 15 pb pour les particuliers. Par type de crédit, les comptes courants débiteurs et facilités de trésorerie ont reculé de 37 pb, les crédits à la consommation de 19 pb et les prêts immobiliers de 12 pb, alors que les concours à l’équipement ont légèrement progressé de 8 pb.
Du côté de l’épargne, la baisse est aussi visible. Les dépôts à terme de 6 mois se sont établis à 2,33% en moyenne, en repli annuel de 27 pb, tandis que ceux à un an n’ont reculé que de 5 pb, à 3%. Le taux minimum appliqué aux comptes sur carnet a diminué de 50 pb sur un an, à 2,48%.
Malgré la détente des taux, la dynamique du crédit au secteur non financier a ralenti à 2,6% en 2024. L’encours global du crédit bancaire s’est établi à 1.164,6 milliards de dirhams, en hausse de 4,4% contre 5,3% en 2023, représentant 72,9% du PIB. Ce ralentissement découle notamment du recul de 10,4% des concours aux entreprises publiques et d’un net ralentissement des facilités de trésorerie (de 54,2% à 30,9%).
Les ménages ont vu leurs crédits croître de 1,7% après 2,1% en 2023, avec une baisse de 3,7% des prêts aux entrepreneurs individuels et une stabilité à 2,1% pour les crédits aux particuliers. Les prêts à la consommation ont accéléré à 1,6% tandis que les crédits à l’habitat ont légèrement ralenti à 1,6%. Les sociétés non financières privées, elles, ont bénéficié d’une amélioration, avec +0,6%, portée par une reprise des prêts à l’équipement (+10,2%) et des concours à la promotion immobilière (+6,9%).
Les créances en souffrance ont progressé de 2,8%, atteignant 97,5 milliards de dirhams, soit un ratio de 8,4% de l’encours, couvert à 68,8% par des provisions. Elles concernent davantage les ménages (+5,7%) que les entreprises privées (+0,9%).
Si le crédit ralentit, les dépôts auprès des banques ont bondi de 9,1%, contre une moyenne de 5,3% entre 2020 et 2023. Bank Al-Maghrib explique cette évolution par l’opération exceptionnelle de régularisation volontaire de la situation fiscale des personnes physiques. Cette mesure a aussi contribué à la nette décélération de la circulation fiduciaire, dont la progression est revenue à 5,2% après une moyenne de 12% les quatre années précédentes.
Le rapport annuel 2024 relève également une appréciation du taux de change effectif réel du dirham de 1,2%, due à une hausse nominale de 4,5% et à une inflation domestique inférieure à celle des partenaires. Les avoirs officiels de réserve se sont renforcés de 4,5% pour atteindre 375,5 milliards de dirhams, couvrant 5 mois et 9 jours d’importations de biens et services.
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