Face à la raréfaction de l’eau, le Maroc mise sur un programme ambitieux de collecte et de valorisation des eaux pluviales. Près de 80 millions de dirhams y sont investis chaque année, afin de répondre à la pression croissante sur les ressources hydriques et d’assurer une gestion durable face aux défis climatiques, a dévoilé le ministre de l’Equipement et de l’Eau, Nizar Baraka.
La pénurie d’eau n’est plus une menace lointaine, mais une réalité pressante qui frappe de nombreuses régions du Royaume. Pour y répondre, le ministère de l’Equipement et de l’Eau a déployé une stratégie de grande ampleur visant à capter et valoriser les eaux de pluie, une ressource naturelle trop longtemps négligée. C’est ce qu’a indiqué Baraka dans une réponse à une question écrite adressée par le chef du groupe Haraki à la Chambre des représentants, Driss Sentissi.
« A cet égard, le ministère investit chaque année près de 80 millions de dirhams, en particulier dans les zones dépourvues de ressources hydriques permanentes, qu’elles soient de surface ou souterraines. Une fois ces infrastructures achevées et la période de garantie expirée, elles sont remises aux agences des bassins hydrauliques ou aux collectivités territoriales concernées, qui ont alors la charge de leur exploitation et de leur entretien en cas de besoin », a détaillé le ministre.
Il a notamment précisé que depuis le lancement du plan, 187 projets ont déjà vu le jour dans les provinces de Tiznit, Agadir, Chtouka Ait Baha, Taroudant, Chefchaouen, Es-Smara, Zagora, Ouarzazate, Guelmim, Sidi Ifni, Rhamna, Safi, Youssoufia, Tétouan, M’diq-Fnideq, ainsi que Khouribga. Au total, 159 réservoirs et citernes, 23 dispositifs de collecte des eaux pluviales sur les toitures et 5 seuils d’alimentation des nappes phréatiques ont été installés.
En outre, le responsable a fait savoir que 103 autres projets sont actuellement en chantier, comprenant 85 réservoirs et citernes, 15 dispositifs de collecte des eaux pluviales à partir des toitures d’établissements scolaires, ainsi que 3 seuils d’alimentation artificielle des nappes phréatiques.
« L’un des résultats majeurs de ces initiatives est que les projets déjà réalisés, combinés aux actions parallèles de rationalisation de la consommation, ont permis de réduire d’environ 30% la consommation habituelle d’eau dans les zones bénéficiaires, renforçant ainsi les efforts de préservation des ressources hydriques et soutenant le développement durable », a révélé Baraka.
Il a également expliqué que le Plan national de l’eau prévoit le développement d’un programme visant à réutiliser les eaux pluviales collectées pour l’irrigation des espaces verts publics et privés, ainsi que pour certains usages domestiques (alimentation des toilettes, lavage), mais aussi pour des usages professionnels et industriels, à l’exclusion de ceux nécessitant de l’eau potable, permettant ainsi de réduire la consommation d’eau potable.
Par ailleurs, l’estimation des volumes d’eau pouvant être économisés chaque année grâce à la collecte pluviale sur les toitures nécessite une étude technique approfondie propre à chaque installation, a noté le ministre. Cette évaluation, a-t-il poursuivi, repose sur un suivi rigoureux sur le terrain et une analyse détaillée des paramètres climatiques, tels que les précipitations et leurs variations, ainsi que sur l’examen des caractéristiques des toitures : superficie de collecte, inclinaison, orientation et nature des matériaux utilisés.
D’après Baraka, il est essentiel de mesurer l’efficacité réelle de chaque dispositif. Celle-ci dépend de plusieurs facteurs, notamment l’état technique des toitures et la régularité de l’entretien des systèmes de filtration, de traitement et de distribution. La qualité de ces opérations influe directement sur les pertes en eau pouvant survenir lors des étapes de collecte, de transport et de stockage.
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