Au cours d’une rencontre organisée à Fès autour du thème « Le rôle de la jeunesse dans le processus politique, de la participation à l’influence », le secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS), Nabil Benabdallah, a souligné la dynamique récente qui traverse plusieurs villes du pays. Ces dernières semaines, observe-t-il, ont été marquées par une présence plus affirmée des jeunes dans l’espace public, signe, selon lui, d’une volonté accrue de s’impliquer dans le débat politique. « Le temps du changement est arrivé », a-t-il affirmé, appelant à un engagement « conscient et responsable ».
S’inscrivant dans une lecture plus large de l’évolution politique du pays, Benabdallah a rappelé que les mobilisations actuelles s’inscrivent dans une continuité historique. « Depuis avant l’indépendance, des générations se sont mobilisées pour l’indépendance, la démocratie, la dignité, la justice sociale et la liberté », a-t-il souligné. Ces combats, poursuit-il, ont impliqué « un prix, des sacrifices, des difficultés et parfois des drames » : un héritage qui, selon lui, constitue le « chemin naturel de la lutte politique ».
Le dirigeant du PPS a néanmoins exprimé de vives inquiétudes quant au climat entourant certaines manifestations récentes de la Gen Z. Il a déploré que des jeunes ayant participé à des protestations pacifiques — « sans agresser personne, sans brûler ni voler » — se retrouvent en détention ou sous le coup de poursuites judiciaires. Une situation qu’il interprète comme un « moyen d’intimidation destiné à empêcher la poursuite de ce type d’actions ». « Il faut arrêter cela, libérer ces jeunes ; ils sont le cœur battant de la société », a-t-il insisté.
Interrogeant la capacité du pays à répondre aux enjeux politiques à venir, Benabdallah s’est demandé « comment réussir le projet national d’autonomie, qui nécessitera une dose importante de démocratie, si les pratiques d’intimidation et de peur persistent ». Il a qualifié ces méthodes d’« obsolètes » et a plaidé pour la défense des libertés publiques, en particulier du « droit légitime de manifester ».
Si la protestation constitue, selon lui, un moyen essentiel d’expression citoyenne, elle n’est pas suffisante pour obtenir un changement substantiel. Elle doit s’exercer dans le respect des lois et de la Constitution, rappelle-t-il. Mais, dans les faits, dit-il, elle ne produit pas toujours des effets : les réformes annoncées ces dernières semaines ont pu donner l’impression d’une volonté de s’adresser à la jeunesse et de l’inciter à participer aux élections, mais elles restent, selon lui, « conditionnées ».
Benabdallah a par ailleurs dénoncé la continuité des politiques publiques : « Nous assistons à la poursuite des mêmes orientations, du même gouvernement, des mêmes choix en matière d’éducation, de santé et de gestion locale », s’est-il alarmé, rappelant qu’« aucun gouvernement ne saurait éviter d’augmenter les budgets de l’éducation et de la santé ».
Pour espérer franchir le cap entre protestation et changement réel, le responsable politique estime qu’il est indispensable de lutter contre les discours généralisant la défiance envers les institutions et les partis, qui assimilent « tout le monde » à la même incapacité. Selon lui, ceux qui administrent actuellement les affaires publiques participent eux-mêmes à cette logique, car « ils ne souhaitent pas un engagement conscient et responsable des jeunes ». Ils préfèrent, selon ses termes, aborder les élections en mobilisant massivement l’électorat pour ensuite « acheter des voix et obtenir les suffrages nécessaires ».
Le secrétaire général du PPS met également en garde contre les appels à la non-participation politique, jugeant qu’ils ne profitent qu’aux cercles déjà installés, qui tirent avantage des réseaux de corruption et des intérêts particuliers. Ces acteurs, affirme-t-il, « continuent à bénéficier du système, à alimenter leurs clientèles et à se répartir les marchés ».
Concluant son intervention, Nabil Benabdallah a exhorté les jeunes à mesurer l’importance d’un engagement actif : « La participation est la seule voie pour transformer réellement la situation ».
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