L’armée nigérienne a annoncé avoir neutralisé, le 15 août, Ibrahim Mahamadu, alias Bakura, chef de l’organisation terroriste Boko Haram. Une opération saluée pour sa précision et rendue possible grâce à la coopération étroite avec les services de renseignement marocains.
Le 15 août dernier, l’armée nigérienne a porté un coup sévère à Boko Haram en annonçant la mort de son chef, Ibrahim Mahamadu, plus connu sous le nom de Bakura. L’opération s’est déroulée sur l’île de Shilawa, dans la région de Diffa, au sud-est du Niger, épicentre des violences djihadistes liées au bassin du lac Tchad. Selon un communiqué officiel, cette intervention « d’une précision exemplaire » n’aurait pu aboutir sans un partage stratégique de renseignements avec les autorités marocaines.
D’après le quotidien espagnol La Razón, l’apport du renseignement marocain a joué un rôle clé dans la localisation du chef djihadiste. Les forces nigériennes ont ensuite conduit une action militaire « chirurgicale », neutralisant l’un des dirigeants les plus redoutés de la région.
Bakura, quadragénaire d’origine nigériane, avait succédé en 2021 à Abubakar Shekau, figure emblématique du groupe, décédé la même année. Depuis sa prise de pouvoir, il avait multiplié les attaques sanglantes contre des civils et des forces armées dans la zone frontalière entre le Nigeria, le Niger, le Tchad et le Cameroun. Son nom reste associé à l’enlèvement de plus de 300 écoliers à Kuriga, au Nigeria, en mars 2024, ainsi qu’à une série d’attentats-suicides visant des marchés, mosquées et rassemblements de civils.
La réussite de cette opération illustre la montée en puissance de la coopération sécuritaire entre Rabat et les pays du Sahel. Le Maroc, fort de son expérience dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, partage régulièrement ses informations stratégiques avec ses partenaires africains. « Cette collaboration s’inscrit dans le cadre d’échanges sécuritaires élargis où Rabat apporte son savoir-faire en matière de renseignement et de lutte contre le crime organisé », rappelle La Razón.
Cette approche, basée sur l’échange d’informations et l’anticipation des menaces, apparaît cruciale face à des groupes comme Boko Haram, dont l’expansion depuis 2009 a déjà causé environ 40.000 morts et déplacé plus de deux millions de personnes dans la région du lac Tchad.
Cependant, les précédents de Boko Haram rappellent que la disparition d’un chef peut affaiblir momentanément le groupe, sans pour autant mettre fin à ses activités. Le décès d’Abubakar Shekau, annoncé à plusieurs reprises avant d’être confirmé en 2021, n’avait pas suffi à enrayer la résilience de la mouvance djihadiste.
Le Niger, qui a subi sa première attaque de Boko Haram en 2015 à Bosso, reste confronté à une insécurité persistante dans la région de Diffa. La neutralisation de Bakura constitue toutefois une victoire symbolique et opérationnelle importante pour les forces nigériennes et leurs alliés.
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