L’Afrique ne doit pas être un simple spectateur face aux défis posés par l’intelligence artificielle (IA), mais doit plutôt maîtriser les opportunités qu’elle offre, d’autant plus que cette nouvelle technologie constitue également une menace, 40% des groupes terroristes l’exploitant aujourd’hui, a souligné jeudi le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita.

Lors d’une conférence de presse tenue ce jeudi 20 mars 2025 à l’issue de la 1266e Réunion, au niveau ministériel, du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’Union Africaine (UA), sous la thématique « l’intelligence artificielle et son impact sur la paix, la sécurité et la gouvernance en Afrique », Bourita a indiqué que la sécurité et la stabilité du continent sont aujourd’hui menacées par des enjeux classiques tels que les conflits armés. L’IA, ajoutée à cette liste, devient un enjeu de nouvelle génération.

En effet, le chef de la diplomatie a révélé que 40% des groupes terroristes exploitent déjà l’IA, tandis que des manipulations électorales par le biais de cette technologie représentent 347 milliards de dollars à l’échelle mondiale.

Les chiffres concernant la désinformation sont tout aussi préoccupants, a poursuivi le ministre, avec une augmentation de 900% des fakes vidéos et de plus de 300% des informations erronées au cours des dernières années. Il a affirmé en ce sens que ces éléments soulignent l’impact que l’IA peut avoir sur la sécurité et la stabilité des communautés africaines.

Malgré ces défis, Bourita a mis en avant le potentiel de l’IA pour transformer le secteur agro-alimentaire, indiquant qu’environ 10 à 20% de la production agricole pourrait augmenter grâce à cette technologie. Il a également précisé que l’Afrique doit, de manière urgente, renforcer sa capacité en formation, alors que seulement 1% des experts en IA sont basés sur le continent, et que 70.000 spécialistes émigrent chaque année vers d’autres régions.

En matière de gouvernance, il a fait savoir que le Maroc joue un rôle proactif au sein des Nations Unies, collaborant avec les Etats-Unis pour établir des normes globales en matière de gouvernance de l’IA. De plus, Bourita a appelé à une approche inclusive qui intègre les institutions académiques dans ce dialogue essentiel.

Les infrastructures, un autre axe majeur, ont également été évoquées. Alors que l’IA se développe, 60% des Africains n’ont toujours pas accès à Internet, une lacune qui freine l’innovation et l’adoption de cette technologie. Ainsi, le ministre a mis en exergue la nécessité d’efforts concertés pour remédier à cet état de fait. Il a notamment exhorté les pays africains à dépasser les discours pour se concentrer sur des recommandations pratiques, favorisant ainsi une coopération sud-sud.

Il convient de préciser que cette réunion s’inscrit dans le cadre de la présidence du Royaume du Maroc du CPS de l’UA, ainsi que dans le cadre des diverses activités et rencontres planifiées tout au long de cette présidence. Par ailleurs, ce rassemblement constitue une première au niveau ministériel au sein de l’Union africaine concernant cette problématique, auquel ont assisté quasiment tous les membres du Conseil, soit quinze au total, dont huit ministres.

Selon Bourita, cette rencontre reflète la vision du Roi Mohammed VI, portant sur le rôle proactif que doit jouer l’Afrique dans les affaires mondiales, affirmant ainsi que le continent ne doit pas se limiter à être un sujet d’agendas internationaux, mais devenir un acteur incontournable.

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