Il n’y a pas si longtemps, la figue de barbarie, fruit emblématique issu du cactus, se trouvait en abondance sur tout le territoire marocain. Présente presque partout, elle se vendait à un prix dérisoire, ne dépassant guère 50 centimes l’unité. Mais depuis l’invasion de la cochenille, ce paysage a radicalement changé. Des milliers d’hectares de cactus ont été décimés, privant les populations rurales de revenus saisonniers essentiels et propulsant les prix de ce fruit populaire à des niveaux inédits, atteignant parfois 10 dirhams l’unité ces dernières années.
Cette année encore, l’été a révélé l’ampleur des ravages causés par la cochenille sur le territoire marocain. Face à cette réalité, les efforts de replantation et l’introduction de variétés résistantes s’imposent désormais comme un enjeu majeur pour la survie de cette filière agricole.
Face à cette situation, les opérations de replantation se poursuivent, visant de vastes superficies à l’aide de plants de cactus résistants à la cochenille. Ces initiatives sont menées soit sous l’impulsion directe des autorités de tutelle, soit grâce aux efforts des agriculteurs qui produisent eux-mêmes les nouvelles variétés.
L’Institut national de la recherche agronomique (INRA) a, il y a quelque temps, identifié huit variétés de cactus résistantes à ce parasite. Celles-ci ont été sélectionnées parmi 249 types issus de la collection nationale de cactus. On y retrouve notamment « Marjana », « Bilara », « Karama », « Ghalia », « Anjad », « Chratia », ainsi que « Aqria » et « Melek Zhar ».
Cependant, malgré les efforts déployés, de nombreuses questions subsistent quant à l’efficacité réelle de ces mesures et à leur capacité à rétablir la situation d’avant l’apparition de la cochenille, scientifiquement connue sous le nom de Dactylopius opuntiae.
Hicham Daghoughi, agriculteur dans la province de Benslimane, souligne que « ces nouvelles variétés de cactus, même si elles sont résistantes à la cochenille, nécessitent un accompagnement et des soins constants de la part des cultivateurs ».
Dans une déclaration à Hespress, il a ajouté que « la valeur du cactus au Maroc a grimpé en raison de sa rareté sur le marché national après la récente crise environnementale qui a touché des milliers d’hectares. La demande pour les nouvelles variétés nous parvient de toutes les régions du pays, et leur prix varie entre 5 et 20 dirhams par plant ».
Et de poursuivre : « Le rythme de replantation et de réintroduction est encourageant dans plusieurs zones, ce qui aura un impact positif sur la filière au cours des prochaines années. En revanche, revenir à la situation qui prévalait avant la propagation de la cochenille semble difficile, voire nécessitera beaucoup plus de temps ».
Le même agriculteur a par ailleurs noté que « cette filière agricole attire désormais fortement les grands exploitants marocains, qui y investissent de manière conséquente. Les prix du produit final, la figue de barbarie, dépassent aujourd’hui 500 dirhams la caisse et atteignent plus de 4 dirhams l’unité ».
Dans le même registre, Amine Talbi, agriculteur dans la région de Rhamna, a confirmé « l’existence de plusieurs variétés réellement résistantes à la cochenille », précisant toutefois que « la possibilité d’un retour complet à la situation antérieure reste incertaine à ce stade ».
« Nous recevons des commandes de toutes les régions du Royaume et nous nous efforçons de les satisfaire pleinement. Le prix d’un plant ne dépasse pas 20 dirhams, et il varie selon la quantité demandée par le client », a-t-il expliqué dans une déclaration à Hespress.
L’agriculteur de Rhamna a enfin relativisé « les discours affirmant que la productivité des nouvelles variétés de cactus serait inférieure à celle des anciennes », en insistant sur le fait que « le produit final de ces nouvelles variétés a été commercialisé à plusieurs reprises sur les marchés et consommé sans difficulté par les citoyens ».
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