La Coupe d’Afrique des Nations 2025 bat déjà son plein au Maroc depuis son coup d’envoi le 21 décembre. Le pays hôte a ouvert la compétition par une victoire maîtrisée face aux Comores (2-0), confirmant l’attente et l’enthousiasme populaires qui entourent cette édition. L’enthousiasme est quelque peu retombé après le nul frustrant contre le Mali (1-1), vendredi soir. Plus qu’un événement sportif, la CAN s’impose comme un moment de cohésion nationale, un moteur d’audience et un rendez-vous social majeur, qui reconfigure durant plusieurs semaines les habitudes de millions de Marocains.
C’est dans ce contexte que l’enquête Sunergia s’est intéressée aux pratiques des supporters marocains : prévoient-ils de suivre la compétition ? Quels profils se montrent les plus engagés ? Comment comptent-ils regarder les rencontres ? Et quelles sélections, en dehors du Maroc, suscitent leur intérêt ?
À la question « Est-ce que vous allez suivre les matchs de la CAN ? », 78% des personnes interrogées répondent positivement. Une adhésion massive, qui traduit l’emprise de cet événement sur l’espace public marocain.
Les résultats révèlent toutefois des disparités sociologiques. Les spectateurs les plus assidus sont des hommes, des personnes âgées de 65 ans et plus ainsi que des habitants des régions du Sud. À l’inverse, ceux qui déclarent ne pas suivre la compétition sont davantage des femmes, des personnes âgées de 55 à 64 ans, ainsi que des résidents du Nord et de l’Est du pays. Les catégories socio-professionnelles A et B figurent également parmi les moins intéressées, un résultat contre-intuitif dans un pays où le football traverse habituellement toutes les strates sociales.
Le Maroc au centre de toutes les attentions
Pour les 78% de Marocains qui regarderont la compétition, une question se pose : suivront-ils exclusivement les matchs de leur sélection ou élargiront-ils leur champ d’intérêt ?
L’étude apporte une réponse claire : 93% des personnes intéressées par la CAN 2025 suivront les matchs du Maroc. Dans ce groupe majoritaire 53% ne regarderont que les rencontres où joue l’équipe nationale, 33 % comptent suivre l’ensemble des matchs du tournoi et 7% regarderont les matchs du Maroc mais aussi ceux de quelques autres sélections.
L’attachement viscéral à l’équipe nationale reste donc le moteur principal de l’engagement du public.
L’étude interroge ensuite ceux qui comptent suivre des rencontres autres que celles du Maroc : « Quelles autres équipes allez-vous suivre ?« .
Le classement reflète une géopolitique sportive familière : Algérie 64%, Égypte : 54% et Tunisie 28%.
Le trio maghrébo-arabe domine très largement. Au-delà de la proximité culturelle, ces affinités expriment aussi une rivalité historique, faite de respect, de compétition et d’une forte charge émotionnelle – particulièrement avec l’Algérie, citée par près des deux tiers des répondants.
Mais l’intérêt ne s’arrête pas au voisinage immédiat. Une part non négligeable des spectateurs se tourne vers l’Afrique de l’Ouest : Côte d’Ivoire 21%, Sénégal 19%, Nigeria 14%, Cameroun 12%, Mali 9%
D’autres sélections sont mentionnées plus marginalement, comme l’Afrique du Sud (3%) ou le Gabon (2%). Un quart des sondés (27%) ne se prononcent pas.
Cette hiérarchie témoigne d’une géographie affective du football africain, où l’histoire des confrontations, le prestige des sélections et la présence de joueurs évoluant dans les grands championnats façonnent les préférences.
À ce stade, l’étude ne dit pas encore où les Marocains comptent regarder les rencontres – au café, à domicile, entre amis ou lors des fan-zones qui devraient être mises en place pour l’événement. Mais elle éclaire déjà l’essentiel : la CAN 2025 sera suivie, débattue et vécue collectivement.
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