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La situation critique que traverse la Moulouya, l’un des plus longs fleuves du Maroc, tire la sonnette d’alarme parmi les écologistes et experts en environnement. Depuis plus d’un mois, cet oued emblématique, qui s’étend sur 520 km, n’atteint plus la Méditerranée, là où il se jette traditionnellement. Ce phénomène, qui s’était déjà produit par le passé, vient aujourd’hui confirmer les pires craintes des défenseurs de l’environnement.
La Moulouya, située dans la région de l’Oriental, joue un rôle crucial pour la biodiversité locale. Ce bassin hydraulique s’étend sur une vaste superficie de 74 000 km², couvrant environ 10 % du territoire national. Toutefois, la gestion des ressources en eau dans cette région est aujourd’hui remise en question. Les nombreux barrages (dont Mohammed V, Machraa Hammadi, Hassan II) et stations de pompage installées au fil des années impactent négativement le débit écologique de la rivière ou plutôt de l’oued de la Moulouya.
Selon Mohamed Benata, ingénieur agronome, Docteur en Géographie et fervent militant écologique, cette situation représente une véritable « catastrophe géologique » pour la région. Ces infrastructures hydrauliques, destinées principalement à l’irrigation, privent la Moulouya de son flux naturel, mettant en péril non seulement le fleuve lui-même, mais également les écosystèmes qui en dépendent.
L’impact de cette situation sur la biodiversité locale est alarmant. En effet, le SIBE (Site d’Intérêt Biologique et Écologique) de la Moulouya est l’un des plus vastes complexes estuariens de la région méditerranéenne. Ce site abrite une richesse écologique unique, avec une faune et une flore aquatiques menacées par le manque d’eau et l’eutrophisation des eaux stagnantes. Le fleuve, en aval du barrage Machraa Hammadi, est désormais réduit à un marécage dans lequel l’eau croupit, entraînant un effondrement progressif de la vie aquatique.
Cette pression hydrique n’est pas seulement le résultat de l’utilisation des barrages, mais aussi d’un pompage excessif des eaux pour l’irrigation agricole, souvent de manière anarchique et sans régulation adéquate. L’installation de cultures intensives dans la région, permise par ces prélèvements d’eau incontrôlés, a fortement contribué à la diminution du débit de la Moulouya. Le fleuve, qui était autrefois un réservoir de biodiversité, se voit aujourd’hui asphyxié, incapable d’alimenter la mer Méditerranée.
Cette crise écologique s’accompagne d’une dégradation continue observée depuis près d’une décennie. La succession des années de sécheresse a amplifié la vulnérabilité de la Moulouya. Ce sont les activités humaines, notamment l’agriculture irriguée et les pompages excessifs, qui accélèrent la destruction de cet écosystème fragile. Si rien n’est fait rapidement pour la Moulouya, la situation risque d’empirer dans les semaines à venir, entraînant la mort massive des poissons et la disparition de nombreuses espèces aquatiques.
« La biodiversité favorise certains secteurs comme l’agriculture, mais elle le fait au détriment d’autres, tels que les zones humides et la vie sauvage », alerte Mohamed Benata. Cette mise en péril d’un écosystème aussi riche illustre les conséquences désastreuses d’une gestion inadéquate des ressources en eau dans une région où les équilibres écologiques sont déjà précaires.
Les associations environnementales, dont l’ESCO (Écologie et Solidarité pour un Développement Durable) fondée par Benata, appellent à une action rapide pour rétablir le débit écologique de la Moulouya. Selon ces militants, il est impératif de revoir la gestion des infrastructures hydrauliques, de limiter le pompage des eaux et d’assurer un usage plus durable des ressources.
La Moulouya est bien plus qu’un simple cours d’eau ; elle constitue un pilier pour la biodiversité, l’agriculture et les communautés locales. Si les autorités ne réagissent pas, ce fleuve risque de disparaître, emportant avec lui tout un écosystème unique dont un grand pan de sa riche histoire, symbole d’un Maroc de la résistance. Le constat est vraiment amer, mais les écologistes insistent : il n’est pas trop tard pour agir.
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