Posted by - Senbookpro KAAYXOL -
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La Chine et la Russie, jusque-là en retrait sur le Sahara marocain, adoptent aujourd’hui une approche pragmatique et équilibrée. Leur diplomatie subtile pourrait renforcer le Plan d’autonomie marocain tout en préservant leurs intérêts régionaux.
Dans un contexte international en profonde recomposition, le Sahara marocain émerge progressivement du relatif oubli diplomatique qui l’a longtemps cantonné à la périphérie des priorités chinoises et russes. Pékin et Moscou réévaluent leurs positionnements sur ce dossier, oscillant entre neutralité et pragmatisme, selon une récente analyse du Policy Center for the New South (PCNS) élaborée par les chercheurs Fadoua Ammari et Rida Lyammouri.
Pour la Chine, la stabilité politique et économique du Maroc représente un vecteur clé de sécurité pour ses investissements, notamment dans le cadre des « Nouvelles Routes de la Soie », a affirmé l’étude baptisée « La Chine et la Russie face à la question du Sahara marocain : vers une convergence des intérêts stratégiques ».
Depuis plusieurs décennies, Pékin adopte une posture prudente et relativement neutre vis-à-vis du Sahara marocain. Ni la prétendue République arabe sahraouie démocratique (RASD), autoproclamée par le Front Polisario, ni la souveraineté marocaine sur le territoire contesté n’ont été explicitement reconnues. Cette neutralité s’inscrit dans la continuité de la diplomatie post-maoïste, qui combine soutien aux mouvements de décolonisation et défense de l’intégrité territoriale des Etats, ont expliqué les auteurs.
Ils ont souligné que la Chine s’exprime rarement de manière détaillée sur le fond du dossier, préférant rappeler son attachement à une « solution politique durable » négociée sous l’égide de l’ONU. Cette réserve vise à maintenir un équilibre délicat entre Rabat et Alger, partenaires stratégiques essentiels. Un tournant significatif est intervenu ces dernières années.
En 2018, Pékin soutient la résolution 2440 du Conseil de sécurité, introduisant pour la première fois l’idée d’une solution « réaliste, pragmatique et durable fondée sur le compromis ». Ce geste constitue un léger infléchissement de sa neutralité, ont-ils rappelé. De plus, en octobre 2021, la Chine vote en faveur de la résolution 2602, initiée par les Etats-Unis et perçue comme favorable au Plan d’autonomie marocain. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un soutien explicite, ce vote illustre une compréhension accrue des arguments marocains, signalant un repositionnement prudent mais tangible.
Parallèlement, les relations sino-marocaines se renforcent sur le plan bilatéral. La visite d’Etat du Roi Mohammed VI à Pékin en 2016 avait donné naissance à un « partenariat stratégique », confirmant l’intérêt réciproque pour des relations stables et constructives. Toutefois, Pékin continue d’afficher une prudence diplomatique sur le Sahara, réaffirmant seulement son soutien à une solution « durable et juste » au sein des résolutions de l’ONU. Cette retenue traduit le souci de la Chine de ménager ses relations avec Alger, tout en valorisant son principe de souveraineté et d’intégrité territoriale des Etats, une approche cohérente avec sa propre politique intérieure, ont fait savoir les chercheurs du PCNS.
La Russie suit une trajectoire parallèle mais distincte. Héritière de la diplomatie soviétique, Moscou a longtemps oscillé entre un soutien indirect au Front Polisario, via l’Algérie, et une neutralité d’affichage vis-à-vis du Maroc. Pendant la guerre froide, le Maroc, allié occidental, et l’Algérie, partenaire historique, illustraient cette ligne d’équilibre. Après 1991, la Russie redéfinit ses priorités en Afrique du Nord, cultivant des liens renforcés avec Rabat tout en préservant son partenariat avec Alger.
La visite du Roi Mohammed VI à Moscou en mars 2016 constitue un point d’inflexion notable, ont-ils noté. La Déclaration de Partenariat Stratégique qui en découle évoque le Sahara de manière prudente mais explicite, soulignant la prise en compte de la position marocaine et le respect des paramètres définis par les résolutions du Conseil de sécurité. Depuis, la Russie ajuste subtilement ses votes à l’ONU, optant pour l’abstention plutôt que l’opposition, comme ce fut le cas lors des résolutions 2021 et 2023 renouvelant la MINURSO.
Aujourd’hui, la position russe se caractérise par une neutralité constructive : respect du cadre onusien, opposition à toute solution imposée unilatéralement, et reconnaissance implicite de l’impasse du référendum. Comme l’a souligné le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, Moscou se pose désormais en partenaire potentiel de médiation, privilégiant le compromis et le consentement mutuel des parties.
Dans ce contexte international en mutation, le Maroc est appelé à poursuivre sa diplomatie d’influence, fondée sur un compromis réaliste et inclusif, ont précisé les deux chercheurs. Le renforcement du soutien occidental et la convergence implicite de Pékin et Moscou autour du Plan d’autonomie renforcent la crédibilité de l’initiative marocaine. Cette démarche pourrait constituer un modèle de règlement de conflits fondé sur le pragmatisme, le respect mutuel et l’intégration régionale, offrant une voie stable vers la paix et le développement durable dans une Afrique du Nord en pleine recomposition géopolitique.
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