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on - Mar 30 -
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Les services centraux du ministère de l’Intérieur s’apprêtent à dépêcher une commission spéciale afin de mener un audit approfondi sur l’attribution de rémunérations à des travailleurs temporaires « fantômes » au sein de plusieurs collectivités territoriales à Casablanca-Settat, Béni Mellal-Khénifra et Marrakech-Safi, a appris Hespress de sources bien informées.
Les rapports transmis aux services concernés, précisent ce mêmes sources, révèlent des informations précises sur l’exercice, par ces employés occasionnels, d’autres activités professionnelles et commerciales parfaitement légales et connues du grand public. Malgré cela, ils continuent de percevoir des indemnités mensuelles en contrepartie d’heures de travail fictives, avec la complicité de figures politiques influentes et d’élus locaux. Ces irrégularités concernent des services municipaux stratégiques tels que la fiscalité, les bureaux d’ordre, les ressources humaines, l’authentification de signatures et la gestion du parc automobile.
Ces rapports, est-il encore souligné, mettent en lumière l’existence d’environ 220 employés «fantômes» inscrits auprès d’une collectivité territoriale relevant de la province de Berrechid, en périphérie de Casablanca. Certains d’entre eux exploitent des locaux agréés par des associations sanitaires, où ils font des injections, dispensent des soins de proximité et effectuent des mesures de tension artérielle et de glycémie.
D’autres possèdent des commerces et vendent leurs produits via les réseaux sociaux, profitant de leur influence électorale et de leur proximité avec des acteurs politiques qui leur assurent une protection administrative. Pourtant, aucun détail n’est fourni sur leurs horaires de travail ni sur la nature exacte des services rendus à la collectivité, alors qu’ils continuent de percevoir des rémunérations mensuelles prélevées sur les fonds publics.
La commission centrale attendue sur place devra également se pencher sur les graves dysfonctionnements signalés par les inspections des Cours régionales des comptes. Ces dernières ont relevé une hausse préoccupante du recours aux travailleurs occasionnels, dont le nombre dépasse parfois le double de celui des fonctionnaires titulaires, notamment dans les collectivités de la région Casablanca-Settat.
Ces employés sont souvent affectés à des services névralgiques comme la fiscalité locale et l’urbanisme. Les inspecteurs ont identifié plusieurs cas de conflits d’intérêts flagrants, impliquant des employés ayant réalisé des transactions et des prestations au profit de proches et d’amis. Certains cas, appuyés par des documents officiels, révèlent des échanges d’avantages matériels entre travailleurs occasionnels et promoteurs immobiliers, en particulier dans la gestion des taxes sur les terrains urbains non bâtis et les redevances pour l’occupation temporaire du domaine public.
Face à cette situation, le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a récemment adressé une circulaire aux gouverneurs des provinces, les exhortant à rappeler aux présidents des collectivités sous leur autorité l’obligation d’appliquer sans délai les dispositions de la circulaire de 2009 relative aux travailleurs occasionnels. Il leur a également demandé de lui transmettre des rapports actualisés sur la situation de ces employés, dans le cadre d’une évaluation nationale menée par les services centraux.
Cette évaluation portera notamment sur le coût budgétaire de ces travailleurs pour les collectivités, ainsi que sur les soupçons d’instrumentalisation politique et électorale de cette catégorie de personnel. Il convient de souligner que plusieurs collectivités ont commencé à exiger des travailleurs occasionnels qu’ils renouvellent leur contrat tous les trois mois et fournissent un relevé d’identité bancaire (RIB) afin de percevoir leurs émoluments.
D’après les informations recueillies par Hespress, les rapports transmis au ministère de l’Intérieur pointent également la responsabilité de plusieurs présidents de collectivités dans l’embauche massive de travailleurs occasionnels à des fins purement électoralistes. Ceux-ci se verraient confier des missions sensibles, ce qui perturbe profondément la gestion des services municipaux.
Les documents examinés révèlent également que certains employés ont été maintenus dans les effectifs des administrations locales pendant des périodes prolongées – pouvant atteindre une année dans certains cas – sans respecter les interruptions nécessaires entre leurs engagements. Une telle pratique permet d’éviter qu’ils ne soient considérés comme des employés permanents, en violation des dispositions légales en vigueur et des instructions strictes du ministère de l’Intérieur.
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