Une crise existentielle profonde pourrait fragiliser le système partisan marocain et interroger son avenir, a averti un récent rapport du Centre Al-Mouachir pour les études et recherches. Les prochaines législatives pourraient en tracer le destin.
Le système partisan marocain se trouve à un tournant décisif. C’est ce que révèle un rapport analytique publié par le Centre Al-Mouachir pour les études et recherches, qui décrit une « crise existentielle » affectant l’ensemble de la structure politique. Intitulé « De l’impasse politique aux scénarios post-2026 », le document met en évidence les défis majeurs qui menacent le pluralisme et la capacité des partis à répondre aux transformations profondes de la société.
Selon le rapport, les élections législatives de 2021 ont agi comme un révélateur. Si elles ont confirmé la domination du Rassemblement national des indépendants (RNI), elles ont également marqué un recul historique de plusieurs formations dites traditionnelles, qui ont perdu une part significative de leur base électorale et de leur influence politique. Ce déclin, souligne le document, dépasse la simple question des résultats électoraux, il traduit une crise structurelle qui remet en cause la légitimité même de l’action partisane et son efficacité en matière de médiation et de représentation.
L’étude constate que la plupart des partis, qu’ils soient anciens ou récents, souffrent d’un affaiblissement marqué de leurs structures et de leurs réseaux militants. La tenue irrégulière des congrès, l’absence de mécanismes démocratiques internes et la concentration des décisions entre les mains de dirigeants restreints sont autant de facteurs qui alimentent cette érosion. Pour le Centre, cette tendance vide l’action partisane de sa dimension pluraliste et réduit son attractivité auprès des citoyens.
Parmi les signes les plus préoccupants de cette crise, le rapport met en avant la mobilité excessive des élus entre partis. Entre 2016 et 2021, plus de 30% des parlementaires ont changé d’affiliation politique. Un chiffre jugé alarmant par les auteurs, car il traduit une faiblesse de la loyauté partisane et de l’éthique politique, fragilise la stabilité institutionnelle et renforce la défiance des citoyens envers les formations politiques.
Le rapport note également une perte d’ancrage idéologique au profit de formes hybrides et opportunistes de mobilisation. Les données d’enquêtes de terrain indiquent qu’une part importante de l’électorat ne distingue plus les candidats selon leurs programmes. Les choix électoraux reposent de plus en plus sur des considérations personnelles ou locales, éloignées de tout engagement politique ou intellectuel durable. Cette évolution, selon les analystes, accentue le décalage entre les partis et la société, affaiblissant le rôle des formations comme vecteurs de projets collectifs.
Face à ce constat, le Centre Al-Mouachir estime que le système partisan marocain se trouve devant deux options. La première consisterait en un renouvellement profond et global, avec des réformes internes visant à restaurer le rôle des partis comme médiateurs efficaces entre l’Etat et la société. La seconde prolongerait la tendance actuelle vers un affaiblissement progressif, avec à la clé un risque de vide politique et l’émergence de formes non démocratiques de représentation.
Pour les auteurs du rapport, les élections législatives de 2026 seront bien plus qu’une échéance électorale classique. Elles constitueront un moment clé pour mesurer la capacité des partis à se réinventer, à regagner la confiance de l’opinion publique et à redéfinir leur place dans le paysage politique marocain. Le scrutin pourrait ainsi déterminer si la scène partisane s’engage sur la voie du renouveau ou si elle continue sa trajectoire d’érosion.
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