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Le Daara de Coki, fondé en 1939 par Cheikh Ahmed Sakhir Lo, est un symbole de résilience et de dévouement à l'éducation coranique et à la formation humaine. À une époque où l'éducation était un luxe pour la plupart des Sénégalais, et surtout pour les enfants des couches les plus défavorisées, ce lieu est devenu un phare d'espoir et d'émancipation. Un pilier incontournable dans la lutte contre l’analphabétisme et la marginalisation sociale. Coki incarne l’idée d’une éducation accessible à tous, sans distinction de race, d’ethnie ou de confrérie.
L'histoire du Daara de Coki débute en 1939, trois mois avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, sur ordre de Mame Cheikh Mbaye de Louga. Ce dernier a demandé à Cheikh Ahmed Sakhir Lo, un homme profondément attaché à la promotion de l’éducation et des valeurs religieuses, de fonder une école pour transmettre la connaissance du Saint Coran et les principes de la Sunna du Prophète (PSL). Natif de Nguer Malal, près de Louga, Cheikh Ahmed Sakhir Lo, qui deviendra l’un des plus grands éducateurs du pays, dévoua sa vie à la formation spirituelle et intellectuelle de ses talibés.
Ce Daara n’était pas simplement une école religieuse, mais un véritable centre de transformation sociale et de développement humain, conçu pour lutter contre l'analphabétisme et préparer les générations futures à participer activement à la construction de la société sénégalaise. L'objectif de Cheikh Lo était clair : former des hommes et des femmes capables de comprendre les enjeux de leur époque et de contribuer au progrès de leur pays, tout en restant fermement ancrés dans les principes de la foi islamique.
Cheikh Ahmed Sakhir Lo n’a pas seulement cherché à enseigner le Coran à ses talibés, mais aussi à leur inculquer des valeurs fondamentales, à la fois religieuses et sociales. Pour lui, chaque individu devait être formé de manière globale, afin de devenir un citoyen utile à la nation. Il a mis l'accent sur l’importance d’une éducation équilibrée qui combine spiritualité et savoir-faire pratique, afin de forger des générations responsables et conscientes des besoins de leur communauté.
Son approche se distingue par son caractère inclusif : Coki était un lieu où tous les enfants musulmans, indépendamment de leur ethnie ou de leur appartenance à une confrérie, étaient les bienvenus. La gratuité des services — de l’éducation à la restauration, en passant par l’hébergement et les soins de santé — était une règle fondamentale, permettant à des milliers de jeunes issus des couches sociales les plus pauvres d’accéder à une éducation de qualité, sans que la question financière ne soit un obstacle.
Les premiers jours de l’existence du Daara de Coki furent marqués par des difficultés énormes. Les conditions étaient extrêmement précaires : la nourriture était rare, les infrastructures insuffisantes, et les abris rudimentaires. Toutefois, ces obstacles n’ont jamais découragé Cheikh Sakhir Lo, qui, avec une foi inébranlable, persévérait dans sa mission. À cette époque, il était rare de trouver des moyens financiers pour soutenir une telle entreprise. Mais l’amour de la mission et la conviction que l’éducation est la clé de la transformation ont permis au Daara de tenir bon face aux épreuves.
Cheikh Tidiane Faye, un ancien talibé et témoin privilégié de ces années difficiles, se souvient avec émotion des moments d'adversité. "Il y avait des périodes où il était difficile de trouver à manger, et les conditions de vie étaient dures", raconte-t-il. Mais, selon lui, ces difficultés faisaient partie de l’histoire de la lutte pour l’éducation et la dignité. Ce n’est pas seulement le savoir qui a été transmis à Coki, mais aussi des leçons de patience, de persévérance et de foi en l’avenir.
L’une des particularités du Daara de Coki réside dans le fait que tous les services sont gratuits. Cheikh Tidiane Faye témoigne : "Personne n’a jamais payé quoi que ce soit pour étudier ici. C’était un véritable sacrifice des enseignants et des dirigeants pour garantir que chaque enfant ait accès à une éducation de qualité." Cette gratuité n'était pas seulement matérielle, elle était aussi symbolique : un message de solidarité et de partage dans une société où les inégalités étaient criantes.
Aujourd’hui, le Daara de Coki compte plus de 4 900 talibés, dont près de 500 filles et environ 3 400 garçons. Parmi eux, on retrouve des élèves originaires de différents pays voisins, comme la Guinée, le Mali, la Mauritanie, et le Burkina Faso. Au-delà de l'enseignement coranique, l’institut offre aussi une formation en français, accompagnant ses talibés jusqu’à l’obtention du baccalauréat. Ainsi, Coki ne se contente pas de former des musulmans pieux, mais prépare aussi des citoyens instruits et engagés.
L'héritage de Cheikh Ahmed Sakhir Lo est immense. À travers son Daara, il a créé un espace où des milliers de jeunes ont trouvé une opportunité de s'élever, de se libérer des chaînes de l’ignorance, et de devenir des acteurs du développement de leur pays. Leurs réussites, qu’elles soient dans le domaine religieux, académique ou professionnel, sont un témoignage vivant de la pertinence de sa vision.
Aujourd'hui, des générations entières de talibés, formés à Coki, occupent des postes clés dans la société sénégalaise, contribuant activement à son développement. Serigne Sam Mbaye, parmi les premiers à maîtriser le Coran à Koki, est un exemple frappant de l’impact durable de cet établissement. Le Daara de Coki, dans son modèle d’éducation gratuite et inclusive, reste une référence pour l’ensemble du pays et au-delà de ses frontières.
Le Daara de Coki est bien plus qu’une simple école. Il est le témoin d’une vision audacieuse, fondée sur l’éducation, la foi, et l’engagement envers le développement humain. À travers cette institution, Cheikh Ahmed Sakhir Lo a semé les graines d’une société plus juste et plus éclairée, un héritage dont les fruits se récoltent chaque jour dans les vies de ses anciens talibés.