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Les Nations Unies ont annoncé en 2022 que la population mondiale avait franchi un cap historique en dépassant les 8 milliards d’habitants. Un chiffre sans précédent dans l’histoire de l’humanité, attesté par les archives disponibles. Cet événement a conduit à la désignation de cette journée sous le nom de « Journée des 8 milliards« .
La question du recensement démographique occupe une place centrale dans les stratégies de planification économique et les décisions politiques. Elle influe aussi sur des problématiques majeures comme le changement climatique, faisant de la collecte de données précises une impérative absolue. Or, une étude récente menée par des chercheurs de l’université d’Aalto en Finlande remet en question les chiffres couramment admis. Selon ces travaux, le nombre réel d’habitants pourrait être bien supérieur aux estimations officielles.
D’après l’étude publiée dans la revue Nature Communications, plusieurs millions, voire des milliards de personnes, ne seraient pas incluses dans les recensements officiels. Cette sous-estimation ne relève pas d’un simple décalage statistique, mais d’un problème structurel dans les méthodes employées pour évaluer la population mondiale.
L’approche dite du « découpage en grille » est généralement adoptée pour estimer la densité d’habitants sur la planète. Ce modèle segmente le territoire en carrés et attribue à chaque zone un nombre d’habitants basé sur les données disponibles. Cependant, ce système repose essentiellement sur des données collectées dans les zones urbaines, le rendant bien moins fiable lorsqu’il est appliqué aux régions rurales. Or, celles-ci représentent environ 43 % de la population mondiale. Une erreur d’estimation dans ces zones peut donc entraîner une omission massive d’individus.
Pour mesurer l’ampleur de cette distorsion, les chercheurs ont analysé des données démographiques couvrant la période 1975-2010, en se basant sur les projets de construction de barrages dans 35 pays. Ces projets exigent des statistiques précises sur les populations déplacées, offrant ainsi une occasion unique de comparer les chiffres réels aux estimations officielles.
Les résultats obtenus sont sans appel : les bases de données internationales surestiment le nombre de résidents en milieu rural de 53 % à 84 %, selon les sources de données examinées. Ces conclusions remettent en cause plusieurs décennies de statistiques et soulèvent des interrogations sur la fiabilité des modèles d’estimation utilisés jusqu’ici.
Les erreurs accumulées dans les recensements ont des répercussions qui dépassent le simple domaine statistique. Selon l’étude, les chiffres de la population conditionnent la répartition des services publics, qu’il s’agisse de santé, d’éducation ou de gestion des situations d’urgence. Une estimation incorrecte peut priver certaines communautés rurales des ressources nécessaires à leur développement et à leur survie.
Sur le plan économique, l’étude estime que ces imprécisions affectent la modélisation financière et les politiques agricoles, influençant la production alimentaire et la stratégie d’approvisionnement en ressources. Dans un contexte où la gestion des risques environnementaux est cruciale, ces erreurs pourraient aussi compliquer l’anticipation des catastrophes naturelles et la mise en place de plans d’intervention adéquats.
L’impact de cette sous-estimation est particulièrement préoccupant dans le cadre des recherches sur le changement climatique. La localisation et la densité des populations sont des données essentielles pour évaluer l’empreinte carbone humaine, analyser la déforestation et comprendre l’intensification des phénomènes climatiques extrêmes. Si des millions, voire des milliards de personnes ne sont pas prises en compte dans les bases de données, l’étude souligne que les prévisions sur les migrations climatiques et les pressions environnementales risquent d’être gravement faussées. Par conséquent, les stratégies visant à limiter les effets du réchauffement climatique pourraient être bâties sur des informations incomplètes, fragilisant encore davantage les populations les plus vulnérables.
Face à ces révélations, la communauté scientifique reste divisée. Certains chercheurs soulignent que l’amélioration des images satellitaires et le renforcement des méthodes de collecte de données dans plusieurs pays pourraient réduire l’ampleur du problème. D’autres contestent l’ampleur de la sous-estimation avancée par l’université d’Aalto, estimant que l’erreur pourrait concerner des centaines de millions de personnes plutôt que plusieurs milliards. Pourtant, même un écart de cette magnitude suffirait à avoir un impact significatif.
La question de l’optimisation des méthodes de recensement reste donc ouverte. Les experts insistent sur la nécessité d’investissements accrus dans les technologies de suivi démographique, en particulier dans les zones reculées, où les données sont souvent fragmentaires.
Les chercheurs suggèrent aussi l’adoption d’approches innovantes, comme l’analyse d’images satellites via l’intelligence artificielle ou encore les enquêtes menées par téléphone mobile. Ces nouvelles méthodes pourraient réduire la marge d’erreur et garantir une prise en compte plus exhaustive des populations, renforçant ainsi la fiabilité des données démographiques mondiales.
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