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Le Wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, a affirmé que la mise en place d’un « dirham numérique » ne se concrétisera pas dans un avenir proche, mais plutôt à moyen ou long terme. Selon lui, cette transition implique des défis complexes et nécessite une phase d’expérimentation approfondie afin d’évaluer son impact sur les équilibres financiers et macroéconomiques.
S’exprimant lors d’une conférence de presse tenue à l’issue de la première réunion trimestrielle du Conseil d’administration de BAM pour l’année 2025, Jouahri a souligné que l’adoption des monnaies numériques par les banques centrales varie considérablement d’un pays à l’autre. « Certains pays ont réalisé des avancées significatives dans ce domaine, tandis que d’autres n’en sont qu’à leurs prémices. Le Maroc, quant à lui, se situe à mi-chemin », a-t-il expliqué.
En effet, Jouahri a précisé que la monnaie numérique de la banque centrale est désormais une priorité pour BAM, après l’achèvement des travaux de réglementation et d’encadrement des actifs cryptographiques. Rappelant le travail de fond accompli, il a indiqué que la banque centrale a consacré trois années à l’élaboration d’un projet de loi sur ces actifs.
« Nous avons désormais finalisé l’avant-projet de loi relatif aux actifs cryptographiques et l’avons transmis au ministère de l’Économie et des Finances, qui a constitué une commission spécialisée pour en examiner les contours et préparer son adoption », a-t-il précisé.
S’agissant du dirham numérique, il a révélé qu’une équipe dédiée au sein de Bank Al-Maghrib est actuellement mobilisée sur ce projet. Toutefois, il a insisté sur le fait que les objectifs d’une monnaie numérique au Maroc diffèrent fondamentalement de ceux des pays développés. « Ces derniers ne rencontrent aucune difficulté liée à la circulation du cash, et l’ensemble de leur population possède un compte bancaire. Leur intérêt pour les monnaies numériques des banques centrales réside essentiellement dans l’optimisation de leurs marchés financiers », a-t-il expliqué.
« Pour nous, l’enjeu principal reste l’inclusion financière, c’est-à-dire permettre à un plus grand nombre de citoyens d’accéder au système bancaire, réduire la circulation des espèces et favoriser le financement des petites et moyennes entreprises », a-t-il ajouté.
Jouahri a également insisté sur la nécessité d’une expertise technique approfondie pour mener à bien ce projet. « Sur le plan technique, nous bénéficions du soutien de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. Néanmoins, plusieurs considérations doivent être prises en compte, notamment l’impact de cette monnaie numérique sur les transferts des Marocains résidant à l’étranger », a-t-il souligné, rappelant que ces transferts constituent un levier économique stratégique pour le pays.
Dans cette optique, il a annoncé un partenariat entre le Maroc et l’Égypte en vue de mener une expérimentation conjointe autour d’une monnaie virtuelle pilote et d’en analyser les résultats. « Nous avons choisi l’Égypte pour cette collaboration technique, et non un pays européen, car son économie présente des similitudes avec celle du Maroc. Cette expérience nous permettra d’évaluer les implications potentielles d’une telle monnaie sur la politique monétaire et la stabilité financière », a-t-il expliqué.
Enfin, Jouahri a insisté sur le fait que « ce projet s’inscrit dans une perspective de moyen et long terme, nécessitant une culture financière adaptée et une préparation technique rigoureuse ».
Il convient de noter que Bank Al-Maghrib a tenu, hier mardi à Rabat, sa première réunion trimestrielle de l’année 2025. À cette occasion, le Conseil d’administration a décidé une nouvelle réduction du taux directeur – la deuxième consécutive –, abaissant ce dernier de 25 points de base, pour le faire passer de 2,5 % à 2,25 %.
Dans un communiqué publié à l’issue de la réunion, la banque centrale a précisé que « compte tenu de l’évolution anticipée de l’inflation à des niveaux conformes à l’objectif de stabilité des prix, et dans l’optique de renforcer le soutien à l’activité économique et à l’emploi, le Conseil a décidé de réduire, pour la deuxième fois consécutive et la troisième fois depuis juin dernier, le taux directeur de 25 points de base, le ramenant ainsi à 2,25 % ».
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