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Les dirigeants des principales centrales syndicales au Maroc ont exprimé leur ferme opposition à l’avis rendu par le Conseil national des droits de l’homme (CNDH), qui affirme que le principe du « salaire contre travail » est « non incompatible avec les libertés syndicales ». Ces responsables syndicaux ont unanimement souligné que ce principe, qui n’a jamais été appliqué dans sa forme actuelle au Maroc, constitue une atteinte grave à la liberté syndicale et une attaque frontale contre le droit de grève.
Dans une déclaration à Hespress, les leaders syndicaux ont rejeté l’avis de l’institution, émis dans le cadre du projet de loi organique n° 97.15, qui définit les conditions et modalités d’exercice du droit de grève, demandé par la Chambre des représentants. Bien que l’avis se soit fondé sur des décisions judiciaires et des comparaisons avec la législation française ainsi que le Code du travail marocain, il n’a pas réussi à convaincre les syndicats, qui ont cependant qualifié la note de manière générale de « positive ».
Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’Union marocaine du travail (UMT), a vivement critiqué l’entité responsable de la rédaction de cette note. Il a affirmé que « ceux qui ont réalisé cette opération suscitent des doutes quant à leur connaissance approfondie des enjeux en jeu », ajoutant qu’il n’était pas nécessaire de se référer à la législation française pour évaluer cette question. Il a aussi insisté sur le fait que « la grève est un droit universel, garanti à tous. Elle ne doit pas être considérée comme un sport auquel les travailleurs recourent à leur guise ; elle est déclenchée dans des conditions spécifiques et en réponse à des circonstances qui en font la dernière option, après une préparation à des retenues salariales ».
Dans un entretien accordé à Hespress, Moukharik a précisé que « la note du Conseil des droits de l’homme s’inscrit dans une continuité des propositions syndicales, poursuivant le travail initié par le Conseil économique, social et environnemental ». Il a exprimé sa surprise face à ce qu’il considère comme un « manquement » de la part du gouvernement, ainsi qu’à son « ignorance » des deux institutions, en affirmant qu’« afin de faire adopter cette loi controversée sur la grève, le gouvernement l’a transférée à la Commission des secteurs sociaux, alors qu’il n’a pas encore achevé le processus de négociation avec les syndicats à ce sujet ».
Le secrétaire général de l’UMT a souligné que « le round d’octobre du dialogue social a perdu toute crédibilité en raison de ce manquement à la méthodologie participative concernant ce projet de loi ». Il a ainsi considéré que « le gouvernement a montré qu’il engageait un dialogue de mauvaise foi. Quel type de dialogue social peut-on espérer dans ce cadre, alors que cette ronde est déjà en retard par rapport à son calendrier ? Ce processus semble effectivement perdre sa crédibilité ».
Khalid Alami Lahouir, vice-secrétaire général de la Confédération démocratique du travail (CDT), a apporté son soutien à la position de son « camarade » Moukharik, rejetant également le principe du « salaire contre travail », qu’il voit comme une atteinte à un acquis historique. Il a rappelé que « ce principe n’a vu le jour au Maroc qu’avec l’arrivée d’Abdelilah Benkirane à la tête du gouvernement ». Il a ajouté que « la destruction de cet acquis est survenue comme une innovation tardive, alors que les libertés syndicales sont garanties par des conventions internationales ».
Dans une déclaration à Hespress, Lahouir a souligné que « ce qui est particulièrement préoccupant, c’est que le gouvernement s’entête dans une stratégie de fuite en avant, tentant d’exploiter sa majorité pour faire passer le texte de loi ».
D’ailleurs, il a qualifié cette approche de « logique inacceptable qui détruit les chances d’un véritable contrat entre le gouvernement et les représentants sociaux. Cela constitue également une déviation de ses engagements, nous ramenant à un point mort, et semant le doute quant aux mécanismes du dialogue social. À chaque fois, nous faisons face à des obstacles dans l’exécution des engagements ».
Dans ce sens, le dirigeant syndical a appelé « toutes les forces vives – politiques, syndicales et associatives – à se rassembler pour défendre le droit de grève et s’opposer à l’adoption de la loi qui le menace ». « Le projet de ce texte est en contradiction avec la Constitution et nous ramène des années en arrière », notant qu’il s’agit« d’un chemin clair vers l’élimination des droits restants de la classe ouvrière et des mécanismes de pression prévus par les conventions internationales », a-t-il estimé.
Il est important de noter que le site de la Chambre des représentants a récemment annoncé que Younes Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, tiendra une réunion avec la Commission des secteurs sociaux de la Chambre, le mercredi 23 octobre prochain, pour discuter en détail des articles du projet de loi organique n° 97.15, relatif à la détermination des conditions et modalités d’exercice du droit de grève.
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