Posted by - Senbookpro KAAYXOL -
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Les récentes déclarations de l’ancien chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, également secrétaire général du Parti de la Justice et du Développement (PJD), invitant les jeunes filles à « ne pas rater une opportunité de mariage, même si elles n’ont pas terminé leurs études », continuent de susciter la polémique. Cela est d’autant plus vrai lorsque l’Organisation des femmes du Parti de la Justice et du Développement (OFJD), censée connaître la réalité de certaines femmes n’ayant suivi ni études ni carrière professionnelle et confrontées à un mari tyrannique, est sortie pour défendre la position de Benkirane, estimant que ses propos ont été «sortis de leur contexte » et « déformés » dans le cadre d’« interprétations tendancieuses ».
Face à ses propos, l’organisation Kif Mama Kif Baba, appuyée par plusieurs associations engagées pour l’égalité, exprime sa profonde inquiétude. Dans un communiqué, l’association tient à rappeler que les propos de Benkirane « ne sont ni sortis de leur contexte, ni déformés ». Filmées et diffusées en intégralité, ses déclarations exhortant les jeunes filles à privilégier le mariage à la poursuite de leurs études sont « explicites », souligne Kif Mama Kif Baba. Dans un pays où les droits des filles restent fragiles et où des milliers de jeunes femmes quittent chaque année les bancs de l’école sous la pression sociale, économique ou culturelle, l’association juge ces propos « dangereux ».
« Le respect et la dignité des femmes ne peuvent exister sans autonomie », martèle Kif Mama Kif Baba. En ramenant les jeunes filles à leur seule fonction matrimoniale, l’Organisation des Femmes Justice et Développement « contredit les principes fondamentaux d’égalité », souligne l’association. Promouvoir la dignité, poursuit-elle, c’est avant tout « garantir l’accès à l’éducation, à la santé, à la liberté de choix et à une vie sans violence ».
97 % des filles mariées avant 18 ans quittent l’école
Les chiffres, cités par le ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi en 2024, sont sans appel : 97 % des filles mariées avant 18 ans abandonnent leur scolarité. Pour Kif Mama Kif Baba, il ne fait aucun doute que « dans la majorité des cas, les filles qui se marient précocement quittent l’école ». Au-delà de la déscolarisation massive, le mariage précoce entraîne également « une dépendance économique accrue, une exposition aux violences et un frein durable à leur autonomie ».
L’organisation rejette donc catégoriquement l’idée selon laquelle études et mariage précoce pourraient coexister : « Non, le mariage à 16 ans et les études ne font pas bon ménage ».
Une évolution sociétale qualifiée de « manipulation idéologique »
Le recul du mariage précoce n’est pas une menace pour les valeurs marocaines, affirme l’association : il s’agit au contraire d’un véritable choix de société. « Les jeunes — filles et garçons — aspirent à des vies choisies, à des unions fondées sur l’égalité, et à des parcours qui ne sacrifient pas l’éducation ou l’émancipation », souligne Kif Mama Kif Baba. Dès lors, « présenter cette évolution comme une crise morale est une manipulation idéologique ».
Depuis plusieurs décennies, les associations féministes marocaines luttent contre le mariage des mineures, accompagnent les victimes de violences, et sensibilisent à l’égalité. Kif Mama Kif Baba tient à rappeler que ces organisations « pallient l’inaction de l’État dans de nombreuses régions, et que leurs actions sont documentées, tangibles et porteuses d’un réel impact ».
Face au discours du PJD et de son organisation féminine, l’association insiste : « Le mariage n’est pas la seule voie d’épanouissement pour les filles ». L’accomplissement personnel passe par « la liberté de choisir son avenir, par l’accès à la connaissance, par la possibilité d’agir dans la cité ». Selon l’association, « imposer une norme unique, c’est nier la diversité des aspirations et renforcer le contrôle patriarcal ».
Pour Kif Mama Kif Baba, la réponse à ces discours rétrogrades se trouve dans les textes fondamentaux du Royaume : « Le Maroc s’est engagé, à travers sa Constitution (article 19) et ses conventions internationales, à garantir l’égalité entre les sexes. Aucun référentiel culturel, aussi respectable soit-il, ne peut justifier une régression des droits ».
L’association prévient aussi que « l’État de droit ne peut être subordonné à une vision conservatrice des rôles de genre ».
Si le débat démocratique est jugé « fondamental » par l’association, celle-ci précise qu’il a ses limites, « celles posées par les droits humains universels ». La liberté d’expression « ne doit jamais servir de prétexte pour propager des messages sexistes ou dangereux pour les filles », estime Kif Mama Kif Baba qui rappelle que « défendre l’égalité n’est pas une opinion, c’est un devoir constitutionnel ».
Pour l’organisation, les propos de Benkirane « ne sont pas anecdotiques ». Ils participent d’une stratégie « plus large de reconquête idéologique, visant à réinstaurer des normes patriarcales au détriment des acquis en matière de droits des femmes ». Le communiqué du PJD et de son organisation féminine serait, selon elle, une tentative de « naturaliser le mariage comme unique voie légitime pour les filles, et ce, au moment même où le Maroc entame une réforme de la Moudawana ». Un calendrier jugé non fortuit par Kif Mama Kif Baba.
Face à ces tentatives de régression, l’association appelle les forces progressistes à « faire entendre un autre récit : celui d’une jeunesse féminine libre, éduquée, et actrice de son destin ».
Un appel au dialogue resté sans réponse
L’association rappelle qu’elle avait convié les représentantes du PJD « à une table ronde sur la réforme du Code de la famille, organisée à Casablanca le 6 mars 2025 ». Une invitation restée lettre morte.« Aucun membre du parti n’a répondu à l’appel », déplore Kif Mama Kif Baba, qui conclut que « le dialogue ne peut se faire à sens unique ».
Enfin, elle appelle les institutions publiques, les organisations de la société civile, les médias et l’ensemble des citoyennes et citoyens « à se mobiliser pour rappeler que chaque fille a le droit de rêver, d’apprendre, de choisir. Sans condition. Sans injonction ».
Et de conclure sans détour : « Les droits des filles ne sont pas négociables. L’égalité ne se marchande pas. L’avenir des jeunes femmes marocaines ne peut être dicté par des logiques patriarcales ».
The post Droits des filles : les femmes du PJD accusées de banaliser le discours de Benkirane appeared first on Hespress Français - Actualités du Maroc.
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