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Malgré des promesses répétées de révision du salaire minimum légal dans le cadre d’un état social soucieux de l’intérêt général, la réalité des travailleurs marocains reste préoccupante. Alors que les prix s’envolent, des voix, comme celle d’El Houssine Yamani, plaident pour une refonte du cadre réglementaire du travail et une application effective des lois en vigueur.
Prônant dans tous les discours un état social soucieux de l’intérêt général des citoyens, le gouvernement promet, à plusieurs reprises de revoir le salaire minimum légal. Cependant, pour plusieurs, la réalité est loin d’être satisfaisante surtout dans un monde où les prix jouent aux montagnes russes.
Dans une réaction envoyée à Hespress FR, El Houssine Yamani, activiste social, a plaidé pour une refonte du cadre réglementaire du travail. “Depuis la fin du XIXᵉ siècle, le droit social a émergé comme un levier essentiel pour réduire l’exploitation des travailleurs dans un contexte de développement industriel rapide. Parmi les mesures introduites figurent des règles impératives visant à protéger les droits des salariés, notamment l’instauration d’un salaire minimum légal (SMIG). Ce dernier est conçu comme une garantie d’un revenu minimal assurant un niveau de vie décent”, rappelle-t-il. Pourtant, au Maroc, un écart significatif persiste entre les intentions du législateur et la réalité vécue par la majorité des travailleurs.
Le Code du travail marocain prévoit, dans son article 356, que : « Le salaire minimum légal, dans les activités agricoles et non agricoles, ne peut être inférieur aux montants fixés par un texte réglementaire, après consultation des organisations professionnelles des employeurs et des organisations syndicales des salariés les plus représentatives. »
De plus, l’article 358 définit le salaire minimum légal comme : « Le montant minimal garanti à un salarié, lui permettant d’assurer un pouvoir d’achat suffisant pour suivre l’évolution des prix, tout en contribuant au développement économique et social ainsi qu’à l’amélioration de l’entreprise. »
Suite à des négociations tripartites impliquant syndicats, employeurs et gouvernement, un décret daté du 3 janvier 2025 a établi les nouveaux barèmes du salaire minimum : Activités non agricoles : 17,10 dirhams par heure, applicable dès le 1er janvier 2025. Activités agricoles : 93 dirhams par jour, effectif à partir du 1er avril 2025.
Avec une durée mensuelle de travail de 191 heures pour les activités non agricoles, le salaire mensuel atteint ainsi 3.260 dirhams, soit 109 dirhams par jour (sur une base de 30 jours). Quant aux activités agricoles, le salaire mensuel s’élève à 2.418 dirhams, soit une moyenne de 81 dirhams par jour.
Engagé pour le défense des droits des Marocains, El Yamani juge que “ malgré les dispositions légales visant à garantir un niveau de vie décent pour tous les travailleurs, plusieurs facteurs contribuent à un décalage profond entre la loi et son application effective”.
Pour lui : une part importante des salariés, dans les secteurs agricole, industriel, commercial et des services, travaille en dehors de tout cadre légal. Cette situation est tolérée par les autorités censées veiller à l’application des lois en vigueur. En résulte une prolifération du travail non déclaré, privant les travailleurs de leurs droits fondamentaux.
L’objectif initial du salaire minimum était d’assurer un pouvoir d’achat suffisant pour suivre l’évolution des prix. Or, face à la flambée des prix des produits de première nécessité (loyers dépassant 1.500 dirhams, légumes à plus de 10 dirhams/kg, viande rouge à 100 dirhams/kg, volaille à 20 dirhams/kg…), cet objectif est devenu inatteignable. La suppression des subventions et la libéralisation des prix ont accentué cette situation, rendant le SMIG obsolète pour couvrir les besoins essentiels des travailleurs.
“La politique de libéralisation des prix, sans accompagnement social approprié, a creusé l’écart entre les revenus et les dépenses minimales. Cette déconnexion entre les lois sociales et la réalité économique menace le tissu social et alimente les tensions”, réitère-t-il.
Pour répondre aux enjeux actuels, il est essentiel d’adopter une approche globale visant à renforcer les droits des travailleurs tout en réduisant les inégalités : El Yamani exhorte les autorités à intensifier les contrôles pour combattre le travail non déclaré et contraindre les employeurs à respecter leurs obligations sociales. La criminalisation des pratiques de contournement des lois sociales est un préalable nécessaire pour assurer l’équité.
De plus, une augmentation réelle et substantielle du SMIG est indispensable pour garantir un niveau de vie décent. “Il est absurde qu’un travailleur isolé, sans charge familiale, peine à survivre avec 109 dirhams par jour, un montant insuffisant pour couvrir les besoins de base”, se désole El Yamani.
En outre, l’État doit réévaluer sa politique de libéralisation des prix en imposant un plafonnement des tarifs des produits de première nécessité et en réintroduisant des subventions ciblées pour réduire la pression financière sur les ménages à faibles revenus.
Et de conclure, El Yamani attire l’attention à un point on ne peut plus important : “Alors que des discussions sur le projet de loi réglementant le droit de grève sont en cours, une mobilisation sociale visant une revalorisation du SMIG pourrait, paradoxalement, devenir illégale si cette loi est adoptée. Cette situation met en lumière les contradictions entre les discours sur l’État social et la réalité des politiques publiques. Il est urgent que les autorités prennent des mesures concrètes pour réconcilier les aspirations sociales avec une économie équitable et durable”.
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