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Dans une missive poignante autant que cinglante, Ahmed Toufiq, ministre des Habous et des Affaires islamiques, sort de son silence et s’offre à un exercice de rhétorique. Le destinataire ? Nul autre qu’Abdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la Justice et du Développement (PJD), alias « le Parti de la Lampe », connu pour allumer des débats qui parfois chauffent plus qu’ils n’éclairent.
Tout débute par une accusation qui a fait sortir Ahmed Toufiq de ses gonds : Benkirane aurait attribué au ministre des Habous des propos qu’il nie vigoureusement. « Vous avez laissé entendre que j’aurais dit que l’État marocain est laïque. Faux et archifaux !« , rétorque le ministre, rappelant avec emphase que l’État marocain repose sur la religion islamique, qu’il sert avec dévotion depuis plus de vingt ans.
Enervé par les propos de Benkirane, Toufiq ne s’arrête pas là, il détaille : « vous auriez dû m’appeler« , sermonne-t-il. « Au lieu de cela, vous avez préféré vous ériger en tribun, déformant mes paroles pour mieux attiser la flamme partisane. » Une accusation de « calomnie » déguisée en un conseil de courtoisie, certes, mais qui sonne comme une mise en garde bien claire : attention à ne pas trop jouer avec le feu.
Le ministre en saisit l’occasion pour mettre en lumière l’ironie d’un chef de parti islamiste opérant dans un système qu’il qualifie, sans détour, de « largement inspiré de la laïcité occidentale« . Élections, lois rationnelles, coalitions gouvernementales : autant de pratiques qui, selon lui, empruntent plus à l’Occident séculier qu’aux préceptes d’un quelconque dogme religieux. Un rappel grinçant de la complexité d’un système où les convictions idéologiques flirtent dansent avec les impératifs pragmatiques.
Dans un passage plus grinçant encore, Toufiq évoque les « libertés individuelles » inscrites dans la Constitution, que Benkirane aurait, selon lui, négligées lors de son passage au gouvernement. « Vous auriez dû protéger ces libertés comme le stipule notre loi fondamentale« , assène-t-il, avant de suggérer que le PJD, bien que prompt à revendiquer une moralité religieuse, fonctionne dans une « cuisine politique » où mijotent aussi des ingrédients séculiers.
Néanmoins la lettre de Toufiq ne se limite pas à des piques personnelles. Avec un ton quasi-philosophique, il rappelle que l’histoire, celle du Maroc comme celle du monde, est façonnée par des « décrets divins » et des « lois universelles« . Et c’est là que le ministre, en sage réconciliateur, évoque l’équilibre marocain unique, où le commandeur des croyants (Amir Al Mouminine) protège à la fois la foi et les valeurs rationnelles. Une « recette » qui permet, selon lui, d’éviter une laïcité à la française tout en adoptant les avancées du modernisme.
Empreinte d’une intelligence remarquée, la conclusion invite Benkirane à méditer sur la portée de ses discours. « Je n’écris pas pour vous convaincre, mais pour exposer ma plainte à Celui qui entend tout. Quant à vous, vous serez l’un des témoins. » Une manière élégante de dire : l’histoire tranchera, mais en attendant, l’opinion publique a largement de quoi débattre. Éclairant ou enflammant le paysage politique marocain, la réponse de Benkirane ajoutera des éléments à cette joute verbale.
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