L’un des témoins clés dans l’affaire du narcotrafiquant international El Hadj Ahmed Ben Brahim, surnommé « l’Escobar du Sahara », a livré des révélations détaillées sur la relation entre ce dernier et son ex-épouse, Latifa Raâfat.
La chanteuse, présente ce jeudi dans le hall du tribunal sans toutefois pénétrer dans la salle d’audience, avait été convoquée comme témoin dans le dossier impliquant Saïd Naciri, ancien président du Wydad de Casablanca, et Abdenbi Bioui, ex-président du Conseil régional de l’Oriental. Selon les déclarations du témoin, un certain Toufik Z., entendu par la Cour, « elle représentait un véritable rempart, empêchant les rencontres entre El Hadj Ahmed Ben Brahim, Naciri et Bioui ».
Le témoin a précisé que le narcotrafiquant s’était marié à celle qu’il désignait sous le nom de « El Hajja », avec laquelle il vivait dans sa résidence à Rabat, avant de s’installer avec elle dans une villa du quartier Californie, à Casablanca.
Toufik Z. a affirmé que Latifa Raafat « était une femme respectable, je ne l’ai jamais vue tenir une cigarette ou un verre d’alcool. Après leur installation dans la villa, sa présence a permis de remettre de l’ordre dans les lieux, ce n’était plus comme avant », a-t-il déclaré en audience.
Le témoin a insisté : « El Hajja était une femme conservatrice, refusant catégoriquement les soirées et les réceptions. Mais El Haj Ahmed Ben Ibrahim ne tenait pas compte de ses refus et poursuivait sa vie mondaine et festive comme si de rien n’était ».
Toufik Z. a par ailleurs raconté que Latifa Raâfat avait subi, une nuit, une agression physique de la part de son mari, rentré chez lui en état d’ébriété. Elle aurait toutefois refusé tout conflit, se contentant de demander le divorce avant de quitter la villa.
Le témoin, qui travaillait auprès d’El Hadj Ahmed Ben Brahim, détenteur de la nationalité malienne, a également révélé qu’une « fête de la victoire » avait été organisée pour célébrer le divorce de Latifa Raâfat.
« Un grand poste radio a été installé, Naciri a ramené un CD de sa voiture et a longuement dansé au rythme de la chanson de Saad Lamjarred « Nti Baghiya Wahed »», a-t-il déclaré, ajoutant que la présence de Raâfat constituait un obstacle majeur aux rencontres entre Naciri, El Hadj et Bioui.
Toufik Z. a par ailleurs révélé que lors de la détention d’El Hadj Ahmed Ben Brahim en Mauritanie, celui-ci bénéficiait de conditions de détention luxueuses : « Lors de ma visite à la prison de Nouadhibou, j’ai été accueilli chaleureusement, ce n’était pas une prison à proprement parler, il logeait dans un espace digne et bien aménagé ».
Il a également affirmé qu’en 2019, El Hadj Ahmed Ben Brahim l’avait contacté depuis la prison d’El Jadida, l’informant de sa condamnation à dix ans de réclusion et lui demandant de prendre contact avec Saïd Naciri et Abdenbi Bioui afin qu’ils lui versent son « dû ».
Concernant la nature des liens unissant El Haj Ahmed Ben Brahim aux deux personnalités politiques, le témoin a assuré que « leur relation était étroite. Naciri passait beaucoup plus de temps avec El Hadj que Bioui, qui, lui, ne restait jamais plus d’une demi-heure avant de quitter les lieux ».
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