Une étude récente, menée par les chercheurs Yassine Bouchouar et Khadija Boufous et publiée dans la revue marocaines des lettres et sciences humaines “Chercheurs”, met en lumière les défis rencontrés par les chercheurs marocains dans l’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans leurs travaux académiques. Selon cette étude, 87 % des chercheurs dans le domaine des sciences sociales au Maroc utilisent des outils d’IA gratuits, souvent peu efficaces et insuffisants pour répondre aux exigences de la recherche scientifique.

Portant sur la réalité de l’utilisation de l’IA dans la recherche scientifique au Maroc, l’étude révèle une certaine réticence dans l’adoption de ces technologies, malgré leur potentiel évident pour transformer les pratiques de recherche. Si les outils d’IA sont de plus en plus accessibles, leur utilisation dans le domaine académique n’a pas encore atteint un niveau suffisant pour garantir une fiabilité et une constance nécessaires. En effet, bien que ces outils puissent faciliter certains processus de recherche, leur efficacité reste un point de friction majeur.

Les chercheurs marocains, selon l’étude, utilisent principalement des outils gratuits, car ces derniers sont plus accessibles, mais ces derniers sont souvent jugés insuffisants en termes de performance scientifique. Ils ne parviennent pas à répondre aux besoins spécifiques des chercheurs comparés aux solutions payantes, qui offrent des résultats plus précis et plus fiables. Ce fossé technologique constitue un frein majeur à une adoption généralisée de l’IA.

Un autre obstacle significatif à l’adoption des outils d’IA réside dans la préoccupation éthique des chercheurs. Ceux ayant une longue expérience dans le domaine de la recherche scientifique craignent les risques associés à l’utilisation de ces technologies, notamment en ce qui concerne la confidentialité des données, l’intégrité des recherches et l’indépendance intellectuelle. L’impact potentiel de l’IA sur l’honnêteté scientifique et la transparence soulève également de nombreuses interrogations parmi les chercheurs.

Certains craignent qu’une trop grande dépendance aux outils d’IA ne remette en question la rigueur méthodologique et les principes fondamentaux de la recherche scientifique. En effet, ces outils, bien que puissants, sont encore perçus par certains comme susceptibles de dénaturer les processus de validation et de vérification des résultats, éléments cruciaux dans les sciences sociales.

Dans le domaine des sciences sociales, l’étude révèle que de nombreux chercheurs estiment que l’IA ne devrait être utilisée que dans des domaines spécifiques et précis, comme l’analyse de données quantitatives ou la traduction automatique. Pour les travaux plus qualitatifs, l’intervention humaine demeure jugée indispensable pour garantir la pertinence et la rigueur des résultats.

Cependant, l’étude montre également que les chercheurs marocains peinent à s’entendre sur la question de savoir si l’utilisation de l’IA dans la préparation des recherches sociales constitue ou non une atteinte à l’intégrité scientifique. Cette incertitude souligne un manque de consensus dans la communauté académique sur la manière dont ces outils devraient être utilisés, et soulève des interrogations sur la compatibilité de l’IA avec les valeurs éthiques traditionnelles du milieu scientifique.

L’étude de Bouchouar et Boufous met donc en lumière les défis multiples que les chercheurs marocains rencontrent dans l’intégration de l’intelligence artificielle à leurs pratiques académiques. Si l’IA peut indéniablement améliorer certaines facettes de la recherche scientifique, son adoption reste encore fragile, freinée par des préoccupations éthiques et une efficacité jugée insuffisante des outils gratuits.

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