Des informations avaient circulé récemment, faisant état de la découverte par la société « Europa Oil & Gas » d’un champ pétrolier au large des côtes de la ville d’Agadir, avec près d’un milliard de barils, une quantité équivalente à la demande du Maroc pour une période de près de 15 ans. Le journal espagnol « El Economista » a apporté un démenti, précisant qu’il s’agissait d’une mauvaise interprétation des chiffres relatifs aux « ressources exploratoires » fournies par la société britannique dans le but d’attirer l’attention des investisseurs, avant que la licence ne soit abandonnée définitivement faute de financement pour le projet.

Selon le quotidien, qui cite Jorge Navarro, vice-président de l’Association des géologues et géophysiciens espagnols dans le domaine pétrolier (AGGEP) et professeur à l’Université polytechnique de Madrid, l’annonce de cette « fausse découverte » n’est pas nouvelle, puisqu’elle remonte à 2022. Navarro a expliqué que cette histoire avait débuté par une mauvaise interprétation des chiffres des ressources exploratoires (c’est-à-dire non encore découvertes) que la société pétrolière britannique avait communiqués.

El Economista a souligné que la société s’était limitée à établir et publier une liste des opportunités potentielles en se basant sur la réinterprétation de données existantes, dans le but d’attirer l’attention des investisseurs et des entreprises pour financer le forage d’un puits exploratoire dans les eaux situées entre le Maroc et les îles Canaries. Malgré cela, certains médias ont publié des rapports à l’époque et continuent de le faire aujourd’hui, évoquant une grande découverte pétrolière. Cependant, la réalité est que « tant qu’un puits exploratoire n’a pas été foré et que la présence de pétrole n’a pas été prouvée, il ne s’agit pas d’une découverte« .

D’après la même source, toute cette polémique médiatique repose sur ce qui est qualifié de découverte pétrolière à partir d’un document préparé par « Europa Oil & Gas » dans le but de trouver un partenaire pour financer le forage d’un puits exploratoire dans la licence d’Inzegane, située dans les eaux marocaines au large des côtes d’Agadir.

L’expert espagnol précise que ce type de document est connu dans le secteur pétrolier sous le terme « farm-out« , qui est utilisé pour proposer la vente d’une part de la licence à d’autres entreprises.

Le professeur Navarro a insisté sur le fait que pour confirmer l’existence d’une telle quantité de pétrole, il serait nécessaire de forer les cinq opportunités exploratoires, c’est-à-dire de réaliser cinq puits exploratoires dans la licence en question, et que tous doivent être positifs et montrer des quantités similaires à celles estimées précédemment. Il a toutefois souligné que ce scénario, bien qu’envisageable théoriquement, nécessiterait des investissements colossaux et un très haut niveau de succès exploratoire.

Le même média a ajouté qu’à ce jour, aucune goutte de pétrole n’a été extraite dans la région. La société britannique avait abandonné la licence d’Inzegane en novembre 2022 après avoir échoué à trouver un partenaire pour financer le projet en raison de son manque de capacités financières et a quitté le pays sans avoir foré un seul puits.

Enfin, Navarro a conclu que cette histoire démontre le « manque de précision, la spéculation et le sensationnalisme avec lesquels certains médias numériques traitent de sujets techniques comme celui-ci, contribuant ainsi à la diffusion d’informations erronées et à l’édification des attentes sans fondement« .

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