Villa Carl Ficke, musée de la mémoire de Casablanca, présente, du 03 décembre 2025 au 25 mars 2026, une exposition dédiée à Mohamed Hamidi qui invite le public à redécouvrir l’intensité et la singularité de ses créations.
L’artiste, qui laisse derrière lui une œuvre d’une richesse foisonnante, dont la lumière continue de rayonner sur la scène artistique aussi bien nationale qu’internationale, est membre fondateur de l’École de Casablanca. Il a marqué l’histoire de l’art moderne marocain par son approche audacieuse et novatrice.
Mohamed Hamidi a su intégrer l’artisanat traditionnel, l’architecture islamique et les symboles amazighs et africains pour créer une écriture plastique propre à lui. Bien qu’il ait toujours gardé un lien avec la figuration, une grande partie de son travail évolue vers l’abstraction et le symbolisme, transformant et réinterprétant les motifs traditionnels (comme ceux des tapis et tatouages) en un langage universel.
Hamidi n’a jamais cessé d’explorer des registres et des codes symboliques intemporels, puisant notamment dans les traditions égyptienne et japonaise, dans une quête visuelle permanente qui a nourri son œuvre d’empreintes multiples.
Véritable amoureux des couleurs, il les préparait souvent lui-même à partir de pigments naturels, cherchant une « entente » subtile entre elles et créant des compositions vibrantes qui évoquent l’ocre des terres ou le bleu profond de son enfance.
L’artiste est souvent décrit comme le peintre du corps humain et du symbole. Dans ses œuvres, le corps se transforme en un véritable « corps-signe », chargé de significations.
À travers cette exposition, la Fondation Nationale des Musées réaffirme son engagement envers la valorisation et la promotion de la création marocaine, en lui accordant une place importante dans la programmation culturelle de ses musées. Elle poursuivra sa mission en présentant, à l’avenir, d’autres initiatives dans le même esprit.
Né à Casablanca en 1941, Mohamed Hamidi fait partie de la première génération d’artistes marocains post-protectorat à fréquenter l’École des Beaux-Arts de Casablanca dès 1956. Il a ensuite poursuivi sa formation à Paris, notamment à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts et à l’École des Métiers d’Art.
Son rôle de pédagogue engagé est fondamental. De 1967 à 1975, il a enseigné à l’École des Beaux-Arts de Casablanca, rejoignant l’équipe pédagogique composée de Farid Belkahia, Mohamed Melehi et Mohamed Chebâa. Ensemble, ils ont jeté les bases d’une nouvelle esthétique plastique, cherchant à concilier modernité et héritage culturel marocain.
Cette synergie fut le moteur du célèbre Mouvement de l’École de Casablanca dont l’engagement s’est conjugué à travers l’exposition-manifeste à la place Jemaa El Fna à Marrakech en 1969, visant à sortir l’art des galeries pour le confronter directement au peuple. Hamidi a également été un membre fondateur de l’Association Marocaine des Arts Plastiques (AMAP).
Au fil de sa carrière, il a multiplié les expositions individuelles et collectives au Maroc et à l’étranger (Paris, Cologne, Barcelone, Tunis, Le Caire…). Sa consécration internationale a été scellée en 2019 lorsque deux de ses œuvres ont intégré les collections du Centre Pompidou à Paris, reconnaissant ainsi son apport majeur à l’histoire de la modernité artistique.
Mohamed Hamidi s’est éteint le 6 octobre 2025 à l’âge de 84 ans, laissant derrière lui un héritage artistique d’une grande richesse.
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