Posted by - Senbookpro KAAYXOL -
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Figure majeure des droits humains au Maroc et protagoniste du documentaire « Fatna, une femme nommée Rachid » d’Hélène Harder, présenté au FIFM, Fatna El Bouih continue de porter avec force le combat pour la dignité, la justice et l’accompagnement des plus vulnérables. À Marrakech, elle revient au micro de Hespress FR, sur son engagement, son rapport au public et l’évolution de la population carcérale au Maroc.
Depuis des décennies, Fatna El Bouih milite pour les droits des prisonniers, des femmes et des mineurs. À Marrakech, la réaction du public face au documentaire retraçant son parcours résonne profondément avec son combat. « La réaction du public, c’est une forme de solidarité. Le plus important, c’est le partage. »
Pour elle, chaque projection est un prolongement naturel de son travail de terrain : créer des espaces où la société peut regarder ses propres blessures. « Partager avec le public vous rapproche de la problématique. Et cette problématique doit être prise en charge par l’ensemble de la société. »
Selon elle, la prison ne doit pas être laissée à l’opacité ni considérée comme l’affaire d’un seul ministère : « L’institution carcérale est une institution publique, comme l’école. Elle doit être portée par les élus, les partis politiques, les militants… par toutes les composantes du changement. »
Une militante façonnée par l’épreuve, tournée vers le présent
Ancienne détenue politique durant les années de plomb, Fatna porte en elle une mémoire vive. Mais loin de s’enfermer dans le passé, elle s’en sert comme d’un moteur pour agir sur les réalités actuelles.
Elle observe depuis plusieurs années une profonde transformation de la population carcérale : « La population a beaucoup changé. La privation de liberté touche de nouvelles tranches d’âge, notamment les jeunes et les scolarisés. »
Pour ces jeunes fragilisés, l’enjeu n’est plus seulement juridique : il est psychologique, social, éducatif : « Les mineurs sont extrêmement fragilisés. On les appelle les enfants en conflit avec la loi. Vous ne pouvez pas travailler avec eux sans émotion, sans fibre sensible. »
Le même constat s’applique aux femmes incarcérées, souvent confrontées à la précarité extrême et à la pauvreté : « Pour les femmes, c’est la fragilité économique. Beaucoup sont des mères célibataires, ou sans soutien familial. »
Cette évolution impose à la société civile de se réinventer : « Nous-mêmes, nous changeons. Nous devons nous adapter aux nouvelles technologies, aux nouveaux moyens de toucher les gens. »
Le sport comme outil de reconstruction : un nouveau projet à Tanger
En plus de son engagement au sein des prisons et auprès des survivantes de violences, Fatna travaille aujourd’hui à diversifier les outils d’insertion des jeunes.
Elle cite notamment son partenariat avec TIBU, organisation reconnue pour ses programmes d’intégration par le sport : « TIBU fait un travail extraordinaire, ils préparent les jeunes à l’insertion par le foot et d’autres sports. »
Elle développe également un projet personnel à Tanger, dans le quartier de Sala Al Arraich : « J’essaie de mettre en place un programme pour travailler avec les jeunes sur le sport, les aider à déconstruire la masculinité toxique et les préparer à la réinsertion économique. »
Pour elle, le sport ne se limite pas au divertissement : c’est un outil d’éducation, de paix et de transformation sociale.
Un combat qui continue, porté par le collectif et la transmission
Les paroles de Fatna El Bouih, à Marrakech comme dans le film d’Hélène Harder, rappellent que la mémoire des années de plomb n’est pas une page tournée, mais un héritage qui doit servir d’alerte et d’apprentissage.
Si les lois progressent, leur application demeure un défi : « Mettre en place des lois, c’est important. Mais les appliquer, c’est très différent, surtout au rythme des changements sociaux et des réalités économiques. »
Ce qu’elle demande aujourd’hui, ce n’est pas seulement de se souvenir, mais d’agir. Et d’agir ensemble : « La question des droits est vaste. Ce travail doit être porté par tous ceux qui croient en l’avenir de ce pays. »
Avec son franc-parler, sa douceur et sa détermination inébranlable, Fatna El Bouih reste une référence pour toutes les générations de militants. Son message, au FIFM comme sur le terrain, est clair : Veiller sur les plus fragiles est une responsabilité collective, un acte politique et humain, une manière de construire l’avenir.
The post Fatna El Bouih : “La prison est une institution publique qui doit nous concerner tous” appeared first on Hespress Français - Actualités du Maroc.
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