Le rappeur marocain ElGrande Toto se retrouve une nouvelle fois au centre d’une vive polémique, à la suite de sa participation à la première édition du Festival de Kénitra. La prestation de l’artiste a été qualifiée par plusieurs observateurs de « catastrophique » et « immorale », en raison de l’utilisation répétée de paroles grossières issues de son répertoire, entendues bien au-delà du public présent, jusque dans les quartiers voisins, selon une plainte déposée contre lui.
L’Association Printemps du Cinéma a officiellement saisi la justice, accusant le rappeur d’atteinte à la pudeur publique. L’organisation dénonce le non-respect des conditions de participation aux événements sponsorisés par des institutions officielles, censés obéir à des normes strictes en matière de décence et de respect des valeurs sociales.
En réaction, ElGrande Toto a publié des vidéos dans lesquelles il attaque verbalement l’association plaignante, usant une fois de plus d’injures et d’invectives, tout en annonçant son départ pour la France et son refus de se plier aux procédures.
Ce n’est pas la première fois que l’artiste déchaîne les critiques. Lors du Festival Mawazine, il avait déjà suscité l’indignation en interprétant des titres jugés vulgaires, provoquant une vague de plaintes — plus de 190 adressées à la HACA après la diffusion de son concert sur 2M — qui avaient toutefois été classées sans suite. En 2022, il avait également déclenché une tempête médiatique après avoir publiquement évoqué sa consommation de cannabis lors d’une conférence de presse organisée par le ministère de la Culture.
Si une partie de l’opinion publique considère que son art traduit une dérive artistique et morale, certains observateurs estiment au contraire que Toto incarne un style novateur et contribue au rayonnement international du rap marocain. Ses partisans voient en lui un artiste à la stature internationale, capable de représenter le pays dans des rendez-vous musicaux majeurs.
Au-delà du cas ElGrande Toto, cette polémique illustre la fracture qui persiste autour de la place du rap dans l’espace public marocain. Très suivi par les jeunes et les adolescents, ce genre musical est perçu par ses admirateurs comme un vecteur d’expression et de diversité, mais reste critiqué par une large frange de la société qui y voit une incitation aux comportements déviants et à la banalisation de la vulgarité.
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