Posted by - Senbookpro KAAYXOL -
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La cinéaste belgo-marocaine Karima Saïdi présente cette année au Festival international du film de Marrakech « Ceux qui veillent », sélectionné dans la section Panorama marocain. Après une première mondiale à l’IDFA et un passage remarqué au Cinemamed de Bruxelles, la réalisatrice offre au public marocain un film profondément humain, ancré dans les thématiques qui traversent son œuvre : la filiation, l’exil, la transmission et la manière dont les vivants continuent de dialoguer avec leurs morts.
Pour Karima Saïdi, présenter Ceux qui veillent à Marrakech ne relève pas d’un simple passage en festival : c’est un geste intime et symbolique.
« Étant d’origine marocaine, venir montrer ce film ici est très important pour moi », confie-t-elle, encore émue de la projection de la veille. « J’ai une immense joie, et même une immense fierté, de commencer par le public marocain », ajoute la réalisatrice.
La cinéaste connaît bien le festival : elle avait participé aux Ateliers de l’Atlas il y a quelques années. Revenir aujourd’hui avec un long métrage abouti crée une forme de boucle artistique.
« Le FIFM est un festival d’une excellente qualité, avec un accueil merveilleux. Apprendre que mon film pourrait toucher le public marocain m’a profondément émue».
Ceux qui veillent prolonge les thématiques qui habitaient déjà son premier long métrage, Dans la maison, consacré à sa mère atteinte d’Alzheimer. C’est encore elle, sa mère, qui se trouve à l’origine de ce nouveau projet.
« Ma mère m’avait demandé : quand le moment viendra, je voudrais être enterrée près de mes enfants », raconte-t-elle.
Vivant à Bruxelles, Saïdi se met alors en quête d’un lieu correspondant à ses traditions funéraires. C’est ainsi qu’elle découvre le cimetière multiconfessionnel de Bruxelles, premier espace en Belgique à accueillir des défunts selon leurs propres rites : musulmans, juifs, orthodoxes…
« Le film précédent se terminait sur sa tombe. Ici, j’ouvre le film avec sa tombe, des années plus tard, pleine de fleurs et de vie, avec ma petite fille », dit-elle.
À partir de cette tombe, un territoire se dévoile. La cinéaste part alors à la rencontre des «voisins» de sa mère : familles, habitués, veilleurs silencieux et gardiens du lieu.
Très vite, Saïdi comprend que ce cimetière n’est pas un simple décor, mais un personnage à part entière. « Ça a toujours été un personnage. C’est un lieu passionnant parce qu’il raconte une ville».
Bruxelles, l’une des villes les plus cosmopolites au monde, s’incarne dans cet espace où se croisent langues, rites, générations et mémoires : « Ce lieu est multiculturel non seulement pour des raisons religieuses, mais parce qu’il représente Bruxelles. Il montre comment des cultures différentes dialoguent avec un même territoire».
Au fil des saisons, Saïdi filme les rituels, les gestes du soin, les visites quotidiennes ou exceptionnelles. Le cimetière respire, s’anime, devient un lieu où la mort laisse paradoxalement toute sa place à la vie.
« C’est un territoire apaisé, sans conflits. Un endroit que chacun peut s’approprier, où il y a une place pour la beauté, pour la vie, pour le lien. »
Le film s’attache à celles et ceux qui viennent entretenir une tombe, parler à leurs disparus, célébrer un anniversaire, partager une sucrerie ou une prière. Pour la cinéaste, veiller dépasse largement l’acte rituel : « C’est une déclinaison : qu’est-ce que c’est, veiller les uns sur les autres ? Le lien entre les vivants et les morts, celui entre l’équipe du cimetière et ce territoire… Tout parle du soin et de l’humanité ».
Dans cet espace, les émotions circulent librement : rires, larmes, souvenirs, silences. Le cimetière devient une métaphore d’une société possible : diverse, apaisée, attentive aux autres.
Ceux qui veillent aborde également la question de l’ancrage des familles migrantes. Pour Karima Saïdi, ce film dit quelque chose de fondamental sur les générations nées ou installées en Europe.
« Quand nos parents choisissent de rester sur leur terre d’accueil, ils cessent d’être des étrangers. Ils nous ancrent, nous, leurs enfants, dans ce territoire ».
Elle ajoute : « Désormais, nous avons des ancêtres en Belgique. Ils font partie de cette terre où ils sont enterrés. Et ils nous relient à ce pays ». Cette idée, rarement formulée dans le cinéma documentaire, prend ici toute sa force symbolique.
Produite par Dérives et coproduite par Sophimages, Les Films du Fleuve et Les Films d’ici, Ceux qui veillent s’inscrit dans une tradition de cinéma du réel délicat et humaniste.
Dans ce sens, Karima Saïdi refuse d’anticiper la réception du film, mais elle en espère la résonance: « Le public n’est pas une personne, c’est une somme d’expériences humaines. Je suis curieuse de savoir ce que les Marocains vont ressentir devant ces gestes, ces offrandes, cette manière de veiller».
Avec Ceux qui veillent, Karima Saïdi signe un documentaire profondément tendre, où les vivants, les morts et les territoires dialoguent.
En filmant ce cimetière unique, elle capture l’essence de ce qui fait société : la solidarité, le soin, le respect, la continuité.
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