Complicités, falsifications de procès-verbaux et exploitation illégale des ressources hydriques… Des rapports confidentiels ont révélé l’implication de nombreux élus et agents d’autorité dans un réseau de forages clandestins dans la région de Casablanca-Settat.
Des documents classés confidentiels, transmis par des autorités provinciales aux services centraux du ministère de l’Intérieur ont mis en lumière un système organisé de forages illégaux dans plusieurs communes urbaines et rurales, particulièrement dans la région Casablanca-Settat, ont révélé des sources bien informées de Hespress. Les rapports évoquent l’influence croissante de réseaux de propriétaires de « sondes » et l’implication directe d’élus, certains étant eux-mêmes propriétaires d’entreprises de forage, dans l’exploitation abusive des nappes phréatiques.
Selon les mêmes sources, ces élus bénéficieraient de complicités au sein de l’autorité locale, notamment de caïds et de pachas, pour contourner les contrôles de la police de l’eau. Les méthodes incluent la falsification de procès-verbaux de mesure de profondeur, l’orientation délibérée des inspections loin des « puits clandestins » et la couverture d’activités illicites sur des terrains agricoles ou dans des lotissements.
De ce fait, l’administration centrale a déclenché une enquête urgente. Une commission d’inspection sera dépêchée dans les provinces de Berrechid, Médiouna et dans la préfecture de Mohammedia. Les rapports notamment citent le cas d’un vice-président de commune à Berrechid pris en flagrant délit de protection d’un forage illégal au profit d’un propriétaire influent, en échange d’un soutien électoral.
Cette opération intervient alors que le ministère de l’Intérieur a engagé la fermeture des puits non autorisés dans les zones menacées d’épuisement de leurs ressources. En Chaouia, où les forages clandestins peuvent atteindre 200 mètres de profondeur, cinq puits illégaux ont récemment été scellés par les autorités. Parallèlement, des enquêtes distinctes visent des réseaux spécialisés dans l’éloignement des équipes d’inspection, avec la complicité présumée d’auxiliaires d’autorité.
Les services centraux ont également reçu des signalements sur des irrégularités dans les procès-verbaux établis par certains caïds pour des puits légalement autorisés. Les relevés de consommation effectués par la police de l’eau révèlent que plusieurs installations servent à l’irrigation ou à des activités industrielles, et non à un usage domestique, en contradiction avec les autorisations délivrées. De nombreuses infractions ont été constatées, notamment sur des terrains utilisés comme entrepôts.
Rappelons qu’une circulaire conjointe des ministères de l’Intérieur et de l’Equipement et de l’Eau avait appelé à la constitution de commissions locales chargées de recenser l’ensemble des puits et forages, de vérifier leur conformité aux normes de sécurité et de sensibiliser les citoyens aux risques encourus. Ces instances, présidées par les walis ou gouverneurs, rassemblent les agences de bassins hydrauliques, les services de l’eau et les représentants des conseils communaux.
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