La rentrée scolaire 2025-2026 s’est ouverte avec son cortège habituel de dépenses, notamment celles liées aux fournitures. Mais cette année, la colère de nombreux parents d’élèves monte d’un cran. En ligne comme dans la rue, ils s’indignent des listes interminables imposées, surtout dans certaines écoles privées, et pointent du doigt des demandes jugées totalement disproportionnées, notamment pour des enfants à peine âgés de 4 ou 5 ans.
« 8 litres de peinture, 12 feutres pour tableaux, 5 paquets de crayons d’une marque spécifique, 4 litres de colle… et la liste est encore longue, alors qu’on paie déjà pour les activités scolaires et parascolaires ! », s’insurge une maman de Rabat au micro de Hespress FR.
Et elle est loin d’être la seule. Sur les réseaux sociaux, les réactions se multiplient. Les publications de parents dépassés par ces exigences font écho à une même indignation. « Ils veulent repeindre l’école, sûrement », ironise un père sur X. Une autre mère confie : « J’ai dû débourser plus de 2.000 dirhams rien que pour la liste de mon fils en maternelle. Je ne comprends pas à quoi peuvent servir toutes ces fournitures pour un enfant qui apprend encore à tenir un crayon ».
Même constat pour Samir, père de deux enfants en école privée à Casablanca : « Quand on additionne les frais d’inscription, la mensualité, les activités et cette liste interminable, c’est étouffant. On a l’impression que chaque rentrée devient un gouffre financier. »
Interpellé par Hespress FR sur cette situation, Noureddine Akkouri, président de la Fédération nationale des associations des parents d’élèves du Maroc (FNAPEM), dénonce une pratique qui s’est normalisée au fil des ans.
« Depuis toujours, les écoles exigent des élèves qu’ils ramènent dix paquets de feuilles, des cahiers d’une qualité bien spécifique et en grande quantité, ainsi que des lots de stylos et de crayons d’une marque précise. C’est une pratique totalement exagérée. Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi les parents, lorsqu’ils reçoivent ces listes de fournitures et les trouvent excessives, ne prennent pas directement contact avec la Fédération. Cela nous permettrait d’intervenir et de faire le nécessaire de notre côté », s’est-il demandé.
Cette inflation des fournitures, poursuit notre interlocuteur, ne fait qu’alourdir un fardeau déjà insoutenable. « Les parents affrontent d’abord les dépenses des vacances d’été, ensuite celles liées aux vêtements de la rentrée, puis les frais d’inscription et de scolarité. Ce n’est pas normal qu’on leur rajoute une charge supplémentaire avec des fournitures inutilisées », estime Akkouri.
Par ailleurs, le président de la FNAPEM insiste sur le rôle que devraient jouer les établissements privés : « Le rôle de l’école privée est de compléter l’école publique et d’apporter une valeur ajoutée aux familles qui s’y tournent, pas d’exiger des fournitures de marques qui ne changent rien à la qualité de l’enseignement ».
Et d’ajouter : « Si les parents achètent le strict nécessaire pour les premiers mois et complètent ensuite en cas de besoin, cela suffit largement. Forcer les familles à dépenser pour du matériel qui restera inutilisé, c’est les ruiner davantage ».
En tant que Fédération, il dénonce fermement ces pratiques et invite les parents à réagir : « Sans plaintes déposées par les parents auprès de la Fédération, nous ne pouvons rien faire. Il faut que les parents signalent ces abus pour que nous puissions saisir le ministère de l’Éducation nationale et intervenir ».
Sur le terrain, de plus en plus de familles disent espérer une régulation rapide. « Nous ne demandons pas l’impossible, juste que les écoles raisonnent leurs listes », souffle Nadia, mère de deux petites filles en maternelle à Rabat. « Acheter pour acheter n’a aucun sens, surtout quand une bonne partie finit par dormir dans les placards de la classe », ajoute-t-elle.
Entre colère, sarcasme et impuissance, les témoignages reflètent un malaise grandissant face à une rentrée qui, pour beaucoup, n’est plus seulement un moment de reprise scolaire, mais une véritable épreuve financière.
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