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Avant même d’avoir pu constituer son gouvernement, le nouveau Premier ministre François Bayrou est en train de vivre une tourmente inédite. La cause : sa préférence d’aller, en tant que maire de la petite ville de Pau, participer au conseil municipal de la ville au lieu d’être à Paris aux côtés du président Emmanuel Macron, en train d’animer une réunion de crise sur la catastrophe qui a frappé Mayotte, un département français d’outre-mer.
Les médias se sont donnés à cœur joie de cette image d’un Premier ministre nouvellement désigné qui, au lieu de se mobiliser pour un enjeu national dramatique, a fait le choix d’aller sur une préoccupation très locale qui ne présente aucune urgence du moment. La communication de François Bayrou s’est auto-enfoncée en tentant de justifier cette démarche et en évoquant des thématiques comme le cumul des mandats, en total décalage avec les urgences du moment.
À voir les réactions des personnalités supposées être des alliés politiques de François Bayrou, le parfum de cohabitation qu’annonce sa venue à Matignon se confirme. Chacun à sa manière avait souligné avec plus ou moins d’emphase cette grande bourde politique de François Bayrou. Alors que les oppositions avaient insisté sur le fait que la place d’un Premier ministre est d’être sur le terrain de la catastrophe en train d’organiser la solidarité nationale, c’est le moment choisi par Emmanuel Macron pour annoncer son déplacement à Mayotte.
En plus de la gestion de cette difficile séquence de communication, François Bayrou continue ses consultations pour former son gouvernement. Et une course contre la montre est lancée. Le gouvernement verra-t-il le jour avant Noël ? Ce qui laisse très peu de temps à François Bayrou pour former son casting. Si ce n’est pas le cas, l’annonce sera reportée au début de l’année prochaine. Un retard qui ne laissera pas une bonne impression alors que la France vit un vide politique et affronte de nombreux défis internes et externes.
Dans la bourse des pronostics pour les futurs ministres, il existe de nombreuses incertitudes. Il y a la liste des ministres assurés de rester, comme l’actuel ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, celui de la Défense, ministre des Armées, Sébastien Lecornu, un proche d’Emmanuel Macron, si proche qu’il avait pensé le nommer au poste de Premier ministre avant que François Bayrou ne lui force la main. Une autre ministre est assurée de rester au moins à son poste, sinon dans le casting gouvernemental : c’est Rachida Dati.
Elle a réussi l’exploit d’entretenir d’excellents rapports avec le président Emmanuel Macron, qui l’avait débauchée de chez les Républicains, avec l’ancien président Nicolas Sarkozy, à qui on prête encore une certaine influence sur une grande partie des Républicains. Rachida Dati entretient aussi de très bonnes relations avec François Bayrou. Même lors de la traversée du désert de ce dernier, Dati n’avait jamais tari d’éloges sur sa personnalité et ses capacités d’homme d’État amené un jour à jouer les premiers rôles. Entre Bayrou et Dati, il y a une certaine alchimie qui fonctionne.
Pour les noms qui risquent de rentrer au gouvernement, les rumeurs s’affolent. Il est question du retour de Gérald Darmanin au gouvernement, au poste de ministre des Affaires étrangères à la place de Jean-Noël Barrot. Les noms de deux anciens socialistes circulent sérieusement : celui de Pierre Moscovici et de François Rebsamen. François Bayrou cherche à séduire la gauche en enrôlant des personnalités appartenant à sa galaxie. Aussi bien la France Insoumise que le Parti Socialiste ont jusqu’à présent refusé de participer à son gouvernement.
Mais il y a un autre nom qui circule et qui pourrait faire débat et polémique. C’est celui de Xavier Bertrand, ancien ministre de la Santé, président du conseil régional des Hauts-de-France. Cet homme n’est pas une personnalité républicaine comme les autres. C’est un adversaire acharné du Rassemblement National. Marine Le Pen avait fait de son entrée au gouvernement de Michel Barnier une ligne rouge, voire une déclaration de guerre. Comment donc François Bayrou, qui connaît l’aversion qu’a le Rassemblement National à l’égard de Xavier Bertrand, pourrait-il envisager de le nommer ministre dans son gouvernement, si ce n’est un pacte de non-belligérance signé avec Marine Le Pen et Jordan Bardella ?
François Bayrou espère faire de son casting gouvernemental une marque de fabrique. S’il réussit, il est garanti de durer. S’il le rate, la fonction éjectable sera actionnée avec toutes les conséquences possibles et imaginables sur l’ensemble de la gouvernance d’Emmanuel Macron.
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