Un récent rapport de signé par le site canadien Geopolitical Monitor souligne que le gazoduc Nigeria–Maroc constitue une importante opportunité stratégique pour la Mauritanie afin de renforcer son rôle sur le marché énergétique régional. Le rapport indique que Nouakchott peut tirer son épingle du jeu grâce à son adhésion à ce grand projet énergétique.
« Pour un État à cheval entre le Sahel et le Maghreb, participer au NMGP transforme une géographie marginale en influence diplomatique », a indiqué le rapport au sujet de la Mauritanie.
Le gazoduc Nigeria–Maroc (NMGP) est un instrument de levier diplomatique doté d’un plan d’ingénierie associé, rappelle Geopolitical Monitor, notant que dès le départ, en 2016, le projet devrait s’étendre sur environ 5 600 kilomètres le long de la côte ouest-africaine, traversant plus d’une douzaine d’États, afin de relier les réserves nigérianes aux marchés européens via le réseau de gazoducs du Maroc jusqu’en Espagne.
Selon cette plateforme d’analyse canadienne, la demande européenne de gaz devrait se contracter au cours des années 2030, et la mise en service du gazoduc ne devrait pas débuter avant 2040.
La même source estime que « le financement constitue le défi le plus urgent du projet, car avec des coûts dépassant 25 milliards de dollars, les investisseurs exigeront des garanties d’achats fiables, ce qui demeure difficile dans un contexte de baisse de la demande européenne liée aux trajectoires de décarbonation ».
Il ajoute que même si le projet ne voit jamais le jour, il porte en lui « un cadre de positionnement, dans lequel les pays revendiquent une option stratégique future ». Et de soutenir que « les études de faisabilité avancent lentement », mais que malgré tout « le capital politique s’accumule ».
La Mauritanie apparait selon le centre d’analyse spécialisé dans la géopolitique et les enjeux énergétiques comme l’un des grands gagnants de ce projet. « Nouakchott y gagne une marge stratégique. Le pays diversifie ses options au-delà d’un seul projet de développement conjoint. Il garde ouvertes des voies d’acheminement dépassant le seul GNL. Il s’insère entre la base de ressources du Nigeria et le rôle de porte d’entrée du Maroc vers les marchés européens », souligne la publication.
En outre, elle estime que la position de la Mauritanie dans le projet est marquée par un « déséquilibre clair entre ce qu’elle apporte et ce qu’elle peut en tirer », notant que « la Mauritanie ne paie presque rien pour participer » alors que « les bénéfices sont immédiats ». p
L’un des gains les plus notables pour Nouakchott est une plus grande autonomie stratégique au sein du partenariat GTA, une visibilité dans les politiques énergétiques maghrébines, ainsi qu’une place dans les récits d’intégration ouest-africaine.
« Pour la Mauritanie, le NMGP offre une valeur d’option à coût minimal, avec une flexibilité maximale et un levier diplomatique qui se renforce, que le gaz s’écoule vers le nord ou non », souligne la publication ajoutant que même si sa participation ne nécessite pas un investissement financier important, elle ouvre une plateforme reliant les producteurs d’Afrique de l’Ouest à la porte de la Méditerranée, tout en multipliant le poids symbolique de la Mauritanie au sein de la CEDEAO et de la région maghrébine.
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