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Dans un contexte marqué par une flambée des prix de l’huile d’olive au Maroc, atteignant des niveaux record de 120 dirhams, pour la récolte de cette année, et 100 dirhams dans certains marchés, les associations de protection des consommateurs expriment de vives inquiétudes. Selon elles, cette situation pourrait ouvrir la voie à des pratiques frauduleuses et à la constitution de monopoles, profitant de la rareté de ce produit phare et de la demande soutenue des familles marocaines pour cet ingrédient essentiel à la cuisine locale.
Bouazza Kherrati, président de la Fédération marocaine des droits du consommateur, a vivement réagi à la situation. « L’intervention des intermédiaires avant et après la récolte, visant à monopoliser le marché, provoque une hausse des prix bien au-delà de celle résultant d’une offre limitée, déjà impactée par les sécheresses successives », a-t-il précisé, saluant dans cette dynamique l’ouverture du Maroc à l’importation d’huile d’olive en provenance du Brésil, un geste stratégique dans le but de diversifier les sources d’approvisionnement.
Le militant a ajouté que les prix de l’huile d’olive brésilienne étaient « raisonnables » comparés à ceux des importations en provenance de pays voisins comme l’Espagne et l’Italie, également frappés par une pénurie de production. Selon lui, cette démarche pourrait réduire l’emprise des spéculateurs sur le marché marocain et atténuer l’impact de leurs manipulations sur les prix.
De son côté, Ali Chtour, président de l’Association marocaine pour la défense des droits des consommateurs, a souligné que la crise liée aux sécheresses n’excuse en rien l’essor des spéculateurs. Il a dénoncé les agissements de certains intermédiaires et monopolistes qui ont « enflammé » prématurément le marché dans le but de contrôler les prix de cet ingrédient vital pour de nombreuses familles marocaines.
Dans cette optique, il a appelé le gouvernement à « intensifier les contrôles et à ne laisser aucune brèche pour les fraudeurs et escrocs », exhortant les autorités à sévir contre ceux qui exploitent la vulnérabilité des consommateurs pour manipuler leur pouvoir d’achat. « Il est impératif de punir quiconque tenterait de manipuler les prix au détriment du citoyen », a-t-il insisté.
L’expert a par ailleurs mis en lumière plusieurs facteurs à l’origine de l’augmentation des prix, citant notamment la succession de sécheresses, la hausse des températures, la destruction de milliers d’hectares d’oliviers due aux effets de la crise climatique, ainsi que la propagation de maladies et la hausse des coûts des intrants tels que les engrais et les pesticides. Tous ces éléments ont contraint les producteurs à relever leurs prix afin de compenser leurs pertes et de faire face à la pression des coûts.
Face à cette situation alarmante, Chtour a également souligné l’importance d’encourager les petits et moyens agriculteurs à cultiver et à entretenir les oliviers. Il a recommandé la mise en place de mesures de soutien adaptées, telles que des formations et la fourniture d’outils modernes, dont des systèmes d’irrigation goutte-à-goutte, permettant d’optimiser la production tout en réduisant les coûts et l’effort requis.
Dans cette conjoncture difficile, Chtour a également insisté sur la nécessité de sensibiliser les citoyens à ne pas céder à la tentation de rechercher des prix plus bas. Il a mis en garde contre l’achat d’huile d’olive de provenance douteuse, vendue dans les rues, devant les mosquées ou dans les marchés informels, afin d’éviter les risques de maladies et d’intoxications. « Chacun doit être responsable de lui-même et de sa famille, grande ou petite », a-t-il conclu avec insistance.
Enfin, le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, Ahmed El Bouari, a récemment révélé que la production d’olives cette saison serait inférieure de 11 % par rapport à l’année précédente, et de 40 % par rapport à une saison normale. Il a annoncé que des mesures seraient prises pour réguler les prix du marché, notamment en matière d’exportation et d’importation, afin de faire face à cette crise sans précédent.
Lors de sa première intervention à la Chambre des représentants, Ahmed El Bouari a précisé que la production d’huile d’olive cette année devrait atteindre environ 950.000 tonnes, marquant ainsi une baisse de 11 % par rapport à l’année précédente et de 40 % par rapport à une saison normale.
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