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La révélation par la Cour des comptes du non-respect par les entreprises opérant dans le secteur des hydrocarbures des obligations en matière de stocks de réserve de produits pétroliers a ravivé le débat sur la relance de l’activité de la raffinerie Samir. Selon des experts du secteur énergétique marocain, cette infrastructure dispose de capacités de stockage pouvant atteindre environ 2 millions de tonnes de produits pétroliers.
Les constats de la Cour des comptes sont alarmants. Les contrôleurs ont relevé que les stocks de réserve de divers produits pétroliers sont restés largement insuffisants, en deçà du seuil réglementaire de 60 jours fixé par la stratégie adoptée en 2009. En 2023, les stocks de gasoil, d’essence et de gaz butane n’ont respectivement pas dépassé 32, 37 et 31 jours.
Face à cette situation, la Cour a recommandé au ministère concerné de mettre en place des mécanismes efficaces de gestion et de contrôle des stocks de réserve. L’objectif est d’atténuer les impacts des fluctuations des prix sur le marché international et leurs répercussions sur l’économie nationale.
Houcine Yamani, secrétaire général du Syndicat national du pétrole et du gaz, a rappelé l’importance cruciale de la raffinerie Samir : « La société Samir, à elle seule, offre environ 2 millions de tonnes de capacités de stockage pour les produits pétroliers ». Il a précisé que « la nature même de son fonctionnement lui permet de disposer de 70 à 80 % de cette capacité entre pétrole brut, semi-raffiné et raffiné ».
Dans une déclaration à la presse, Yamani a expliqué : « En comptant 70 à 80 % des 2 millions de tonnes de capacité de stockage de la Samir, nous perdons pour le Maroc près de 1,6 million de tonnes avec la fermeture continue de ce site national », ajoutant que « ces niveaux ne peuvent être atteints par les entreprises privées que si elles sont assurées de réaliser des bénéfices sur leurs ventes ».
En réaction aux conclusions du rapport, Yamani a souligné que « ce n’est pas la première fois que la Cour alerte sur la faiblesse des capacités de stockage des produits pétroliers ». Il a rappelé que « le rapport de la même Cour en 2017 avait déjà évoqué l’impact de la sortie de la raffinerie Samir de l’équation énergétique sur ces capacités ».
Le syndicaliste a mis l’accent sur l’urgence d’une application stricte de la loi pour contraindre les entreprises du secteur à respecter les exigences légales. « La loi prévoit des amendes pour les entreprises qui ne respectent pas les dispositions régissant les quantités minimales à maintenir dans leurs stocks de réserve », a-t-il rappelé. Yamani a précisé : « Nous avons déjà adressé des courriers au ministère concerné ainsi qu’aux ministres précédents, étant donné que ce problème persiste depuis des années, sans recevoir de clarifications suffisantes ».
Il a par ailleurs critiqué les déclarations de la ministre Benali, accusant cette dernière de « tromper l’opinion publique sur ce sujet ». Selon lui, la ministre « évoque les capacités de stockage (c’est-à-dire les infrastructures physiques permettant de stocker les produits pétroliers) pour éviter de parler de l’essentiel : le taux de remplissage de ces capacités ».
Face à ces constats, Yamani a également pointé les priorités du gouvernement, notant que « le gouvernement parle aujourd’hui de la transition de l’Autorité nationale de régulation de l’électricité vers l’Autorité nationale de régulation de l’énergie (énergies renouvelables, hydrogène et gaz naturel), sans évoquer l’énergie pétrolière qui représente environ 52 % du mix énergétique marocain ».
Il a souligné que « ces problématiques se posent depuis l’abandon de la raffinerie Samir ». En revenant sur la stratégie nationale 2009-2030, il a indiqué que « depuis son adoption, soit près de 15 ans plus tard, nous n’avons réalisé que 7 à 8 points d’indépendance énergétique. Ainsi, atteindre une indépendance complète nécessiterait deux siècles au vu de ces données ».
Pour Yamani, le non-respect des quantités minimales de stocks stratégiques est « principalement lié à l’avidité de profits et à l’exploitation des fluctuations des marchés énergétiques internationaux ».
Il a conclu en rappelant que « la philosophie derrière la réglementation visant à maintenir un seuil minimal légal de réserves repose sur le soutien accordé aux acteurs du secteur pour gérer ces stocks, fixé à 150 dirhams par tonne ».
Pour répondre à ces défis, il a proposé « la création d’une agence dédiée à l’énergie, à l’image de ce qui existe dans le secteur des télécommunications », ajoutant que « les législations régissant ce secteur datent des années 1970 et sont donc obsolètes, compte tenu des transformations structurelles qu’il a connues, notamment le passage de la tutelle de l’État à la privatisation ».
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