Les rumeurs concernant des contacts informels entre le Maroc et l’Iran se poursuivent et semblent confirmer une volonté de deux pays d’initier un dialogue. Après des rencontres début novembre à Rabat et Riyad, les pourparlers se poursuivraient à New York.

Pour rappel, début novembre, des sources proches du dossier ont fait état de la présence d’un responsable sécuritaire iranien avec ses homologues saoudiens et émiratis à Rabat. Des rencontres similaires, informelles et non officielles se seraient tenues aussi à Ryad.

L’Arabie Saoudite qui s’est réconciliée avec Téhéran récemment a joué un rôle de médiateur, accompagnée des Emirats arabes unis dans cette nouvelle réunion entre responsables sécuritaires marocains et iraniens.

Cette fois, les discussions se seraient élargies au niveau diplomatique et pas seulement sécuritaire puisque des contacts auraient été initiés entre les représentants des missions permanentes des deux pays au niveau des Nations Unies à New York.

Seulement, ces discussions restent à un niveau embryonnaire étant donné qu’aucune information officielle n’a été communiquée en ce sens et les faits sur le terrain ne semblent pas augurer d’une quelconque réconciliation entre Rabat et Téhéran qui ont rompu leurs relations diplomatiques en 2018.

Rabat avait montré des griefs contre Téhéran accusé de soutenir les séparatistes du polisario en leur envoyant des armes de fabrication iranienne à travers le Hezbollah libanais et l’ambassade iranienne en Algérie.

L’Iran qui reconnait l’autoproclamée « rasd » depuis 1980 avait nié tout lien militaire avec le groupe séparatiste, mais encore aujourd’hui, la diplomatie iranienne se fait le porte parole de la milice du polisario au niveau de l’ONU en n’hésitant pas à provoquer le Maroc.

Et pas plus tard que le 15 ­octobre dernier, soit même pas un mois avant le début des rencontres officieuses entre les représentants marocains et iraniens, l’Iran continuait de jouer la carte de l’activisme et du soutien aux factions non étatiques devant l’ONU. La représentante de la diplomatie iranienne aux Nations Unies, Zahra Ershadi, avait réitéré le soutien de son pays au polisario lors de son intervention à la 4ᵉ commission de l’ONU, en laissant entendre que le Maroc (sans le nommer) serait une « puissance occupante ».

C’est précisément cette attitude et cette posture d’ingérence dans les affaires internes de plusieurs pays arabes qui nuit à l’Iran. Cela, en plus de l’ingérence religieuse qui veut propager l’influence chiite iranienne en Afrique ainsi qu’au Moyen Orient, sa politique d’expansionnisme stratégique en Afrique du Nord qui prend la forme de soutien aux groupes et milices non étatiques menaçant la souveraineté des Etats comme l’exemple du polisario.

Le Maroc pourrait ouvrir la porte à un retour de relations assainies avec l’Iran comme a pu le faire l’Arabie saoudite, mais pour cela, plusieurs conditions devraient être remplies, et à leur tête se trouve la première question nationale, le Sahara. L’Iran devrait ainsi arrêter son soutien au polisario et montrer patte blanche concernant son activisme religieux qui ne correspond pas aux valeurs adoptées par le Maroc.

Un réconciliation avec le Maroc ouvrirait la voie à l’Iran pour un retour « apaisé » sur la scène internationale. Acteur honni et détesté de parts et d’autres pour son implication critiquée dans plusieurs dossiers d’actualité mondiale, notamment le cas de la Syrie, Téhéran cherche ces dernières années à se racheter une meilleure image notamment au Moyen Orient et auprès des pays arabes.

Le Maroc, acteur de poids sur plusieurs fronts, aussi bien occidental, arabe, africain et musulman, représente ainsi un objectif stratégique pour Téhéran, s’il arrive à trouver le moyen de répondre à ses attentes. La diplomatie iranienne a formulé son envie de retrouver de meilleures relations avec le Royaume, cependant, toute réconciliation serait conditionnée par des éléments tangibles prouvant sa bonne foi.

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