Réactions internationales
Face à ce plan, la Chine a exprimé vendredi sa « grave inquiétude » exhortant Israël à « cesser immédiatement ses actions dangereuses ».
« Gaza appartient au peuple palestinien et fait partie intégrante du territoire palestinien », a déclaré un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères dans une réponse écrite à l’AFP.
La Turquie a exhorté de son côté, la communauté internationale à « empêcher » la mise en œuvre du plan présenté par le Premier ministre israélien.
« Nous appelons la communauté internationale à assumer ses responsabilités en vue d’empêcher la mise en œuvre de cette décision, qui vise à déplacer de force les Palestiniens de leur propre terre en rendant Gaza inhabitable », écrit le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué.
Le Royauem-uni a réagi pour sa part à travers une réaction du Premier ministre britannique Keir Starmer a qualifié d »erreur » le plan annoncé par Israël, appelant le gouvernement israélien à « reconsidérer immédiatement » son plan militaire.
« La décision du gouvernement israélien d’intensifier son offensive à Gaza est une erreur et nous l’exhortons à reconsidérer sa décision immédiatement. Cette action ne contribuera en rien à mettre fin au conflit ni à obtenir la libération des otages. Elle ne fera qu’engendrer davantage de massacres », a déclaré Keir Starmer dans un communiqué.
« Ce dont nous avons besoin c’est d’un cessez-le-feu, une augmentation de l’aide humanitaire et la libération de tous les otages », a estimé Keir Starmer, qui rappelle que Londres oeuvre « avec (ses) alliés » à un « plan de long terme pour garantir la paix dans la région, dans le cadre d’une solution à deux Etats ».
« Notre message est clair: une solution diplomatique est possible, mais les deux parties doivent s’éloigner de la voie de la destruction », a insisté Keir Starmer, ajoutant que le Hamas « ne peut jouer aucun rôle » à l’avenir dans le territoire palestinien, et doit « être désarmé ».
Faillite diplomatique
Actuellement, l’armée israélienne occupe ou opère au sol dans près de 75% de la bande de Gaza, principalement depuis ses positions permanentes dans le territoire le long de la frontière. Elle bombarde partout où elle le juge nécessaire.
La décision du cabinet « signifie abandonner les otages, tout en ignorant complètement les avertissements répétés de la direction militaire et la volonté claire de la majorité du public israélien », a déploré le Forum des familles, principale organisation des proches d’otages israéliens. La diffusion la semaine dernière par le Hamas et le Jihad islamique de vidéos de propagande montrant deux d’entre eux, très affaiblis et amaigris, a suscité colère et émotion.
Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a fustigé sur X une « catastrophe qui va entraîner beaucoup d’autres catastrophes », amener « la mort des otages, celle de nombreux soldats, coûter des dizaines de milliards aux contribuables israéliens et (provoquer) une faillite diplomatique ».
« Les plans de Netanyahu (…) confirment sans l’ombre d’un doute son désir de se débarrasser des otages et de les sacrifier dans la poursuite de ses intérêts personnels et de son agenda idéologique extrémiste », a réagi jeudi le Hamas, qui retient toujours 49 otages, dont 27 sont présumés morts.
Dénonçant « un revirement flagrant du processus de négociation (…) malgré la proximité d’un accord final », le mouvement islamiste assure que « toute escalade (…) ne sera pas une promenade de santé et aura un coût élevé et douloureux » pour Israël.
La presse israélienne annonçait depuis plusieurs jours un plan visant « à conquérir l’ensemble de la bande de Gaz (…), une opération de plusieurs mois qui nécessitera une mobilisation massive de réservistes. Elle s’est fait aussi l’écho des réserves, voire de l’opposition du chef d’état-major de l’armée, qui aurait mis en garde contre un « piège » tendu par le Hamas.
Selon la radio publique Kan, une « grande majorité des ministres du cabinet de sécurité a estimé que le plan alternatif présenté par l’armée n’atteindrait pas l’objectif de vaincre le Hamas et de libérer les otages ».
Ultimatum de facto
« Le plan approuvé est structuré en plusieurs étapes, et certains ministres ont même trouvé qu’il était trop long: d’abord conquérir la ville de Gaza, dont les habitants seront évacués dans les deux prochains mois en direction des camps de réfugiés situés dans le centre de la bande de Gaza et d’autres endroits. Ensuite, les troupes encercleront la ville et opéreront à l’intérieur », détaille la radio.
Pour le quotidien Israel Hayom, ce plan « sert de facto d’ultimatum à Hamas: accepter l’accord sur la table ou laisser Israël conquérir toute la bande de Gaza ».
Des médias israéliens comme Times of Israel et Yedioth Aharonoth, indiquent que des sources militaires ont affirmé que la décision a été prise malgré l’extrême réticence du chef d’état-major de l’armée, le général Eyal Zamir, qui a averti e Premier ministre qu’à l’heure actuelle, les forces israéliennes ne sont pas capables de mener une opération d’une telle ampleur se disant « épuisés ».
« Nous sommes épuisés, nos instruments de guerre ont besoin d’entretien et nous sommes très préoccupés par la situation humanitaire des Palestiniens », a indiqué le général Zemir sur la chaîne de télévision israélienne Channel 12.
Après 22 mois d’une guerre dévastatrice, déclenchée le 7 octobre 2023 par l’attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien depuis Gaza, le petit territoire palestinien est menacé d’une « famine généralisée », selon l’ONU, et dépend totalement de l’aide humanitaire, distribuée en quantités largement insuffisantes d’après les humanitaires.
Quelque 2,4 millions de Palestiniens vivent au quotidien sous les bombes dans ce territoire qui longe la Méditerranée. Les représailles israéliennes y ont déjà fait 61.258 morts, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.
Du côté israélien, l’attaque du Hamas a entraîné la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles.
Israël avait déjà occupé Gaza en 1967 et implanté un ensemble de 21 colonies israéliennes, démantelées en 2005 avec le retrait unilatéral décidé par le Premier ministre d’alors, Ariel Sharon.