Posted by - Senbookpro KAAYXOL -
on - 9 hours ago -
Filed in - Society -
-
5 Views - 0 Comments - 0 Likes - 0 Reviews
Une étude de terrain récemment publiée dans le dernier numéro de la Revue Al-Bahith des études et recherches scientifiques révèle une rupture grandissante entre la jeunesse marocaine et les partis politiques. À l’origine de cette cassure, une discordance profonde entre les aspirations des jeunes et l’état actuel du champ partisan, marqué par une crise structurelle persistante. Résultat : un désintérêt croissant, une forme de désengagement, et surtout, une crise de confiance bien ancrée.
Signée par Abdelhaq Hajji, docteur en droit public à l’Université Hassan II de Casablanca, l’étude, intitulée « Entre recul et pari : l’avenir de l’influence partisane dans la culture politique au Maroc », s’appuie sur les réponses de 300 étudiants et étudiantes. Il en ressort un chiffre sans appel : 78 % des sondés ne considèrent pas les partis politiques comme de véritables porteurs de leurs attentes.
Deux facteurs principaux expliquent ce désamour. D’un côté, un problème d’ordre organisationnel. Selon l’étude, les partis souffrent d’un appareil vieillissant, d’un manque d’ancrage démocratique, d’un renouvellement des élites quasi inexistant, et d’un fonctionnement souvent dominé par un culte du chef ou une fidélité personnelle. Une logique qui, selon Hajji, creuse davantage le fossé entre les directions centrales des partis et leurs bases militantes, et accentue la déconnexion entre dirigeants et militants.
De l’autre côté, un facteur socio-culturel lié à l’évolution des formes d’engagement politique. Les grandes idéologies d’antan s’effacent, les lignes entre programmes politiques deviennent floues, et le discours partisan perd sa force mobilisatrice, souligne la même source. Dans ce contexte, les partis peinent à incarner une vision claire ou à mobiliser autour d’un projet structurant.
Hajji s’appuie également sur un avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE) datant de 2018, qui évoque une perte de crédibilité des partis en raison du sentiment largement répandu qu’ils manquent d’indépendance dans leurs décisions, et que leur discours ne correspond pas aux attentes des jeunes.
Un autre constat marquant de l’étude. 66 % des jeunes s’informent et forgent leur conscience politique principalement via les réseaux sociaux. Un chiffre qui illustre l’essor d’une culture politique numérique parallèle, à laquelle les partis n’ont pas su s’adapter. En négligeant ces canaux d’expression et de formation, les formations politiques ont laissé le champ libre à ces plateformes ouvertes, devenues pour beaucoup la principale source d’apprentissage politique.
Pourtant, rappelle l’étude, la Constitution de 2011 confie aux partis la mission de former et d’encadrer les citoyennes et citoyens, et de favoriser leur participation à la vie publique. Or, ce rôle reste largement théorique, davantage évoqué dans les discours que mis en œuvre sur le terrain.
En cause, un manque de vision pédagogique chez nombre de formations, une faiblesse notable dans l’encadrement local, et surtout une incapacité à instaurer une dynamique organisationnelle et éducative durable. Ce qui, selon Hajji, prive l’action partisane de toute valeur formatrice ou citoyenne.
Loin de se limiter à un déficit de communication ou de représentation, cette crise atteint aujourd’hui le cœur même du projet partisan. Pour y faire face, l’auteur appelle les responsables politiques à repenser leur manière d’interagir avec la jeunesse, en s’éloignant d’une logique strictement électorale ou ponctuelle.
Selon le chercheur, le moment est venu de redéfinir la fonction des partis à la lumière des mutations sociales et technologiques qui traversent le pays. Cela implique une réforme interne profonde, porteuse de démocratie et d’inclusion, afin de donner aux jeunes les moyens de s’impliquer activement.
Pour espérer retrouver une influence effective, les partis doivent renouer avec leurs bases à travers un véritable processus de réforme interne. Cela passe notamment par l’instauration d’une démocratie interne réelle, par l’alternance à la tête des instances dirigeantes, et par une plus grande transparence dans la désignation des candidats et l’élaboration des programmes. Car la confiance, insiste Hajji, reste le fondement essentiel de toute relation entre partis et société.
Enfin, il souligne qu’aucune relance du paysage partisan ne sera possible sans un renouvellement du discours et des mécanismes de communication. Le chercheur appelle ainsi à adopter une nouvelle forme de langage politique, plus proche des préoccupations réelles des citoyens, et capable de renforcer une culture de citoyenneté engagée.
The post Jeunesse marocaine et partis politiques : Une fracture marquée par la défiance appeared first on Hespress Français - Actualités du Maroc.
At our community we believe in the power of connections. Our platform is more than just a social networking site; it's a vibrant community where individuals from diverse backgrounds come together to share, connect, and thrive.
We are dedicated to fostering creativity, building strong communities, and raising awareness on a global scale.