Posted by - Senbookpro KAAYXOL -
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Les questions liées à la jeunesse constituent un axe stratégique permanent et un pilier structurel de la vision royale, apparaissant dans 40 % des discours prononcés par le roi Mohammed VI depuis son accession au trône. C’est ce que révèle une analyse menée par Hespress qui souligne que cette attention soutenue, dictée par cette « opportunité démographique » que traverse le Maroc, trace une feuille de route claire qui considère les jeunes comme « la véritable richesse du pays ». Pourtant, alors que le discours royal place l’emploi et l’éducation au sommet des priorités, des experts alertent sur un écart profond entre cette vision et la lenteur des politiques publiques ainsi que les obstacles structurels sur le terrain.
Dans une étude détaillée portant sur tous les discours royaux depuis 1999, Hespress constate que la jeunesse est l’un des piliers principaux de la stratégie royale. Après examen de 162 discours, 65 d’entre eux mentionnent la jeunesse, soit une proportion notable de 40 %. Cette présence constante n’est pas conjoncturelle : dès le premier discours du Trône, le roi avait lié directement la réforme du « Charte de l’éducation et de la formation » à l’objectif supérieur de « lutter contre le chômage et ses effets, ouvrir largement les portes de l’emploi à notre jeunesse émergente et l’encourager à l’effort et à l’innovation ».
Cette constance confirme que le dossier de la jeunesse ne constitue pas une simple réponse ponctuelle, mais un pilier stratégique majeur de la vision de Mohammed VI depuis son accession au trône.
La jeunesse, priorité impérieuse selon les experts
Hafid Younssi, professeur en sciences politiques, souligne que cette focalisation royale sur les jeunes est « une nécessité pressante », dictée par des données démographiques claires.
Dans une déclaration à Hespress, il explique que « le Maroc connaît ce qu’on appelle la fenêtre démographique, avec l’élargissement de la base de la pyramide des âges. Cela rend l’attention portée aux jeunes une obligation pour relever des défis urgents tels que la création d’emplois et la fourniture de services, tout en permettant de réussir une véritable transformation économique ».
Le professeur avertit que négliger ce dossier pourrait conduire à « un déséquilibre menaçant la stabilité ou à une perte de la fenêtre démographique ».
Pour sa part, Abdelaziz Karraky, chercheur en sciences politiques, affirme que les jeunes constituent « un composant structurel de la vision royale pour la gestion des affaires du pays depuis l’accession du roi au trône ».
Selon lui, le roi, en tant que chef de l’État, sait que la force démographique du Maroc réside dans sa jeunesse : il s’agit d’une catégorie ambitieuse capable de « construire deux modèles de développement complets et intégrés ».
Karraky précise que le discours royal ne se limite pas au diagnostic, mais propose une vision combinant « critique et nécessité de transformation pour répondre aux besoins des jeunes », que ce soit dans l’éducation, l’emploi ou la formation professionnelle.
Il conclut que cette attention s’inscrit dans « une vision globale visant à bâtir un modèle marocain distinct centré sur le développement humain », faisant des jeunes non seulement des bénéficiaires de politiques, mais les acteurs principaux du présent et du futur du Royaume.
Les grandes occasions tracent la carte de l’attention royale
Au-delà de cette présence quantitative notable, l’analyse du contexte des discours révèle une stratégie claire plaçant les jeunes au cœur des priorités nationales, avec une forte visibilité dans les forums institutionnels et internationaux. Selon l’analyse des données, les « grandes occasions nationales » constituent l’espace principal pour aborder les dossiers liés à la jeunesse, reflétant la dimension directive et évaluative de ces discours royaux.
Les « grandes occasions nationales » dominent avec 53,85 %, incluant les discours adressés à la nation lors d’événements symboliques, consolidant les questions de jeunesse comme un dossier souverain et stratégique lié à l’avenir et à l’identité de l’État.
Les « occasions institutionnelles et politiques » suivent avec 26,15 %, illustrant l’importance de traduire la vision royale en politiques publiques concrètes. Hafid Younssi souligne que « les autres institutions constitutionnelles doivent interagir avec ces discours selon leurs prérogatives, car ils émanent du chef de l’État ».
Les « occasions internationales et régionales » représentent 20 % des discours. Elles mettent en lumière la dimension diplomatique de la vision royale, où l’expérience marocaine est présentée comme un modèle et les questions de jeunesse, telles que la migration et l’entrepreneuriat, sont considérées comme des défis communs nécessitant une coopération internationale.
Abdelaziz Karraky insiste sur le fait que la jeunesse au Maroc « n’est pas un sujet circonstanciel ou éphémère », mais « un élément central de cette vision continue dans le temps ».
Priorités du discours royal pour la jeunesse
L’analyse des discours royaux révèle une carte claire des priorités pour les jeunes, dominée par les questions économiques et sociales, considérées comme le levier principal du développement et de la protection des jeunes. Trois thèmes interdépendants concentrent près des deux tiers de l’attention royale à savoir l’emploi et la création d’opportunités (28,70 %), la justice sociale et le développement intégré (18,26 %) ainsi que l’éducation et la formation professionnelle (16,52 %).
Viennent ensuite la participation citoyenne et la motivation, avec la participation politique et sociale à 11,30 % et la considération des jeunes comme richesse et capital humain à 9,57 %. Les sujets spécialisés, comme l’entrepreneuriat et le soutien aux projets, ainsi que la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme, représentent chacun 6,09 %, tandis que la migration et le changement climatique totalisent 3,48 %.
Jeunesse : véritable richesse et moteur du développement
Considérer les jeunes comme la véritable richesse et le pilier de l’avenir du pays constitue un axe central et constant du discours royal. Mohammed VI affirme régulièrement que les jeunes doivent être perçus comme « la richesse réelle et le moteur du développement, et non comme un obstacle à sa réalisation ».
Cette vision dépasse le cadre national et s’étend aux niveaux régional et international. Lors du sixième sommet Union africaine–Union européenne, les jeunes ont été décrits comme « notre capital humain » devant être investi, concept réaffirmé lors du sommet arabe de 2024. Le discours royal consacre ainsi une stratégie plaçant l’élément humain, et en particulier la jeunesse, « au cœur de toutes les initiatives de développement ».
Jamal Chafik, expert en éducation, souligne que cette orientation représente « une vision pour un développement durable au Maroc, où le principal facteur reste les ressources humaines ». Il note toutefois un écart entre cette vision et la réalité vécue, où les jeunes font face à « des contraintes matérielles et physiques liées à leur stabilité future ».
Chafik pointe les obstacles à cette vision : « interventions injustes, favoritisme, domination de certaines familles et privation des populations marginales et rurales d’une véritable justice sociale ». Sans financement bancaire, garanties et accompagnement concret, « le jeune Marocain reste incapable de réaliser son projet ou d’assurer sa stabilité », souligne l’expert.
Éducation et formation professionnelle : une priorité stratégique
La réforme du système éducatif et de formation occupe une place centrale dans le discours royal, présentée comme la solution stratégique au chômage des jeunes. La formation professionnelle est mise en avant comme levier essentiel de l’intégration économique. Le roi critique ouvertement le système actuel, qualifiant la sortie de cohortes de jeunes chômeurs, notamment dans certaines filières universitaires, de « gaspillage manifeste des ressources publiques et des énergies de la jeunesse ».
Le discours royal insiste sur la formation professionnelle comme voie optimale pour garantir l’avenir des jeunes, couvrant tous les secteurs, de l’artisanat et de l’agriculture aux industries de pointe, comme l’automobile, l’aéronautique et les technologies avancées.
Cependant, Jamal Chafik relève que « l’absence d’harmonisation entre la vision et sa mise en œuvre réelle au sein du système éducatif » constitue un obstacle majeur.
Emploi et intégration économique : un défi national majeur
L’emploi des jeunes et leur intégration économique figurent parmi les priorités majeures du discours royal. Le roi reconnaît la gravité de la situation, qualifiant le taux de chômage d’« un jeune sur quatre » de « non acceptable ». Des solutions pratiques sont proposées, notamment un programme de soutien aux diplômés et le financement de petites entreprises pour l’auto-emploi, ainsi que la révision des mécanismes de soutien public pour créer davantage d’opportunités, surtout en milieu rural.
Mohamed Jadri, expert économique, identifie plusieurs « paradoxes structurels » aggravant la crise : l’écart entre formation et besoins du marché, le manque de compétences dans des secteurs vitaux malgré un chômage élevé, l’ampleur du secteur informel et l’impact direct des facteurs climatiques sur le chômage des jeunes.
Atteindre l’objectif de réduire le chômage à 9 % d’ici 2030 nécessite selon lui une volonté réelle de réformes profondes, incluant la modification du code du travail, la révision des systèmes fiscaux et sociaux, et l’adaptation effective de la formation aux besoins du marché.
Fossé d’exécution : la lenteur des politiques publiques
Malgré la constance de la vision royale, le principal défi reste la traduction de ces orientations stratégiques en politiques publiques concrètes et efficaces.
Hafid Younssi observe que « malheureusement, la jeunesse en tant que sujet de politiques publiques reste limitée et sans impact ». L’absence de politique intégrée et la persistance du chômage élevé témoignent du retard de l’action publique.
Abdelaziz Karraky souligne un décalage notable entre la vision royale et l’exécution gouvernementale, attribuant cette lenteur à « la limitation des ressources financières ou à la méconnaissance de la philosophie royale par les acteurs publics et parlementaires ».
Les deux experts concluent que le Maroc manque encore aujourd’hui d’une « politique publique complète et intégrée pour la jeunesse, efficace et coordonnée », faisant de l’écart entre directives royales et application concrète le principal obstacle à la réalisation des ambitions fixées pour les jeunes du Royaume.
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