Le jour de l’Aïd ne rime pas avec vacances pour tout le monde, du moins, pour ceux dont le travail est jugé indispensable. Alors que la plupart des Marocains profitent de l’Aïd pour se retrouver en famille, partager des moments de convivialité et renforcer les liens familiaux, une catégorie de travailleurs demeure mobilisée, garantissant la continuité des services essentiels. Leur engagement tout au long de cette fête religieuse soulève la question de l’impact de ces sacrifices professionnels sur l’équilibre entre vie personnelle et professionnelle, et de la reconnaissance sociale de leurs efforts.
Les membres des forces de sécurité, tels que les policiers, les gendarmes royaux et les agents de sécurité, sont au cœur de l’effort pour maintenir l’ordre et la sécurité pendant les fêtes. Abdellah*, un agent de police, explique que, bien qu’il apprécie les rituels religieux et les moments en famille, il comprend que son devoir le pousse parfois à travailler lors de l’Aïd. « C’est une mission professionnelle« , souligne-t-il, insistant sur le fait que l’organisation de leur travail permet à chacun de passer un moment avec sa famille, sans compromettre la sécurité publique. Le soutien mutuel entre collègues permet d’assurer que tout le monde puisse profiter de cette période tout en restant fidèle à sa mission.
« Les citoyens nous témoignent leur gratitude« , ajoute-t-il, un facteur qui allège la lourdeur de la tâche. Ces gestes de reconnaissance, tels que les prières et les mots de soutien, sont des marques de respect et de solidarité qui renforcent le sentiment d’appartenance et de dévouement des policiers.
Dans le secteur de la santé, les équipes médicales sont également contraintes de poursuivre leurs activités pendant l’Aïd. Dr. Youssef Chakir, médecin dans le secteur public, décrit le travail de ses collègues comme étant « un devoir qui dépasse l’aspect personnel ». Il existe une organisation précise des gardes, permettant de maintenir l’activité dans les hôpitaux et cliniques tout en respectant les moments de repos des professionnels. Le « service obligatoire« , qui permet au personnel de rester à domicile tout en étant disponible, est une des solutions mises en place pour alléger la charge tout en garantissant la prise en charge des urgences.
L’importance de leur mission est bien comprise par les professionnels de santé, qui, malgré le manque d’ambiance festive, mettent un point d’honneur à fournir des soins dans un esprit de solidarité et de service public.
Les gendarmes royaux, notamment ceux en poste dans les zones rurales, jouent un rôle crucial lors des grandes fêtes religieuses. Comme l’explique Abdelilah*, un gendarme royal, leur mission est de garantir la sécurité sur les routes et d’éviter les comportements déviants qui peuvent surgir pendant ces périodes. L’augmentation des déplacements et des festivités accroît les risques de comportements inappropriés, comme la consommation excessive d’alcool ou des comportements perturbateurs.
« L’Aïd impose une vigilance accrue« , souligne Abdelilah, qui précise que l’organisation des patrouilles et des contrôles permet de préserver l’ordre tout en maintenant une présence rassurante pour la population.
Les journalistes, eux aussi, poursuivent leur travail pendant l’Aïd pour garantir la continuité de l’information. Malgré l’ambiance festive, ils restent mobilisés pour couvrir les événements, transmettre les informations importantes et assurer la mise à jour des actualité. En effet, les rédactions doivent maintenir un flux constant d’informations, qu’il s’agisse de reportages en direct, de couvertures d’événements spéciaux ou de gestion des urgences. Pour ces professionnels, l’Aïd représente un défi supplémentaire : jongler entre la couverture médiatique et la préservation de moments personnels en famille. Toutefois, cette responsabilité fait partie intégrante de leur engagement à informer le public, tout en veillant à ce que les citoyens restent connectés aux événements qui façonnent leur quotidien.
Le secteur de la propreté, souvent sous-estimé, se distingue également lors de l’Aïd. Abdellah Ait Mansour, un travailleur de la propreté, voit son rôle comme essentiel, surtout en période de fêtes où les rues doivent rester impeccables. « Voir les rues propres avant l’Aïd me donne une grande satisfaction« , confie-t-il, soulignant que son travail contribue à créer un environnement agréable pour les citoyens pendant la fête. Malgré la lourde tâche de maintenir la propreté dans les rues, il ne considère pas son travail comme un fardeau, mais comme une responsabilité qui contribue à la joie collective.
Les commerçants, notamment ceux travaillant dans la vente de produits alimentaires, sont également sur le front durant l’Aïd. Mohamed Akdim, propriétaire d’une épicerie, commence sa journée par la prière, puis reprend son travail pour assurer l’approvisionnement de ses clients en produits festifs. « Ce n’est pas un fardeau, c’est une occasion de partager la joie de l’Aïd avec mes clients, surtout les enfants« , dit-il. Travailler pendant les fêtes lui permet de rester connecté à la communauté, en contribuant à la satisfaction des besoins essentiels de ses clients.
Le jour béni de l’Aïd revêt pour Salaheddine, un français converti en Islam ce matin à Hay Karima, une signification toute particulière. Après un long cheminement spirituel, il a embrassé l’islam en ce jour de joie et de partage, ressentant une paix intérieure qu’il n’avait jamais connue auparavant. Ému aux larmes lors de la prière matinale à Salé, il découvre la chaleur de la communauté et la profondeur de cette foi. A Hespress FR, il s’exprime : « Ce matin, en ce jour béni de l’Aïd, j’ai vécu un moment que je ne pourrai jamais oublier. Après un long cheminement spirituel, j’ai décidé d’embrasser l’islam, et c’est avec une émotion profonde que j’ai prononcé ma shahada à Hay Karima, entouré de la communauté musulmane”.
Au-delà de l’aspect festif et des moments de réjouissance, ces travailleurs de l’ombre méritent une reconnaissance accrue pour leur dévouement pendant les jours de fête. Leurs sacrifices assurent le bon déroulement de l’Aïd et permettent aux citoyens de profiter pleinement de cette période, tout en maintenant les services essentiels opérationnels.
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