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L’interview accordée par le président algérien au journal français L’Opinion a exposé les incohérences d’un régime qui, tout en affichant une hostilité de façade envers Israël, semble ajuster discrètement sa posture en fonction de ses intérêts stratégiques. Derrière la rhétorique officielle, Alger navigue entre opportunisme diplomatique et nécessité de préserver son influence régionale dans un contexte international en mutation.
L’Algérie a longtemps cultivé une rhétorique intransigeante sur la question israélienne, se posant comme un rempart contre toute normalisation dans le monde arabe. Ce positionnement, porté par un discours officiel virulent, visait autant à affirmer un leadership régional qu’à mobiliser l’opinion publique face aux défis internes. Cependant, l’interview récente du président Tebboune a révélé des dissonances troublantes dans cette posture. Derrière les déclarations de principe, Alger semble naviguer à vue, cherchant à ménager ses intérêts face aux réalités géopolitiques changeantes. Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche et la recomposition des alliances au Moyen-Orient fragilisent un narratif désormais en décalage avec les dynamiques régionales.
La récente interview accordée par le président algérien au journal français L’Opinion a révélé, selon le professeur de sciences économiques, sociales et politiques à l’Université Mohammed V de Rabat, Dr Talal Cherkaoui, “des positions qui, non seulement ont déconcerté l’opinion publique algérienne, mais ont également mis en lumière une incohérence manifeste dans la diplomatie du régime, notamment en ce qui concerne la reconnaissance d’Israël”. Cette posture, indique Dr Cherkaoui à Hespress Fr, “expose l’hypocrisie du pouvoir algérien et son instrumentalisation cynique de la cause palestinienne à des fins de politique interne et régionale”. Depuis des décennies, poursuit l’expert en relations internationales, “l’Algérie s’est présentée comme un bastion de la lutte contre Israël et le sionisme, une rhétorique savamment entretenue par la propagande d’État pour mobiliser les masses autour d’un ennemi extérieur, détournant ainsi l’attention des crises internes : effondrement économique, répression politique, corruption généralisée, etc”.
Or, derrière cette posture bruyante, “les faits racontent une toute autre histoire. Plusieurs signaux indiquent que l’Algérie, loin d’adopter une posture de confrontation absolue avec Israël, entretient des relations indirectes avec l’État hébreu par le biais de canaux diplomatiques discrets et de négociations stratégiques impliquant des intermédiaires”.
Abdelmadjid Tebboune et son gouvernement affichent une indignation tonitruante face à la normalisation des relations entre Israël et plusieurs pays arabes, notamment le Maroc. Cependant, “cette dualité met en question la sincérité de l’engagement algérien envers la Palestine. Si l’Algérie était réellement dévouée à cette cause, pourquoi n’a-t-elle pas adopté des mesures plus décisives pour influencer directement la résolution du conflit israélo-palestinien ? En réalité, cette agitation dissimule mal l’embarras d’un pouvoir qui a perdu la bataille de l’influence régionale au profit du Maroc”, affirme le professeur de sciences économiques, sociales et politiques.
Et de poursuivre que “l’hypocrisie est telle que les services de renseignement algériens ont maintenu des contacts indirects avec Israël dans le cadre de discussions sur des questions de sécurité en Afrique du Nord et au Sahel”. Obsédée par l’idée de contrer l’influence marocaine et de préserver ses propres intérêts, “l’Algérie a dû composer avec des réalités stratégiques en contradiction avec son discours officiel”. Des informations ont également circulé sur des interactions discrètes entre des officiels algériens et des représentants israéliens via des intermédiaires européens ou arabes.
Ce virage s’explique aussi, d’après Dr Cherkaoui, “par un facteur géopolitique majeur : le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis”. La perspective d’un réchauffement des relations entre Washington et Alger “pousse Tebboune à revoir certaines postures, y compris son intransigeance apparente vis-à-vis d’Israël”. L’Algérie, cherchant à consolider ses liens avec les États-Unis pour des raisons diplomatiques et économiques, “pourrait être amenée à sacrifier certains principes affichés afin de sécuriser des gains stratégiques”. Dans ce contexte, “un discours moins radical envers Israël devient un atout pour séduire l’administration américaine et éviter un isolement total sur la scène internationale”, note l’expert. D’ailleurs, cet isolement se fait déjà sentir.
“La stratégie d’obstruction systématique d’Alger à toute dynamique régionale incluant Israël l’a mise en porte-à-faux avec plusieurs partenaires arabes, notamment les États du Golfe, qui ont depuis longtemps compris l’intérêt d’une normalisation pragmatique dans le cadre d’une solution à deux États”, souligne Dr Cherkaoui. Cette situation illustre, de l’avis du professeur, “l’incapacité de Tebboune à définir une politique étrangère cohérente et efficace”. Plutôt que d’adopter une stratégie réaliste, tenant compte des équilibres de pouvoir actuels, “son gouvernement préfère instrumentaliser les passions populaires pour masquer son impuissance et retarder l’inévitable : la nécessité d’un aggiornamento diplomatique”.
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